Des « pas dans la bonne direction » pour l’immobilier canadien

Par Nicolas Ritoux | 14 mai 2024 | Dernière mise à jour le 13 mai 2024
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Jeune femme heureuse déménageant dans une nouvelle maison - s'amusant
baranq / AdobeStock

Plusieurs mesures gouvernementales devraient apaiser le marché locatif, croit Benjamin Tal, économiste en chef adjoint à Marchés mondiaux CIBC.

Un des premiers points qui faciliterait cet apaisement serait une réduction du taux directeur de la Banque du Canada qui pourrait potentiellement se concrétiser dès le mois prochain. 

« Si la Banque du Canada était guidée par l’intelligence artificielle, elle aurait cessé de monter ses taux il y a 50 points de base. Elle me semble déjà au-dessus de la cible. Habituellement, elle a 75 à 100 points d’écart avec la Réserve fédérale américaine (Fed), mais actuellement, on n’en compte que 25. Si l’on considère que la Fed pourrait commencer à baisser pendant l’été, la Banque du Canada peut certainement le faire dès le mois de juin », soutient Benjamin Tal.

Il entrevoit même trois réductions pour 2024, pour passer de 5 % à 3 %, ce qui resterait plus élevé qu’avant la crise, mais significativement plus bas qu’aujourd’hui. Et selon lui, le marché immobilier canadien partage d’ores et déjà cette prédiction.

« Le segment des propriétés détachées commence à se réveiller, surtout au-dessus de la barre des trois à quatre millions. Le segment des condos est en revanche beaucoup plus faible, car il y a très peu de préventes. Les promoteurs ne peuvent justifier de nouveaux chantiers pour le moment. Ceux que l’on voit maintenant sont le fruit d’engagements précédents, mais il n’y en a pas de nouveaux », constate-t-il.

« D’ici trois à quatre ans, la demande sera toujours là, mais l’offre ne le sera plus. Nul besoin d’être économiste pour prédire une hausse des prix. Peut-être que c’est un bon moment pour investir si l’on a un horizon de dix ans », avance Benjamin Tal.

L’expert souligne plusieurs initiatives des gouvernements pour apaiser le marché immobilier, dont la décision du fédéral de réduire le nombre d’immigrants temporaires, qui devrait passer de 6,5 % à 5 % de la population, ralentissant ainsi la croissance démographique du Canada de 3 % à 1 %.

« C’est un pas dans la bonne direction, car l’arrivée massive d’immigrants a mis beaucoup de pression sur le marché. Faute de s’attaquer au problème, on risque d’assister à une intensification de la grogne civile et du ressentiment envers les immigrants. Il s’agit réellement d’une situation d’urgence », prévient-il.

Une autre initiative positive du fédéral a été d’encourager l’offre de logements à louer avec le remboursement de la TPS/TVH pour immeubles d’habitation locatifs neufs. 

« C’est un autre pas dans la bonne direction, mais il faut faire davantage, et nous le disons régulièrement au gouvernement lors de nos rencontres. Nous croyons qu’il faut retirer l’impôt prélevé sur les gains en capital lors de la vente de propriétés destinées à la location résidentielle. Cela permettra aux promoteurs de réinvestir davantage dans d’autres projets. C’est le système actuellement en place aux États-Unis », souligne Benjamin Tal.

L’économiste s’attarde finalement sur quelques risques qui pourraient contredire ses prédictions.

« Si jamais l’inflation demeure têtue, les banques centrales n’auront d’autre choix que de maintenir des taux élevés, et cela pourrait conduire à une récession, et par conséquent à une correction substantielle de l’immobilier. Ce n’est pas notre principal scénario, mais il existe néanmoins. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

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Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.