AMF : Mario Albert à l’intérim

Par Dominique Lamy | 16 décembre 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le surintendant responsable de l’assistance à la clientèle, de l’indemnisation et de la distribution de l’AMF, Mario Albert, assurera l’intérim à la tête de l’Autorité des marchés financiers (AMF), a confirmé à Conseiller.ca une porte-parole de l’organisme. M. Albert occupera le poste de président et chef de la direction jusqu’à la nomination du successeur de Jean St-Gelais.

Québec a annoncé mercredi que Jean St-Gelais, qui était PDG de l’AMF depuis sept ans, entrera en fonction le 17 janvier prochain en tant que sous-ministre du Revenu, prélude à la direction de la nouvelle Agence du revenu du Québec, dont la mise en place est prévue en avril 2011.

L’AMF ne fera aucun commentaire sur cette nouvelle, nous a-t-on précisé. Conseiller.ca souhaite interviewer M. St-Gelais à ce sujet et a soumis une demande d’entrevue à l’AMF. Nous vous tiendrons au courant.

Réaction de la Chambre « M. St-Gelais a fait un travail colossal à titre de PDG de l’AMF, a déclaré Luc Labelle, président et chef de la direction de la Chambre de la sécurité financière. Il a intégré plusieurs organisations et, par le fait même, a intégré la multidisciplinarité au sein d’un même régulateur. Nous lui souhaitons un très bon succès dans ses nouvelles fonctions. Nous en profitons pour offrir à M. Albert, notre entière collaboration durant l’intérim. »

« Pour le successeur à cet important poste, nous croyons qu’il doit à la fois cumuler une bonne connaissance de l’industrie et une expérience de l’encadrement réglementaire, a-t-il ajouté. Cette personne devra bien connaître le système réglementaire canadien; un enjeu crucial des prochaines années. »

Un riche parcours lié à l’industrie C’est à Ottawa, en 1982, comme agent de recherche à la Banque du Canada, que la carrière de Jean St-Gelais prend son envol. Il occupe ensuite diverses fonctions au sein des secteurs des Politiques économiques, des Politiques fiscales et des Relations fédérales-provinciales du ministère des Finances du Québec. En 2000, son poste de sous-ministre associé aux Politiques fiscales et budgétaires le propulse dès l’année suivante à la plus haute fonction de l’administration publique : secrétaire général et greffier du Conseil exécutif du gouvernement du Québec.

Depuis 2003, cet économiste de formation était président-directeur général de l’Autorité des marchés financiers et présidait les Autorités canadiennes en valeurs mobilières depuis avril 2005. Le mandat de M. St-Gelais, comme président de l’AMF, avait été renouvelé en 2008 pour cinq années supplémentaires.

La grogne du scandale Norbourg Sous la direction de Jean St-Gelais, l’AMF a remplacé la Commission des valeurs mobilières du Québec en intégrant aussi plusieurs autres organismes provinciaux à vocation financière, tout en assurant la gestion de plusieurs dossiers complexes, nommément ceux de Mount-Real et Triglobal, dans lesquels des investisseurs ont perdi des millions de dollars.

C’est également sous son règne qu’a éclaté le scandale Norbourg, dont la gestion subséquente du dossier par l’AMF est loin d’avoir fait l’unanimité auprès des conseillers financiers et de plusieurs observateurs.

Dans son éditorial d’octobre 2009, Yves Bonneau, rédacteur en chef du magazine Conseiller, souligne par exemple que « la première erreur de Jean St-Gelais est de dire que le scandale Norbourg résulte de la faute des autres. On comprend qu’il ne veut porter aucune responsabilité dans un dossier devant la cour, au risque d’avoir à régler une partie de l’addition, mais de là à identifier sommairement des coupables, il y a un pas qu’il aurait fallu ne pas franchir. »

Rappelons que Jean St-Gelais défendait bec et ongles l’absence d’action de l’AMF dans cette triste histoire, par l’entremise d’une lettre publiée dans Le Soleil et La Presse du 5 octobre 2009.

AMF: des défis pour le successeur Plus récemment, dans une allocution prononcée de novembre dernier, lors du Rendez-vous annuel de l’Autorité des marchés financiers, Jean St-Gelais y allait de plusieurs constats relativement au rôle de l’organisme de règlementation. Notamment, la nécessité de « réaliser l’importance de plus en plus grande de travailler de concert et directement avec l’industrie financière pour élaborer des solutions pragmatiques », sachant que les investisseurs s’attendent à être conseillés, servis et protégés de façon plus efficace. Au niveau de la répression des crimes économiques, « nos activités d’inspections, d’enquêtes et de poursuites se voient accordés les ressources humaines, matérielles et technologiques nécessaires pour être les plus efficaces possibles », concluait-il.

Au moment même où le gouvernement fédéral poursuit son initiative de création d’une commission unique des valeurs mobilières, Jean St-Gelais confirmait sa réticence envers ce projet qui « menace directement non seulement des emplois futurs mais aussi une expertise essentielle au développement économique du Québec ». « Nous n’avons pas besoin d’une telle commission », a martelé Jean St-Gelais devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, en avril 2010.

Au-delà de sa réputation de travailleur acharné et de sa propension à vouloir redorer la crédibilité de « son » organisme, Jean St-Gelais lègue un héritage certain à son éventuel successeur. Certaines initiatives récentes d’envergure sont d’ailleurs à souligner, dont la publication de 4 fascicules informatifs pour rejoindre plus de 400 000 familles à la maison et la diffusion en janvier 2011 d’une série de 12 émissions télévisées qui seront également disponibles sur le web.

De l’avis même de l’Autorité des marchés financiers, ces initiatives éducatives sont parmi les plus importantes depuis son existence et prouvent son engagement à outiller l’investisseur en matière de finances et d’assurances.

Dominique Lamy