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Tiré de formations certifiant des UFC

Gestionnaire discipliné, fonds performant
Comment s’assurer de sa rigueur?

La plupart des gestionnaires de fonds affichent publiquement leur méthode de sélection des actions : les uns seront de type « valeur », d’autres seront « croissance », un troisième sera « momentum », un quatrième sera « croissance à prix raisonnable » et en fait, presque tous seront « mixtes ».

Chacun sera convaincu de la supériorité de SA méthode, mais une telle certitude personnelle est loin de nous garantir une meilleure performance.

Bien sûr, tous les gestionnaires étudient les états financiers des compagnies dont ils envisagent d’acheter les actions. Presque tous rencontreront les responsables et la direction de ces entreprises, ce qui pourra être utile pour évaluer l’avenir des produits qu’elles fabriquent et des services qu’elles vendent.

Cherchons les éléments qui pourraient faire que certains se distinguent. L’un d’eux est la discipline à laquelle un gestionnaire s’astreint et la rigueur de son travail.

Posons-nous quelques questions :

  • Le gestionnaire a-t-il choisi une méthode?
  • Comprend-t-il lui-même la méthode qu’il a choisie?
  • Applique-t-il avec discipline et constance cette méthode?
  • Dans ses conférences et ses écrits, nous explique-t-il avec clarté et simplicité sa méthode?
  • Il nous raconte ses bons choix, mais nous raconte-t-il aussi ses erreurs?
  • Sommes-nous, conseillers en services financiers, capables d’évaluer correctement sa méthode?
  • Sa méthode est-elle humaine ou simplement mathématique, basée sur quelques ratios?
  • Quels résultats a-t-elle donné dans le passé?
  • Quels résultats pouvons-nous raisonnablement en espérer dans l’avenir?
  • Le roulement des titres en portefeuille est-il raisonnable, ni trop élevé ni trop bas?
  • Le gestionnaire mélange-t-il toutes les méthodes? Rappelons-nous qu’aucun type de gestion n’est supérieur aux autres.

Nous pensons ici à deux gestionnaires avec lesquels nous avons eu le plaisir de discuter.

L’une gère des actions canadiennes et obtient de très beaux résultats, bien supérieurs à la moyenne des indices correspondants. Elle est de style valeur. L’écart-type de son fonds est un peu inférieur à la moyenne de référence. En l’écoutant, nous avons très vite acquis la conviction qu’elle avait bâti sa propre méthode de travail (rien de très original, d’ailleurs) qu’elle appliquait avec rigueur et discipline sur tout le cycle de possession d’un titre.

Elle est l’une des rares à nous avoir expliqué non seulement pourquoi et quand acheter des titres, mais aussi pourquoi et quand décider de les vendre.

Pour comprendre un gestionnaire, il est nécessaire de participer aux conférences qu’il ou elle donne plus ou moins régulièrement et, si possible, de parler avec lui ou elle. Cela prend du temps, mais cela donne des résultats.

L’autre gère un fonds d’actions américaines de petite dimension, mais distribué par une très sérieuse et très grande institution financière canadienne. Nous nous souvenons de sa première conférence à Montréal, où il nous avait expliqué en détail sa méthode.

Celle-ci est entièrement et purement mathématique. Elle est la « somme » de quatre ratios de gestion qu’il combine astucieusement. Il extrait de cette « somme » les 30 compagnies qui affichent le meilleur ratio… et les achète en quantité égale pour chacune. Il recommence l’exercice tous les six mois et reconstruit son portefeuille, dont le roulement est très élevé. Cette méthode fascinante appliquée avec discipline a donné de brillants rendements, mais aussi un écart-type très élevé.

Voilà donc un fonds intéressant… mais qui ne convient pas à tout le monde, car ses fluctuations sont fortes.

Nous devons dire que la distribution de ce fonds par une grande institution canadienne respectable nous rassurait sur le sérieux de cette firme sous-traitante et sur la sécurité de notre capital.

Le point à retenir ici est la discipline rigoureuse et constante que ces gestionnaires exigent d’eux-mêmes.

Il n’est pas facile de découvrir si un gestionnaire possède ces qualités, mais c’est d’habitude possible. Évidemment, cela exige d’y consacrer des efforts et du temps.

Nous croyons qu’assister aux conférences des gestionnaires est la meilleure façon d’évaluer la maîtrise qu’ils possèdent de leur discipline.

Nous en avons obtenu de très beaux résultats en matière de performance, mais aussi de fidélité de notre clientèle.

Réflexion : un bon conférencier n’est pas nécessairement un bon gestionnaire. C’est seulement un bon conférencier! Gardons toujours un esprit critique.


Jean Dupriez, LL.L., DAE., Pl. Fin., est planificateur financier et membre de l’Association des MBA du Québec. Auteur de deux ouvrages, Le classement des documents personnels (2002) et Savoir choisir son conseiller financier (2010), il s’exprime régulièrement sur les enjeux de la profession dans son blogue sur Conseiller.ca.