Stress au travail : gestionnaires, à vous de jouer!

Par La rédaction | 27 avril 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le stress fait des ravages dans les milieux de travail, de nombreuses organisations le constatent tous les jours. Pour freiner ce fléau qui plombe la productivité des travailleurs et des entreprises, la spécialiste du stress Sonia Lupien a partagé quelques pistes d’intervention pour les gestionnaires en ouverture du Rassemblement pour la santé et le mieux-être en entreprise le 6 avril, à Montréal.

Nul besoin de posséder un sens de l’observation hors de l’ordinaire pour savoir si un employé est stressé. Plusieurs signes physiques ne mentent pas : pupilles dilatées, poils qui se dressent, respiration accélérée, muscles tendus, éruptions cutanées, transpiration en l’absence d’activité physique et élocution saccadée ou haletante.

Puisque l’anxiété affecte le système immunitaire, les employés stressés sont également plus susceptibles d’avoir fréquemment des rhumes.

Les effets psychologiques du stress ne sont pas beaucoup plus difficiles à observer : manque de sommeil, colère spontanée, crise de larmes, troubles de mémoire et d’apprentissage ainsi qu’une diminution de l’attention sélective, pour ne nommer que ceux-là.

« L’attention sélective permet aux employés de discriminer ce qui est pertinent et ce qui l’est moins. La diminution de cette capacité a des effets directs sur la productivité et est une source majeure de présentéisme », a expliqué Sonia Lupien, directrice du Centre d’études sur le stress humain de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal.

À long terme, trop de l’hormone du stress au cerveau mène aux troubles anxieux ou à la dépression. « On ne peut pas gérer le stress, mais on peut le contrôler pour éviter d’en arriver là », a soutenu Mme Lupien.

ORGANIGRAMME DU STRESS

Dans les pays industrialisés, quatre raisons peuvent expliquer le stress ressenti par les individus : l’impression de contrôle faible, l’imprévisibilité, la nouveauté et la menace à l’ego.

Or, les organisations s’attaquent trop souvent aux conséquences du stress plutôt qu’à ses sources. « Les entreprises qui offrent des séances de massage envoient à leurs employés le message qu’elles sont conscientes du problème de stress, mais qu’elles n’interviennent pas pour en éliminer les sources », a illustré la spécialiste.

Mais pour s’attaquer aux sources du stress, il faut d’abord les connaître. Pour ce faire, Sonia Lupien propose une solution plutôt originale : élaborer un organigramme du stress dans l’organisation.

Un tel outil permet aux gestionnaires d’en identifier clairement les causes dans chacun des services. Ce n’est pas parce que deux équipes sont stressées qu’elles le sont pour les mêmes raisons.

Il suffit de poser les cinq questions suivantes à tous les employés de l’entreprise, dont la réponse doit être sur une échelle de 1 à 10. Il faut ensuite faire la moyenne pour chacun des services :

  • Est-ce que votre travail vous stresse?
  • Avez-vous l’impression d’avoir peu ou pas de contrôle sur votre travail?
  • Vivez-vous beaucoup d’éléments imprévus dans votre travail?
  • Vivez-vous beaucoup de nouveautés dans votre travail?
  • Y a-t-il des confits sociaux au sein de votre équipe de travail?

Alors que la première question permet de cartographier le niveau de stress général de l’entreprise de façon à allouer les ressources aux bons endroits, les quatre questions suivantes permettent de déterminer la principale source de stress pour chacune des équipes sondées.

Ainsi, si un service obtient une moyenne de 9 ou 10 à la quatrième question, cela veut probablement dire que les employés ont de la difficulté à composer avec un flot de changements trop incessant.

Lorsqu’un groupe obtient un score élevé à la cinquième question, la cause du stress des employés peut alors provenir d’une personnalité hostile au sein de l’équipe, ou encore d’un gestionnaire qui abuse de son pouvoir, a expliqué Sonia Lupien.

CONNAÎTRE SES EMPLOYÉS

Les bienfaits d’une politique de conciliation travail-famille performante ne sont plus à démontrer. Pourtant, les employeurs ont encore de la difficulté à prendre en compte la charge de travail totale de l’individu, ce qui inclut à la fois sa vie professionnelle et sa vie personnelle, a affirmé Sonia Lupien.

« C’est un problème que j’observe souvent dans les très grandes entreprises. Les employés ne peuvent pas laisser leurs problèmes à la maison, ça ne fonctionne pas comme ça. Des accommodements très simples permettent parfois de réduire radicalement le niveau de stress d’un travailleur. »

De là l’importance pour les gestionnaires de connaître personnellement leurs employés. Ils seront alors capables de mieux prédire et contrôler leur réponse au stress, selon Mme Lupien.

Car ses recherches ont révélé que certaines personnalités sont plus sensibles au stress que d’autres. Par exemple, les personnalités de type A, ambitieuses, impatientes et compétitives, entre autres, sont beaucoup plus susceptibles d’être affectées par le stress que les personnalités de type B, beaucoup plus zen.

Cela dit, le plus gros défi des gestionnaires sera peut-être de reconnaître et gérer leur propre stress. S’ils n’y parviennent pas, ils risquent fort bien de contaminer leurs employés.

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