Des détaillants abandonnent l’argent comptant

9 août 2017 | Dernière mise à jour le 9 août 2017
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Dans les 18 prochains mois, Alan Bekerman a l’intention de procéder à une expansion qui verra le nombre d’établissements de sa chaîne torontoise de restaurants iQ Food passer de cinq à onze, et aucun d’eux n’acceptera les paiements en argent comptant.

« Cela nous faisait une chose de moins à organiser, ce qui est un énorme avantage », se rappelle M. Bekerman, qui avait mis cette idée à l’épreuve dans ses deux premiers restaurants, lors de leur ouverture en février 2016. Lorsqu’il a lancé trois autres établissements plus tôt cette année, il a pris la même décision.

M. Bekerman fait partie d’une nouvelle vague de détaillants qui jugent que l’abandon des paiements en argent sonnant accélère le service et libère le personnel – lequel peut alors se concentrer sur des tâches moins ennuyantes.

UNE TENDANCE?

Certains observateurs de l’industrie estiment que ce choix devrait être de plus en plus courant, avec l’avènement des cartes de type « tapez et payez » et des portefeuilles numériques en remplacement des billets et de la monnaie. Ces nouvelles options permettent aux marchands et aux consommateurs de gagner du temps lors du règlement d’un achat.

Le cofondateur des Thés DavidsTea, David Segal, mise là-dessus pour sa nouvelle entreprise de restauration Mad Radish. Ses deux établissements, situés à Ottawa, ont une politique excluant les paiements en espèces.

« On sent que les avantages sont énormes, alors pourquoi ne pas l’essayer?», fait valoir M. Segal, qui calcule qu’un service plus rapide se traduit par une meilleure expérience pour les consommateurs.

Il ajoute qu’il est encore trop tôt pour préciser jusqu’à quel point le service sera plus rapide, mais il croit que les méthodes de type « tapez et payez » seront toujours plus efficaces que les échanges d’argent sonnant.

Selon M. Bekerman, la transition aux transactions sans espèces a libéré ses gérants de restaurants de la tâche de compter l’argent et leur a permis de se consacrer davantage à des tâches plus productives, comme la formation du personnel.

« Les gens les mieux payés dans les restaurants peuvent finalement utiliser leur temps pour faire des choses que nous jugeons plus importantes », explique-t-il.

Tant pour Mad Radish que pour iQ, l’accueil réservé aux systèmes de paiements sans espèces a été généralement positif.

QUELQUES PLAINTES

Certains pourraient s’attendre à ce que les clients les plus âgés soient plus réticents à s’ajuster à ce changement. Mais M. Segal note qu’en fait, les adolescents sont plus susceptibles d’être incommodés. Certains d’entre eux n’ont pas encore de comptes bancaires et lorsque leur seul revenu est l’argent de poche obtenu auprès de leurs parents, cela peut représenter un défi. Mad Radish tente de trouver une solution à ce problème, notamment avec des cartes cadeaux rechargeables.

M. Bekerman dit ne s’être heurté à des problèmes semblables qu’à quelques reprises. Une des plaintes provenait d’un adjoint de direction à qui son patron avait remis de l’argent comptant pour régler son dîner. D’autres clients n’utilisent que de l’argent comptant ou des Bitcoins pour protéger leur vie privée.

Mais les clients, en partie, alimentent la tendance vers les paiements numériques.

« L’argent comptant est significativement en perte de popularité en tant qu’instrument préféré pour régler un paiement », explique Angela Brown, chef de la direction de Moneris Solutions.

Au deuxième trimestre de 2017, 39,5 % des transactions étaient réglées à l’aide de méthode « tapez et payez », selon les données fournies par les entreprises de solutions de paiement par cartes de débit ou de crédit. Cela représente une hausse de 30,86 % par rapport à l’année précédente.

Moneris s’attend à ce que cette croissance atteigne 50 % d’ici la fin de l’année.

Les portefeuilles numériques sont de plus en plus courants sur les téléphones intelligents. Le service Android Pay, de Google, a été lancé au Canada à la fin mai, et Apple Pay est déjà opérationnel depuis plus d’un an.

L’an dernier, Moneris a prédit que les paiements en espèces ne représenteraient plus qu’un dixième de toutes les transactions au Canada d’ici 2030, et Mme Brown affirme que sa firme ne modifie pas sa prévision. La croissance de la popularité des cartes « tapez et payez » et des portefeuilles numériques « cannibalise absolument les transactions en espèces », assure-t-elle.

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