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Tiré de formations certifiant des UFC

Investir ou spéculer : quelle différence?

Elle est capitale!

« L’investisseur, contrairement au spéculateur, n’a pas à se faire beaucoup de souci envers le court terme.  »

– John Train

Investir ou spéculer… Quelques-uns connaissent la différence entre ces mots. Beaucoup n’en font pas.

Pire, plusieurs de ceux qui savent la signification réelle de ces mots ne prennent pas la peine de l’utiliser lorsqu’ils choisissent un investissement. Confusion, insouciance ou paresse? Les trois, sans doute!

Avant de définir ces mots, donnons quelques exemples…

INVESTIR : nous plaçons notre argent dans une entreprise qui fabrique un bien ou un service tangible, comme Bombardier, qui usine des motoneiges, des trains, des locomotives, des avions, etc. Bombardier, ce sont des industries où des ouvriers travaillent de leurs mains à fabriquer des objets réels : le train qui me permet de me rendre à mon travail chaque matin et d’en revenir le soir. C’est du concret.

Le cas de Bombardier pourrait être un peu limite, car il y a parfois des avions qui ne décollent pas! Mais ses motoneiges, ses trains, ses locomotives continuent de circuler.

SPÉCULER : nous plaçons notre argent dans une entreprise de recherche médicale ou autre compagnie de haute technologie, qui va faireune découverte majeure dans le traitement d’une maladie à la mode ou l’invention d’un nouveau téléphone hyper-intelligent. Si elle réussit, la valeur de notre placement sera multipliée par 10, 20 ou 100. Si elle rate son coup, nous perdrons notre mise (comme à Loto-Québec) ou même notre chemise si nous avons trop spéculé.

Emprunter pour investir en Bourse, c’est accroître le risque, c’est spéculer!

Si je possède 50 000 $ et que j’emprunte à la banque un autre 50 000 $, je peux investir 100 000 $ qui vont, je l’espère et j’en suis certain, me rapporter deux fois plus. Je fais cela parce que les bourses ont beaucoup monté et je suis certain qu’elles vont continuer à le faire. Mais j’ai oublié un petit détail : j’ignore l’histoire financière et boursière. Mon ignorance et mon manque de maîtrise de moi m’ont fait paniquer. J’ai tout liquidé, tout vendu et tout perdu. Vous devinez le reste…

Nortel : histoire encore fraîche pour beaucoup d’entre nous puisqu’elle se passe en 1999. Sur moins d’une année, la valeur des actions Nortel s’est multipliée par dix… avant de se diviser par 100! Perte finale : 90 % de la mise initiale.

Définissons maintenant ces mots et comparons leurs significations.

Investir est l’action d’acquérir un titre de propriété donnant droit à une fraction du capital d’une entreprise qui produira des biens ou des services pour la collectivité. C’est faire fructifier son argent à long terme. Pour certains, cela pourra aussi signifier participer à la création d’une richesse nouvelle pour tous.

Le titre de propriété ainsi acquis s’appelle une « action ».

Un investissement est fait, bien sûr, dans l’espoir d’en retirer un profit, mais avec un degré de risque, contrôlé et limité dans la mesure du possible. L’investissement peut être géré soi-même (par exemple, nous ouvrons un magasin de chaussures) ou délégué à un tiers (par exemple, nous achetons des actions d’une grande banque).

Spéculer, c’est participer à une opération financière ou commerciale qui consiste à profiter des fluctuations du marché en anticipant l’évolution des prix d’une valeur ou d’une marchandise pour réaliser une plus-value. C’est faire travailler son argent à court terme.

Le spéculateur ne s’intéresse pas (ou peu) au caractère industriel du placement de son argent. Il ne cherche pas à participer à la création d’un bien tangible, mais uniquement à faire croître très rapidement la valeur de son placement.

Différence : la spéculation implique généralement une prise de risque substantiel, pas toujours calculée ni calculable, pour obtenir un gain élevé. La spéculation se rapproche du jeu de hasard et du pari. C’est l’opposé de l’investissement.

L’argent (billets ou comptes bancaires) n’est pas un investissement, mais seulement un moyen d’effectuer un paiement ou de « stationner » notre épargne et notre richesse. À ce double titre, le rôle de l’argent est important… à court terme.

W.B. ou G.S.? À qui réfèrent donc ces initiales? Sans doute aurez-vous identifié à gauche Warren Buffett, un « grand investisseur ». Celui de droite est moins connu, mais pourtant célèbre dans le monde des spéculateurs professionnels : il s’agit de Georges Soros, un spécialiste de la spéculation de haut niveau.

Investir ou spéculer est une attitude à définir et à comprendre, tant pour le conseiller que pour le client. Il est essentiel de prendre conscience de cette différence pour être capable d’en assumer les risques.

1 % ou 1 ‰?

Combien de spéculateurs réussissent à s’enrichir réellement : 1 % ou 1 ‰? Ce nombre est difficile à préciser, car si nous entendons parler des quelques rares qui ont réussi, nous n’entendons jamais parler des hordes qui échouent et préfèrent aller se cacher en ne parlant jamais de leurs essais ratés et peut-être de leur ruine, voire de leur divorce.

Il n’y a pas de recette miracle, ni de recette tout court pour réussir en spéculation.

Dans ce domaine, 99 % ou même 999 ‰ est une question de chance et de hasard. Si nous décidons de spéculer, souhaitons-nous BONNE CHANCE, comme à la loterie nationale ! Ayons l’honnêteté de faire la différence.

En fonction de nos goûts, de notre situation familiale et de notre âge, que pouvons-nous nous permettre? Investir ou spéculer? Choisissons! C’est notre liberté,

mais ayons conscience de notre choix, de ses risques et de ses conséquences possibles.

« Un placement, c’est une opération conclue après qu’une analyse approfondie ait démontré que le capital était en sécurité et qu’un rendement adéquat était prévisible. Sinon, c’est de la spéculation.  »

– Benjamin Graham

Jean Dupriez, LL.L., DAE., Pl. Fin., est planificateur financier et membre de l’Association des MBA du Québec. Auteur de deux ouvrages, Le classement des documents personnels (2002) et Savoir choisir son conseiller financier (2010), il s’exprime régulièrement sur les enjeux de la profession dans son blogue sur Conseiller.ca.