Quand l’entraîneur vous colle à la peau

Par Bruno Geoffroy | 8 avril 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
4 minutes de lecture

Vous visez la perfection? Oubliez les coûteux entraîneurs personnels : une application de téléphone directement connectée aux vêtements intelligents de la jeune entreprise montréalaise Heddoko vous permettra d’atteindre vos objectifs sportifs. Aussi hauts soient-ils.

Capables de détecter les mouvements grâce à des capteurs insérés dans le tissu, ces habits (pantalons et t-shirts) informent en temps réel les sportifs des améliorations à apporter pour optimiser leurs postures (voir la vidéo). Par la visualisation de leurs gestes en trois dimensions, ils pourront aussi réduire leurs risques de blessures.

« L’idée de départ est née dans la tête de Mazen Elbawab, un des deux fondateurs. Il pratiquait les arts martiaux mixtes comme un loisir et travaillait à l’époque chez Ubisoft comme consultant (ingénieur développement jeu 3D pour le périphérique Kinect). Il s’est dit qu’il allait créer une application utile pour lui et les autres sportifs amateurs », explique Alexandre Fainberg, cofondateur et actuel directeur des opérations chez Heddoko.

Créée en mai 2014, l’entreprise peut compter sur une équipe de 18 personnes (équivalant à 8 temps pleins) pour finaliser un produit destiné tant aux sportifs professionnels qu’aux amateurs. « Les prototypes sont finis et validés. Nous sommes en négociation avec un fabricant pour passer en production. » Les sports visés par cet entraîneur personnel? « En premier lieu, le yoga, le golf et le conditionnement physique. »

« Notre produit connecté pourra être utilisé pour améliorer la condition physique, mais aussi pour la rééducation. Le marché est là. En Amérique du Nord, 44 millions de sportifs amateurs dépensent en moyenne 320 $ par mois en équipement ou en programme de conditionnement physique », précise M. Fainberg.

Les finances dans le viseur

Le produit sera d’abord lancé auprès d’équipes sportives professionnelles et d’athlètes de haut niveau pour bâtir la marque et sa valeur. Mais l’objectif des deux fondateurs est clair : diminuer les coûts de la technologie (coût des capteurs) et de la conception pour viser le marché des sportifs amateurs.

Une ambition lucide pour la jeune entreprise qui a bénéficié d’une bourse de la Fondation de Montréal (lauréat 2015), de deux bourses du Conseil national de recherche du Canada et d’un prêt de Futurpreneur Canada. « Nous avons aussi injecté des fonds personnels dans l’aventure, dit Alexandre Fainberg. Nos besoins en financement pour les trois à quatre prochaines années sont de l’ordre de 3,5 millions de dollars. Dans un premier temps, nous démarcherons des investisseurs potentiels afin de récolter 850 000 $. »

« Nos contraintes financières ne nous permettent pas aujourd’hui d’engager un conseiller en services financiers indépendant. Néanmoins, nous sommes bien encadrés par notre réseau montréalais, notamment la Société d’investissement jeunesse ou la Société de développement économique Ville-Marie. »

Récemment, Heddoko a trouvé sur sa route un mentor de taille, Ubisoft. Dans le cadre de la démarche Je fais Montréalauparavant connue sous le nom Je vois Montréal –, dix grandes entreprises montréalaises épaulent dix startups dans tous leurs processus de travail. « Cela nous ouvre des portes incroyables. » Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule : « Nous avons déjà beaucoup de demandes du côté du médical pour nos produits. » Pour l’instant, Heddoko garde la tête sur les épaules et regarde vers l’horizon.

3 choses à savoir à propos d’Heddoko

• Heddoko signifie entraîneur-chef en japonais.

• Contrairement à d’autres vêtements intelligents, ceux d’Heddoko ne décèlent ni ne mesurent les signes vitaux comme les battements cardiaques. Ils détectent les mouvements grâce à une technologie déployée habituellement à grands frais dans les studios d’Hollywood ou dans les laboratoires de recherche sportive. Les premiers vêtements produits passeront une panoplie de tests scientifiques dans les laboratoires de recherche du Centre Perform de l’Université Concordia. De quoi les comparer notamment aux autres technologies existantes de capture de mouvement.

• Pour suivre les projets de l’entreprise : leur site Web, leur fil Twitter ou leur page Facebook.


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Bruno Geoffroy