Foutu cancer !

Dans son livre « Foutu cancer », la présidente et fondatrice de 6DT Conseil raconte son histoire, en plus de donner des conseils pratiques aux travailleurs autonomes et propriétaires de PME qui auront peut-être à subir ce genre d’épreuves.

C’est presque par hasard que Christiane Constantineau a découvert qu’elle avait un cancer. En 2014, elle ressent essoufflement et douleur du côté gauche. Elle se rend aux urgences. S’apprêtant à partir en Europe, elle convainc le médecin de la laisser partir, avec quelques médicaments dans ses bagages. Des douleurs qui feront à nouveau leur apparition, cinq ans plus tard. Cette fois, le verdict est tombé: cancer du sein. « Comme le cancer était du côté droit, et la douleur du côté gauche, les médecins craignaient que j’aie un cancer généralisé », raconte-t-elle. Ce qui ne s’est heureusement pas avéré.

À la tête de 6 DT Conseil, experts-conseils en finance et en technologie, Christiane Constantineau a dû subir une mastectomie, en plus d’une série de traitements de chimiothérapie puis de radiothérapie, tout en conservant sa petite entreprise, alors en pleine croissance, à flot. « Bâtir une entreprise, ce n’est pas facile. Et, du jour au lendemain, tu dois commencer des traitements. Tu n’as pas le choix de continuer, parce que tu ne veux pas perdre tout ce que tu as bâti », explique celle qui a travaillé douze ans en développement international, en plus d’être passée par la Caisse de dépôt et placement du Québec et par Investissement Québec.

Une histoire que Christiane Constantineau ne sera pas la seule à vivre. En effet, on estime que 43% des Canadiens seront atteints d’un cancer au cours de leur vie. De ce nombre, plusieurs entrepreneurs ou travailleurs autonomes qui ne voudront pas – ou ne pourront pas – s’arrêter, faute d’assurances, par exemple. « Quand ça m’est arrivé, j’ai réalisé qu’il n’y avait pas vraiment d’ouvrages portant sur cet aspect des choses. J’ai donc voulu remédier à la situation », explique-t-elle.

UN DÉFI À RELEVER

L’ouvrage, destiné aux propriétaires de petites entreprises, propose plusieurs pistes de solutions et de réflexion. « Souvent l’entrepreneur est entouré de peu de personnes et ne peut pas déléguer sa tâche de président. Je donne quelques trucs, par exemple si tu as une police d’assurance maladie grave, d’utiliser une partie de cette somme pour embaucher quelqu’un pour t’aider. » Autres conseils: faire ses impôts le plus rapidement possible pour toucher le remboursement ou identifier les placements facilement convertibles en argent sans trop de conséquences fiscales.

Mais surtout, il faut déléguer, s’entourer et revoir ses priorités. Ainsi, dès le départ, Christiane Constantineau a organisé son horaire en collaboration avec l’équipe médicale, pour recevoir ses traitements le vendredi matin, histoire d’avoir trois jours pour se reposer avant de reprendre du collier le lundi. « Par contre, il faut parfois composer avec l’imprévisible. Par exemple, à la fin de ma série de traitements, je pensais recommencer à travailler 40 heures par semaine, plutôt que 28. Mais il m’a fallu un an de plus pour reprendre le même rythme qu’avant. » Elle suggère aussi d’aborder la maladie comme une expérience entrepreneuriale, en établissant un nouveau plan stratégique et un plan d’action intégré.

REVOIR SES FINANCES

« Le plus difficile, si on veut garder le même niveau de vie, c’est de refaire ses prévisions financières », ajoute-t-elle. L’auteure partage d’ailleurs son plan d’action pour gérer les finances de son entreprise et son budget. Par exemple, faut-il embaucher une ressource supplémentaire ? Faut-il augmenter le salaire d’un employé en place qui aura plus de responsabilités? Diminuer son salaire? Il est aussi possible de stopper les paiements pour des services dont on ne peut plus profiter, comme l’abonnement à un club d’entrepreneur, donne-t-elle en exemple.

On peut aussi « trouver de l’aide qui ne coûte rien, écrit-elle. Dans mon cas, ma sœur est venue m’aider autant dans mon entreprise que dans ma vie personnelle. » De la même manière, Christiane Constantineau suggère aussi de se renseigner sur les ressources disponibles, comme les Fondations, qui peuvent rembourser certains traitements qui ne sont pas couverts par la RAMQ, par exemple. « Tout est possible, mais il faut que tu en parles autour de toi, avec ton conjoint, ta famille, tes collègues. Plus tu vas le faire, plus les gens vont vouloir t’aider, essayer de trouver des solutions. »

En plus de la rédaction de son livre, Christine Constantineau prépare une conférence sur la résilience face aux épreuves. En effet, plusieurs autres situations comme le deuil ou une maladie chronique peuvent affecter sa capacité de travailler. « Je n’ai pas fait cela pour vendre des livres, mais plutôt pour montrer que, oui vous êtes capables. Et si vous ne vous en sentez pas la force, il faut aller chercher du support. »

C’est mission accomplie. Depuis 2019, son entreprise est passée d’une équipe de 3 à 5 personnes. L’entrepreneure prévoit prendre sa retraite d’ici les 5 prochaines années. En attendant, Christine Constantineau espère inspirer et aider d’autres personnes qui se retrouveront dans la même situation qu’elle.