Imagez vos explications

Tiré de formations certifiant des UFC

L’assemblage d’un solide portefeuille d’investissement
Voici, étape par étape, comment vos clients devraient procéder.

Premier pas : clarifions notre situation personnelle. Sommes-nous en phase d’accumulation d’épargne pour une retraite éloignée ou bien sommes-nous en phase de décaissement, car nous sommes déjà retraités?

Précisons : en d’autres termes, sommes-nous âgés de moins de 60 ans ou bien de plus de 65 ans? Entre ces deux âges, il existe une zone grise.

Moins de 60 ans : nous sommes en phase d’accumulation d’épargne et de construction de notre retraite.

Plus de 65 ans : nous sommes en phase d’utilisation de notre épargne et de notre capital jusqu’à sa disparition… et la nôtre. Planifions soigneusement pour que notre capital ne disparaisse pas avant nous-même.

Nous risquons de vivre plus longtemps que nous n’osons l’espérer.

Pour la suite de la construction de ce portefeuille de retraite, nous poserons comme donnée de départ, à titre d’exemple, que notre âge est 45 ans. C’est un bel âge qui nous laisse encore beaucoup de temps (une vingtaine d’années) pour travailler et accumuler de l’épargne avant notre retraite.

Deuxième pas : clarifions notre objectif!

Nous disposons d’une somme à investir dans un grand choix de produits financiers. Nous pouvons la réserver pour notre retraite, ou pour l’achat d’une maison, ou pour un voyage, ou pour…  À quoi cette somme va-t-elle servir?

Définissons-le clairement. Nous pourrions utiliser 5 000 $ pour notre retraite et un autre 5 000 $ pour l’achat d’une maison; nos choix d’investissement seront différents.

Exemple de départ : nous avons 45 ans et choisissons de placer ces 5 000 $ pour notre retraite. Nous utiliserons sans doute un REER, mais nous devrons encore déterminer dans quoi l’argent sera investi.

Rappelons que le REER est une forme d’abri fiscal temporaire.
Ce n’est pas un choix d’investissement.

Fixons notre objectif. Pour notre exemple, ce sera la retraite!

Bien sûr, il y aura des précisions à ajouter en temps utile… dont notre âge actuel, l’âge de notre retraite et la durée possible de celle-ci.

Troisième pas : choisirons-nous la croissance ou le revenu?

 Chercherons-nous à voir notre portefeuille de placement augmenter en valeur sans souci de variations irrégulières et parfois brusques ou bien désirons-nous en retirer des revenus réguliers (intérêts et dividendes) avec peu ou pas de variations?

Ce choix aura sans doute un lien avec notre âge, mais pas nécessairement. Ce n’est pas parce que nous avons dépassé l’âge de 65 ou 70 ans que nous sommes automatiquement à la retraite ou inactifs professionnellement.

Peut-être bénéficions-nous d’une jolie rente de retraite et souhaitons-nous faire fructifier notre capital par des investissements audacieux qui profiteront à nos enfants? À chacun de juger et de choisir. L’important sera de nous situer nous-même sur cette échelle.

Même si nous sommes retraités et que nous commençons à « consommer » notre capital accumulé, soyons conscients que la durée de notre retraite s’allonge au même rythme que notre espérance de vie.

La durée de nos placements de retraite devrait correspondre à la durée probable de notre vie individuelle et non collective.

Il faut aussi tenir compte de l’inflation, qui profite aux propriétaires d’immeubles et aux actionnaires, mais pas aux détenteurs d’obligations ni aux créanciers.

L’inflation a peu d’importance à court terme. Cependant, elle est capitale à long terme.

La répartition d’actif en période active ou à la retraite découle de deux calculs différents basés sur des données différentes : prenons-en conscience.

Quatrième pas : pour combien de temps allons-nous placer cet argent?

Dans le jargon financier, quel est notre horizon individuel de placement?

  • Si c’est pour faire un voyage l’an prochain, laissons-le à la banque dans un compte d’épargne.
  • Si c’est pour acheter une maison dans cinq ans, des obligations à court terme (qui fluctuent peu) pourraient, pour un temps limité, faire l’affaire.
  • Si c’est pour les études du fiston dans 10 ans, une répartition entre actions et obligations devrait être intéressante. Cette répartition devra être révisée, chaque année dans ce cas, en fonction de l’âge du fiston.
  • Si c’est pour notre retraite qui commencera dans 10 ou 20 ans, les actions devraient avoir la priorité.
  • Si nous sommes à la retraite, il sera bon de diviser notre capital en « tranches » de durées différentes.

Petite note : les années passeront et nos échéances raccourciront petit à petit. Il faudra donc réviser notre planification et notre portefeuille de temps à autre.

À la retraite, une révision annuelle sera utile pour planifier les décaissements, ainsi qu’une revue semestrielle pour les rééquilibrages du portefeuille, en fonction des fluctuations boursières. Avant la retraite, une révision tous les trois ou cinq ans devrait être suffisante, car il n’y a pas de décaissement annuel.

Cinquième pas : quelles sont nos connaissances et nos expériences en matière d’investissement?

Sommes-nous ignorants ou savants? Notre cerveau financier est-il vide, à moitié vide, à moitié plein, tout à fait plein? Situons-nous!

À quelle hauteur pouvons-nous nous situer dans l’échelle des connaissances et du vécu utilisée par la plupart des conseillers et des institutions financières?

Voici un exemple d’échelle fréquemment utilisée :

  • F : faible. Je n’y connais rien… et je n’ai pas envie d’y connaître quoi que ce soit.
  • M : moyen. Cela m’intéresse et je fais un effort d’étude.
  • B : bon. J’ai acquis de l’expérience grâce à la crise boursière d’octobre 2008 dont je suis sorti indemne par ma patience et ma discipline.
  • S : savant. En plus de tout ce qui précède, j’ai étudié les produits dérivés et risqués et j’ai été capable d’accepter mes pertes.

Plus nous aurons acquis de connaissances et vécu d’expériences, mieux nous vivrons dans le monde fluctuant de l’investissement, mieux nous maîtriserons nos réactions sentimentales, mieux nous évaluerons les risques, moins nous commettrons d’erreurs.

L’expérience, c’est la somme de nos propres erreurs.

Évaluons-nous donc sans orgueil ni modestie extrêmes… en toute objectivité.

Rappelons-nous que notre apprentissage durera toute notre vie… tout simplement. Le perfectionnement viendra petit à petit. Les erreurs donnent de la valeur à notre apprentissage… à condition de ne pas les oublier et de ne pas les répéter.

Ces cinq premiers pas nous conduisent à une excellente répartition d’actif calculée par notre cerveau instruit.

Répartition d’actif professionnelle calculée

Ainsi, à nous qui avons 45 ans, notre cerveau dicte de tout placer en actions, car nous avons plus de 20 ans devant nous pour absorber les fluctuations du marché boursier… et obtenir un rendement nettement supérieur à celui des obligations et autres titres de créance.

Un petit calcul… 

Supposons qu’à 45 ans, notre capital retraite ait atteint 100 000 $.

Si nous le plaçons en obligations pour les 20 ans qui nous séparent de la retraite, il devrait nous rapporter environ 3 % pour atteindre 180 000 $, avec une fluctuation faible à moyenne.

Si nous le plaçons en actions pour ces 20 mêmes années, il devrait nous rapporter près de 7 % et atteindre 387 000 $, soit 115 % de plus (oui, le double!), mais avec des fluctuations plus substantielles.

Bien sûr, selon la qualité de notre gestion, les résultats pourront être meilleurs ou moins bons. Notons que, même si la Bourse baissait de 20 % lors de la dernière année de ces 20 ans, nous aurions encore un capital de 310 000 $, soit 72 % de plus que les 180 000 $ générés par les obligations.

Et si nous refaisions ces calculs sur 30 ans? En tenant compte de l’inflation? La différence serait encore plus grande.

Notre répartition d’actif, froidement et professionnellement calculée, devrait donc être de 100 % en actions, si ce capital est exclusivement destiné à financer notre retraite… dans plus de huit ans.

Sixième pas : répartition sensible aux battements du cœur

Mais nous ne sommes pas faits que de froids calculs. C’est donc le moment de faire un retour à l’étude de la finance comportementale et à notre propre comportement parfois erratique et souvent craintif, qui nous pousse à placer trop d’argent en obligations ou en certificats de placement garanti, ce qui épuisera notre capital plus rapidement. Cherchons l’équilibre efficace entre nos besoins de rendement et ceux de stabilité!


Jean Dupriez, LL.L., DAE., Pl. Fin., est planificateur financier et membre de l’Association des MBA du Québec. Auteur de deux ouvrages, Le classement des documents personnels (2002) et Savoir choisir son conseiller financier (2010), il s’exprime régulièrement sur les enjeux de la profession dans son blogue sur Conseiller.ca.