Courtiser les nouveaux arrivants

17 février 2014 | Dernière mise à jour le 17 février 2014
4 minutes de lecture

<<<<< Page précédente

Le recrutement, un pas de deux

Comme le dit Mme Vizioli, il n’y a pas de postes privilégiés pour les nouveaux arrivants. Que ce soit à RBC ou ailleurs. « On choisit les meilleurs candidats en fonction de leurs compétences et de leurs expériences », précise-t-elle. Mais, au-delà des diplômes, « on recherche aussi des aptitudes pour le poste à pourvoir. Les capacités d’un individu à réagir dans une situation donnée et son potentiel sont pris en compte », souligne sa collègue Annie Laurin.

Lynn Roger, première vice-présidente et chef acquisition et gestion des talents à la BMO, en convient. Quant à la « maîtrise du français et de l’anglais, c’est une évidence. Une ou deux langues supplémentaires peuvent aider. C’est toujours un avantage pour desservir notre clientèle diversifiée », précise Dimitri Girier.

Il n’en reste pas moins que le secteur financier est très réglementé. Certains postes requièrent des permis ou des certifications pour exercer et nécessitent de connaître le marché financier canadien. Sans formation préalable, les nouveaux arrivants qui auraient une expérience pertinente à l’étranger n’y ont donc pas accès.

« Les compétences sont transférables, mais pas l’expérience », résume Fadi Francis, conseiller services aux particuliers à la Banque Laurentienne depuis mars 2012. Arrivé au Québec en 2011 depuis l’Égypte, l’homme reste positif et déterminé. Après une première expérience québécoise à Placements Manuvie, il intègre les rangs de la Banque Laurentienne. Grâce au soutien de l’entreprise et à ses compétences en développement des affaires, il décroche un titre de gestionnaire de placement agréé (CIMMD). Actuellement, il prépare son CFA (Chartered Financial Analyst) et se dit ouvert à un poste de gestionnaire.

Mais la préparation au recrutement se joue aussi du côté des institutions. Chez Desjardins, par exemple, les conseillers en acquisition de talents sont formés pour apprécier les acquis de formation et les expériences professionnelles des candidats immigrants.

Vers une intégration réussie

« On s’assure que nos gestionnaires sont capables de saisir l’importance de la diversité en milieu de travail. On parle ici d’ouverture d’esprit, d’intelligence culturelle. Comprendre la culture de l’autre est capital pour évoluer ensemble », confie Lynn Roger.

Les nouveaux employés, eux, suivent tous le même parcours d’intégration (présentation des produits, comportement au service à la clientèle, etc.) et bénéficient d’un suivi de la part du gestionnaire pendant leur période d’entrée en poste. Un suivi de durée variable selon les individus et les tâches qui leur sont confiées.

Comme le résume Christophe Berthet : « Dans mon service au Carrefour Desjardins, on parle 13 langues. Et personne n’a dû s’adapter à un employé. L’employé s’adapte à l’entreprise, qu’il soit nouvel arrivant ou québécois. »

Un avis que partage Mehdi Laghzaoui, actuel directeur gestion des risques à la division des services commerciaux de RBC Banque Royale. D’origine marocaine, il a connu une ascension vertigineuse. En 2006, il débarque à Montréal avec son MBA obtenu de l’University of Central Florida et deux ans d’expérience acquise au Maroc et aux États-Unis.

Trop qualifié et sans expérience du marché canadien, il accepte avec humilité de repartir à zéro. Après quelques mois, il entre à RBC comme conseiller en placement pour le centre d’appel de Montréal. Remarqué par ses gestionnaires pour ses performances de vente, il est promu en décembre 2008 au poste de directeur de compte commercial aux Services commerciaux.

Aujourd’hui, il est convoité par les autres institutions pour son « aisance relationnelle, son côté fonceur et sa bonne tête de crédit ». Son intégration? Une affaire d’ambition, de volonté et d’attitude positive. Et, avec un tel parcours, son employeur n’est pas près de le laisser filer.