La hausse des salaires n’est pas la solution magique

Par La rédaction | 22 décembre 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Pour plus de la moitié des employeurs (60 %), hausser les salaires n’a pas permis d’attirer davantage de main-d’œuvre, révèle un nouveau rapport de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).

Plus de 82 % des PME affectées par la pénurie de main-d’œuvre ont déjà haussé leurs salaires, mais cette mesure n’est efficace que dans 31 % des cas. Néanmoins, les PME sont nombreuses à vouloir bonifier leur offre salariale au cours des 12 prochains mois. En moyenne, la hausse sera de 3,7 %, soit plus que la moyenne nationale de 3,1 %.

Selon la FCEI, plus de la moitié des PME canadiennes (55 %) peinent à trouver le personnel dont elles ont besoin pour mener à bien leurs projets en cours ou pour répondre à la demande. Cette proportion atteint près des deux tiers au Québec (64 %).

Seulement 16 % des PME ont tout le personnel nécessaire, mais au prix d’importantes dépenses supplémentaires.

La pandémie a exacerbé une situation de l’emploi déjà difficile en 2020. « Les secteurs contraints de rester longtemps fermés, comme l’hébergement/restauration, ont été touchés par un exode massif des travailleurs qui se sont requalifiés ou ont accepté d’autres emplois. De plus, presque tous les secteurs font face à des défis démographiques et n’ont pas assez de travailleurs pour remplacer ceux qui sont partis », signale Simon Gaudreault, vice-président de la recherche nationale à la FCEI.

Parmi les facteurs aggravants, l’inadéquation des qualifications cause bien des maux de tête aux dirigeants. Près des deux tiers (63 %) des PME touchées par les pénuries de main-d’œuvre disent avoir du mal à trouver les candidats ayant les compétences ou l’expérience nécessaires, tandis que 52 % déplorent l’absence pure et simple de candidats.

Une situation qui s’explique par le fait que les chercheurs d’emploi n’ont pas forcément le profil recherché par les entreprises. Au premier trimestre de 2021, 22 % des chômeurs avaient un niveau de scolarité égal ou supérieur au baccalauréat, alors que seulement 15 % des postes vacants exigent ce niveau d’études.

DES SOLUTIONS À LA PÉNURIE

Outre l’augmentation des salaires, les PME se tournent vers d’autres solutions, notamment l’automatisation et le recours aux travailleurs étrangers temporaires. Elles sont 33 % à avoir investi dans l’automatisation avec un taux de succès de 81 %. Moins d’entreprises (16 %) ont fait appel aux travailleurs étrangers en raison des freins que sont les critères, la complexité et les coûts du Programme des travailleurs étrangers temporaires. Parmi celles qui sont allées de l’avant, 52 % disent que cela a été un succès.

« Les propriétaires de PME sont dans une situation difficile et doivent trouver le juste équilibre entre les attentes des candidats et leur capacité à maintenir la compétitivité de leur entreprise. Face à cette situation, on voit apparaître de nombreuses solutions souples et créatives. Cela dit, il faut en faire plus pour soutenir les PME parce qu’elles font face à un défi à long terme », affirme Laure-Anna Bomal, analyste de la recherche à la FCEI et auteure du rapport.

La FCEI propose au gouvernement une série de mesures pour aider les propriétaires de PME à combler leur manque de travailleurs. Parmi celles-ci, mentionnons :

  • l’amélioration des processus d’immigration et de recours aux travailleurs étrangers temporaires,
  • la stimulation de l’automatisation des entreprises
  • et la mise en place des programmes de formation pour des groupes spécifiques, tels que les jeunes qui ne sont ni étudiants, ni employés, ni stagiaires, les minorités racisées ou les personnes handicapées.

L’organisme souhaite également que le gouvernement défiscalise les heures des travailleurs de plus de 65 ans qui souhaitent rester actifs et réduise les taxes sur la masse salariale pour les PME, notamment les cotisations à l’assurance-emploi, afin de compenser leurs coûts d’embauche et de formation. Des crédits d’impôt pour la formation feraient aussi partie de la solution.

La rédaction