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Tiré de formations certifiant des UFC

Résultats d’un fonds : quand l’harmonie règne, tout baigne
Le climat de travail dans l’équipe du gestionnaire a son importance.

Pour qu’un fonds offre de bonnes performances, il faut évidemment qu’il soit constitué de titres d’entreprises de qualité. Mais l’aspect humain n’est pas non plus à négliger. L’harmonie qui règne dans l’équipe de direction du gestionnaire a notamment une influence sur les résultats du portefeuille.

Ceci inclut :

  • Le climat de travail
  • La stabilité dans l’équipe de direction
  • Une approche sécuritaire quant aux nouvelles entreprises de gestion

Harmonie et climat de travail

Plusieurs compagnies de fonds ont été fondées par un petit nombre d’associés actionnaires. Quelques-unes ont connu un succès flamboyant, les associés se sont prodigieusement enrichis (félicitations!). Puis le temps s’est écoulé inexorablement, les associés ont pris de l’âge et ont désiré ralentir le rythme, voire prendre une retraite pleine et entière pour se consacrer au golf et à la gastronomie.

Les dirigeants de la compagnie ont été remplacés par d’autres, très compétents aussi. Mais les visions de chacun de ces dirigeants ont commencé à diverger. La belle collaboration qui avait fait le succès de la compagnie a disparu petit à petit, puis complètement. Les politiques et les directives ont commencé à se contredire. Bref, tout accroche…

Devant cette situation, les gestionnaires compétents ont quitté la compagnie pour en créer une autre. La médiocrité s’est installée à cause de cette instabilité et le rendement des fonds gérés a baissé. Les clients ont senti la bisbille et ont commencé à quitter le navire.

Ces évènements sont survenus trois fois au moins durant notre carrière de conseiller depuis une trentaine d’années, soit pour cause de disputes entre les dirigeants, soit pour incapacité à atteindre une taille critique permettant la rentabilité de l’entreprise elle-même.

Cette question d’harmonie dans la direction d’une compagnie de gestion de fonds trouvera rarement une réponse claire et précise. Souvent, c’est par nos conversations avec leurs représentants que l’on pourra déceler l’existence d’un problème. Parfois, ce sera la démission, volontaire ou suggérée, d’une ou deux personnes-clés qu’une fumée sera décelée avant que le feu n’enflamme tout.

C’est notamment arrivé dans une grande compagnie de fonds basée dans l’ouest américain. C’est la seule fois de notre carrière où nous avons retiré très rapidement tout l’argent de nos clients placé dans un de ses fonds. C’est la compagnie elle-même que nous avons fui pour cause de malaise à la direction générale. Les rendements baissaient, nous avions eu écho de divergences au sein de l’administration, nos appels n’étaient pas retournés… Nous avons décidé de quitter le navire.

Stabilité

Les gestionnaires restent-ils à leur poste longtemps ou voyons-nous un roulement accéléré et suspect?

Parfois, il est nécessaire de remplacer un gestionnaire. La compagnie en a-t-elle la capacité, par exemple en recrutant au sein de ses propres équipes de gestion?

Comment évaluer tout cela? Il est plutôt rare d’en trouver trace dans les documents écrits. Par contre, la participation fréquente aux réunions et conférences organisées par les compagnies de fonds, assortie de conversations privées avec leurs représentants sur place, a été plusieurs fois très instructive pour déceler les problèmes.

Sécurité

Montréal a été le siège d’une fraude trop célèbre il y a plus d’une dizaine d’années. Le cas Norbourg n’a pas affecté nos clients (dont l’âge moyen était proche de la soixantaine), car nous nous nous étions fixés une règle de sécurité : l’entreprise de gestion devait avoir 10 années d’existence au moins pour investir par son intermédiaire.

Notre attitude n’apparaît pas très encourageante pour les jeunes gestionnaires de start-ups, mais c’est ainsi! Étant donné l’âge de nos clients, nous estimions devoir être particulièrement exigeants sur la question de la sécurité.

Nous sommes partisans d’encourager les nouvelles compagnies, mais il y a là un risque à évaluer soigneusement. Si nos clients sont dans la trentaine, ils seront sans doute à même de prendre ce risque, à condition bien entendu d’en être bien informés. En cas de pépin, ils auront assez de temps avant la retraite pour récupérer leur argent. Par contre, si nos clients sont dans la soixantaine, prendre ce risque pourrait être imprudent.


Jean Dupriez, LL.L., DAE., Pl. Fin., est planificateur financier et membre de l’Association des MBA du Québec. Auteur de deux ouvrages, Le classement des documents personnels (2002) et Savoir choisir son conseiller financier (2010), il s’exprime régulièrement sur les enjeux de la profession dans son blogue sur Conseiller.ca.