Accueil Breadcrumb caret Conseiller PME Breadcrumb caret Nouvelles Pas de départ massif chez les travailleurs Bien que le marché du travail leur soit favorable. Par La Presse Canadienne | 21 février 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023 3 minutes de lecture Même si le marché du travail penche à leur avantage dans un contexte de rareté de main-d’œuvre, les travailleurs canadiens n’ont pas été nombreux à en profiter pour voir si l’herbe était plus verte ailleurs. En décembre 2021, le taux de personnes qui ont quitté un emploi pour un autre sans demander de chômage était de 0,63 %, un peu moins que la moyenne de 0,7 % d’avant la pandémie (2011 à 2019), selon le Bilan 2021 de l’emploi de l’Institut du Québec (IDQ). « Il n’y a pas beaucoup de changement dans ce taux-là depuis deux ans, sur la volonté ou pas des gens de changer d’emploi », constate Mia Homsy, présidente-directrice générale de l’IDQ. Dernièrement, plusieurs sondages évoquent un fort intérêt de la part des Canadiens à changer d’employeur. Au printemps 2021, 42 % des répondants à un sondage du Centre canadien pour la mission de l’entreprise disaient songer à changer d’emploi. En décembre 2021, 43 % des répondants à un sondage de Randstad Canada ont dit qu’ils étaient susceptibles de chercher un nouvel emploi au cours de l’année à venir. Pour le moment, les données de Statistique Canada font mentir les inquiétudes quant à une augmentation importante des démissions et du taux de roulement au sein des entreprises. « C’est vrai qu’il y a eu des enquêtes dans le cadre de l’analyse du télétravail qui sondent les gens sur leur intention de changer d’emploi où les taux [de personnes qui disent songer à changer d’emploi] sont plus élevés, répond Mia Homsy. Quand on regarde dans la réalité, les gens ne semblent pas le faire nécessairement. » La situation pourrait-elle changer? Mia Homsy l’ignore. « C’est sûr que plus le marché est serré, plus il y a des occasions et plus les gens savent qu’il y a des occasions. Ils peuvent être tentés de changer d’emploi pour améliorer leurs conditions, mais on ne l’a pas encore vu arriver. » PAS DE « GRANDE DÉMISSION » Le Québec n’a pas fait l’objet d’un mouvement massif de démissions comme aux États-Unis, mais le taux d’emploi dans certaines tranches de la population n’a pas encore rattrapé son seuil d’avant la pandémie, toujours selon le Bilan 2021 de l’emploi de l’IDQ. L’expression « Grande démission » a beaucoup circulé aux États-Unis alors que des millions de travailleurs auraient volontairement quitté leur emploi dans la foulée de la pandémie. Le même phénomène ne semble pas s’être produit au Québec. C’est ce que démontre le taux de participation au marché du travail, croit Mia Homsy, présidente-directrice générale de l’institut. « Quand on regarde le taux de participation, on voit qu’on est presque revenu au taux qui prévalait avant la pandémie. » La situation est différente aux États-Unis. En décembre 2021, le taux d’activité des 15 ans et plus y était de 61,9 %, soit toujours inférieur à la moyenne de 63,1 % de 2019. Au Québec, ce taux était de 64,3 % en 2021, comparativement à 64,9 % en 2019. Le marché du travail a démontré sa résilience en 2021. Près de 156 900 personnes sont retournées à l’emploi après le choc pandémique de 2020. Le nombre de chômeurs a également chuté de 94 900 personnes. Pour les Québécois de 25-54 ans, le taux d’activité a rattrapé son seuil d’avant la pandémie et est même supérieur à celui de l’Ontario. « Ce n’est pas juste parce que le marché du travail est vigoureux, c’est aussi parce qu’on a une population vieillissante et qu’il faut combler ces départs-là par d’autres personnes. On va aller puiser dans les chômeurs, les personnes qui n’étaient pas sûres d’être capables d’avoir un emploi qui reviennent sur le marché du travail. » Une question demeure aussi sur les travailleuses de plus de 55 ans, alors qu’elles sont 25 700 à avoir quitté le marché du travail, sans nécessairement avoir pris leur retraite. L’IDQ n’est pas en mesure d’en déterminer la cause, mais Mia Homsy estime que la situation doit être surveillée de près. “Quelqu’un qui participe au marché du travail, c’est un gain net pour la société, peu importe le nombre de postes vacants. Mais, c’est encore pire quand on sait l’ampleur des besoins” dans un contexte de rareté de main-d’œuvre.