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Tiré de formations certifiant des UFC

Répartition d’actifs : entre raison et émotion
Comment harmoniser nos choix logiques à notre sensibilité?

Une fois que la structure de notre portefeuille et notre répartition d’actif « logique » sont bâtis, ou presque, il nous reste à les ajuster à notre rythme cardiaque. Jetons un coup d’œil aux images 08a et 08b ci-dessous.

Prenons un projet de répartition 80/20, soit 80 % en actions et 20 % en obligations.

Après avoir pris conscience de nos forces et nos faiblesses émotionnelles, et en nous rappelant notre horizon de placement, posons-nous la question : sommes-nous capables de résister à une chute boursière importante : -10 %, -15 %, ou plus encore… -30 %? Pourrons-nous respirer par le nez si octobre 2008 se reproduit?

Peut-être avons-nous eu la chance de vivre octobre 2008… et le redressement qui a suivi?

  • Si nous ne nous sentons pas la force émotionnelle d’accepter les soubresauts d’un octobre 2008;
  • Si nous ne nous sentons pas la force émotionnelle de contrôler notre propre panique;

Alors, déplaçons notre répartition d’un cran (ou deux, ou trois!) vers le bas, à 75/25, 70/30 ou… 60/40. Les fluctuations à court terme diminueront… et le rendement à long terme aussi!

Si nous croyons plutôt être capable de résister à un tel assaut, et si nous avons déjà eu la belle expérience, mentalement enrichissante, d’une forte correction boursière, déplaçons notre répartition d’un cran vers le haut : pourquoi pas 100 % en actions, si notre horizon de placement le justifie et si nous poursuivons notre formation financière personnelle pour maîtriser notre enrichissement avec un degré de risque objectivement bien contrôlé et subjectivement justifié?

N’oublions pas que les fluctuations sont inhérentes aux systèmes économiques et boursiers et qu’il y aura toujours, par définition, une tendance au retour à la moyenne. Nous écrivons « tendance », car l’incertitude demeure. Plus la durée de notre investissement est longue, plus nous pourrons avoir de certitudes. Mais le court terme, comme l’a montré la volatilité d’octobre 2018, peut avoir l’air un peu fou! Peu nous importe ce semblant de folie si c’est dans 20 ans seulement que nous aurons besoin de notre argent.

Ajustons donc notre partie actions de 80 % d’un « cran », soit ±10 %. Cela donnera 70 % pour l’investisseur plus sensible et moins expérimenté ou, à l’inverse, 90 % pour celui qui est moins sensible et plus expérimenté, à condition que cela corresponde à son horizon de placement.

Examinons le tableau ci-dessous afin d’évaluer les fluctuations.

Pour nous situer, d’une manière simple, sur cette échelle :

  • À un écart-type de moins de 6,0 (faible), nous obtiendrons des placements équivalents à un compte bancaire. Nous pourrions dire qu’il n’y a presqu’aucun risque de fluctuation et, donc, aucun rendement. Notre argent dort… mais reste immédiatement disponible à chaque instant, sauf dans les certificats de placement garanti.
  • De 6 à 11, nous trouverons essentiellement des obligations et aussi quelques actions; c’est ce qu’on appelle souvent un portefeuille équilibré. Le rendement, bien entendu, sera faible et la fluctuation, moyenne à faible.
  • De 11 à 16, nous posséderons essentiellement des actions de grandes et moyennes compagnies dans les pays qu’on dit développés (en gros, Amérique du Nord, Europe et Australie). Le rendement devient intéressant et on observe des fluctuations habituellement moyennes.
  • De 16 à 20, nous aurons choisi surtout des actions de PME (petites et moyennes entreprises) ou « sectorielles », par exemple : services financiers, soins de santé, ressources naturelles… La fluctuation, la volatilité et le risque seront qualifiés de moyens à élevés. Le rendement pourrait être supérieur à long terme. Les pertes aussi… Mais rien n’est certain! Il faut mériter son rendement en étant patient.
  • Au-delà d’un écart type de 20, nous pénétrons les marchés émergents, les métaux précieux, le capital de risque des fonds de travailleurs (le Fonds de solidarité FTQ, par exemple). Ici, la fluctuation peut devenir un risque.

Un sixième groupe, encore plus volatil et fluctuant, comprendra les stratégies dites non traditionnelles (produits dérivés), les leviers financiers (emprunter pour investir), les marchandises, etc. Évidemment, nous nous trouvons en vraie zone de risque.

Comme nous le voyons, il existe des outils pour connaître, comprendre et contrôler le niveau de fluctuation ou de risque que nous sommes disposés à prendre, tout en restant investis en actions. À nous de savoir les utiliser ou, à tout le moins, de savoir qu’ils existent!


Jean Dupriez, LL.L., DAE., Pl. Fin., est planificateur financier et membre de l’Association des MBA du Québec. Auteur de deux ouvrages, Le classement des documents personnels (2002) et Savoir choisir son conseiller financier (2010), il s’exprime régulièrement sur les enjeux de la profession dans son blogue sur Conseiller.ca.