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Tiré de formations certifiant des UFC

Choisir un fonds : la puissance du réseau d’information
Le savoir, c’est le pouvoir.

C’est lors d’une visite à Boston, vers 1995, au siège social de Fidelity, que nous avons découvert ce qu’est la puissance d’un réseau d’information bien conçu, bien construit et bien huilé.

De quoi ont besoin un gestionnaire de fonds et ses analystes pour sélectionner avec sûreté les compagnies dont ils achèteront ou vendront les actions pour les placer ou les retirer du fonds qu’ils gèrent?

Ils ont besoin d’une masse d’informations. Celles-ci proviendront de sources différentes et variées. Elles seront de qualité inégale : de vraies à fausses, d’exactes à erronées, de certaines à douteuses, de pertinentes à inutiles, de sérieuses à fantaisistes, etc.

Comment valider la qualité de cette masse d’informations et vérifier leur exactitude?

D’une part, il sera nécessaire d’évaluer l’émetteur de l’information. Est-il bon juge, compétent, honnête?

  • Une information émise par une compagnie elle-même sur ses propres affaires n’est-elle pas a priori sujette à caution par simple vantardise ou tromperie (rarement, il faut le dire)?
  • Une information vraie et exacte citée par un journaliste ne cherche-t-elle pas à provoquer d’abord l’étonnement et la curiosité du lecteur?
  • Une information provenant d’un concurrent ne sera-t-elle pas tendancieuse?
  • La validité d’une information relayée sur un réseau social est-elle contrôlée et vérifiée (si c’est possible)?

Chacun de ces émetteurs essaie généralement d’être compétent et honnête. Mais il peut arriver que l’information qu’ils relaient soit inexacte pour les raisons ci-dessus. Il importe ainsi de vérifier chaque renseignement séparément.

D’autre part, le récepteur de l’information est-il éveillé et soupçonneux quant à l’exactitude de la nouvelle qu’il reçoit? Fait-il preuve d’esprit critique? Ou bien est-il naïf et avaleur de couleuvres? Corrobore-t-il les informations qu’il reçoit? Toutes ces questions peuvent recevoir de multiples réponses vraies et fausses ou, plus souvent, entre les deux.

Entre l’émetteur et le récepteur, le XXe siècle a créé et le XXIe a développé un intermédiaire à la fois merveilleux et redoutable, voire dangereux : l’ordinateur connecté.

Merveilleux, car il répand l’information instantanément et dans toutes les directions souhaitées.

  • Redoutable, car il ne vérifie ni l’exactitude ni la valeur de l’information.
  • Dangereux, car il peut parfois propager une information, vraie ou erronée, dans des directions non souhaitées.

Toute la vérité de l’information continue de reposer inexorablement sur les épaules de l’émetteur et du récepteur de l’information, tandis que sa circulation reposera sur les concepteurs et les constructeurs des systèmes de traitement de l’information.

Le système informatique central de Fidelity nous a été expliqué en détail pour que nous soyons convaincus de son excellence, en particulier la circulation des rapports de visite des compagnies étudiées vers tous les analystes et gestionnaires qui pourraient être concernés dans leur décision d’acheter ou de vendre des titres.

Ainsi, lorsqu’un analyste de Fidelity à Tokyo rend visite à la direction commerciale de Toyota pour discuter de l’avenir d’un nouveau modèle récemment mis en marché, il rédigera un rapport qui sera distribué non seulement à Fidelity au Japon, mais aussi aux autres gestionnaires de Fidelity ailleurs dans le monde qui pourraient être intéressés par ce qui se passe soit chez Toyota, soit au Japon, soit chez un fournisseur de pièces coréen, soit par ce qui pourrait provoquer un accroissement de la demande d’un métal rare à production limitée, soit…

Attention : les concepteurs du système ne doivent pas exercer de censure, mais seulement un contrôle de la pertinence d’une information donnée. La responsabilité de chacun est engagée, y compris dans le signalement d’un renseignement erroné. Chacun doit y apporter beaucoup d’honnêteté et toute une rigueur de pensée et d’action qui exige du courage. Il suffit qu’une information inexacte (une « fake news » peut trouver sa source tout en haut de l’échelle) continue de circuler pour contaminer un système par ailleurs efficace.

Bref, Fidelity dispose d’un système performant pour faire circuler efficacement les informations pertinentes auprès des décideurs que sont les gestionnaires de fonds. Ceci les aide à obtenir d’excellents rendements dans nombre de leurs fonds, mais pas dans tous!

Bien entendu, toutes les grandes ou petites compagnies disposent de systèmes de circulation des informations. Ils possèdent des caractéristiques et une efficacité très variées et variables. Ceci est difficile à juger, mais mieux vaut une évaluation peut-être imparfaite que totalement absente.

Il nous semble que la compagnie qui possède un système efficace de gestion de l’information détient un atout important pour que ses fonds offrent une performance supérieure.


Jean Dupriez, LL.L., DAE., Pl. Fin., est planificateur financier et membre de l’Association des MBA du Québec. Auteur de deux ouvrages, Le classement des documents personnels (2002) et Savoir choisir son conseiller financier (2010), il s’exprime régulièrement sur les enjeux de la profession dans son blogue sur Conseiller.ca.