Femme recherche capital de risque

Par La rédaction | 2 août 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Si les hommes et les femmes financent (ou tentent de financer) leur entreprise auprès des mêmes bailleurs de fonds, leur approche et leurs relations avec ces derniers peuvent se révéler aux antipodes.

La recherche de fonds est une expérience bien différente selon le genre, précise l’experte du capital de risque Michelle Scarborough, interviewée par le journal Metro, de passage à Montréal dans le cadre du Startup Fest.

En se fiant sur son propre vécu d’entrepreneure (elle a fondé plusieurs startups dans sa carrière) et sur plusieurs études, la directrice générale, Investissements stratégiques et femmes en technologie à la BDC Capital affirme que la présence d’une femme dans l’équipe d’investissement d’un fonds de capital de risque rend ce dernier plus ouvert à l’idée de miser sur une jeune pousse menée par une femme. Or, elle est souvent la seule femme autour de la table, admet-elle. Elle rappelle que si les femmes commencent à se faire plus présentes dans le secteur du capital de risque, cela reste très récent et elles y demeurent fortement minoritaires. Elle-même n’y est entrée qu’après avoir rencontré un investisseur qui a repéré son potentiel et l’a prise sous son aile.

INSPIRER CONFIANCE

La réticence des fonds de capital de risque peut être renforcée par un certain manque de confiance affiché par les femmes lorsqu’elles présentent leurs arguments de vente (le pitch). « Elles donnent l’impression d’être beaucoup moins sûres d’elles que les hommes lorsqu’elles parlent de la valeur de leurs propositions et du rôle qu’elles jouent, déplore Michelle Scarborough. Les hommes ont, en revanche, l’air plus confiants. Elles ont peut-être complètement confiance en elles, à l’intérieur, mais ce qu’elles projettent ne le montre pas autant que chez les hommes. » Or, être beau parleur aide à attiser l’intérêt des investisseurs.

Cela dit, la directrice est loin de désespérer. Elle voit de plus en plus de femmes s’intéresser aux sciences, technologies de l’information et mathématiques et se mettre à la recherche de financement pour lancer leur propre compagnie, notamment.

Plusieurs études démontrent l’efficacité accrue des comités d’investissement ou équipes de direction à la composition plus diversifiée, ce qui joue aussi en faveur des femmes. En 2015, l’étude Diversity Matters, de McKinsey Company, montrait que les firmes qui comptent plus de femmes dans leur équipe de direction ont 15 % plus de chances d’enregistrer des performances financières supérieures à celles de leurs concurrentes. Les entreprises les moins paritaires ont 25 % moins de chance de connaître le succès à moyen terme.

Michelle Scarborough elle-même a bien l’intention de continuer d’épauler celles qui se lancent dans l’aventure de l’entrepreneuriat. Elle est notamment responsable de la gestion de l’investissement de 50 millions de dollars de la BDC dans les entreprises technologiques en démarrage dirigées par des femmes. « Je veux que les femmes connaissent du succès, soutient-t-elle. Il y a tant de femmes brillantes à travers le Canada qui ont bâti des entreprises fantastiques dont on ne parle jamais et leurs histoires sont incroyables. »

DES ÉCHOS

L’experte en capital de risque n’est pas la seule à tenir ce discours. En mars dernier, Sallie Krawcheck, chef de la direction et cofondatrice d’Ellevest, un robot-conseiller destiné aux femmes, avançait des propos semblables dans une conférence couverte par Conseiller. Devant plus de 500 membres (très majoritairement féminins) de CFA Montréal, elle livrait un vibrant témoignage sur la présence des femmes, mais aussi des minorités culturelles et des profils professionnels différents au sein des conseils d’administration, des équipes de direction et des comités d’investissement.

Elle était même allée jusqu’à soutenir que la crise de 2008 avait été en partie causée par le manque de diversité. Un troupeau de gens tout à fait semblables les uns aux autres avaient, à l’unisson, foncé dans un mur, sans même le voir arriver. Un peu plus de diversité permettrait-il d’éviter ce genre de catastrophe à l’avenir? C’est à souhaiter.

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