Naviguer en Bourse : trucs pour ne pas perdre le nord

Par Bernard Viau | 1 décembre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
4 minutes de lecture

Il est de votre devoir, en tant que conseiller, de suivre les marchés boursiers, car c’est à vous que les clients font confiance. Rassurez-vous, ce n’est pas réservé aux experts. Vous pouvez le faire sans vous taper trois ans de cours en finance. Voici comment vous organiser.

OÙ TROUVER L’INFORMATION?

Prenez 30 minutes par jour pour lire les nouvelles financières. On trouve sur le Web une tonne de sites, d’articles et d’avis divergents d’experts. Restez sceptique, ne croyez pas aveuglement les spécialistes, quelle que soit leur réputation. Très peu de ces experts ont vu venir le krach de 2008[1].

Cherchez des articles sur la tendance des marchés et les décisions des banques centrales, avec des analyses en profondeur. Limitez-vous à un ou deux textes par jour.

Les sites en français sont souvent décevants, ils manquent d’analyses sur les marchés. Je préfère les sites anglophones. Je choisis mes sources pour : la diversité des points de vue, la qualité des analyses, la clarté du site et l’absence de publicité.

Je surveille les actualités canadiennes avec Morningstar. Au niveau international, mes favoris sont : CNBC, Barron’s, The Economist, Russia Today, Shanghai Daily et The Financial Express. Autant être franc, le français n’est pas vraiment la langue des marchés financiers.

Abonnez-vous à des infolettres financières. J’en reçois une dizaine chaque semaine. Mes trois préférées sont : The Morning Squawk (CNBC) pour les actualités commentées, Zacks Investment Research pour les analyses et Market Volume pour l’analyse technique. Suivre les marchés boursiers, c’est aussi étudier des graphiques de tendance et faire de l’analyse technique[2].

SURVEILLEZ CES « PHARES »

Pour me situer, j’étudie les graphiques de certains fonds négociés en Bourse (FNB, ou ETF en anglais). Je les appelle des « phares », car ils permettent de jauger la tendance générale des marchés mondiaux.

Les fonds canadiens que je surveille sont : le fonds VAB pour le marché obligataire canadien, le fonds ZDV pour les dividendes et le fonds XIU sur l’indice TSX de Toronto. Au niveau international : le fonds SPY pour l’indice Standard & Poor’s américain, le fonds FXI pour le marché chinois et l’indice VIX sur la volatilité des marchés. Vous pourrez toujours trouver un fonds équivalent dans la liste de vos fonds maison.

Par contre, lors d’un krach boursier, comme celui de 2008-2009, vous devrez avoir sous la main une liste d’urgence. Ma liste d’achats, en cas de panique, inclut les fonds suivants sur le marché canadien : XHC (un fonds spécialisé dans les entreprises pharmaceutiques), VSC (un fonds d’obligations corporatives canadiennes) et XDV pour les dividendes canadiens.

INVESTISSEZ D’ABORD VOTRE ARGENT

Avant de conseiller des clients en Bourse, vous devez en faire vous-mêmes l’expérience avec vos économies personnelles. Cela vous permettra de mieux la comprendre.

Je me rappelle ce gestionnaire d’un fonds d’investissement venu nous donner son opinion sur les marchés et parler des actions dans lesquelles son fonds investissait. Après la conférence, je lui ai demandé, en privé, dans quelles actions il investissait son argent personnel, son REER ou son CELI. Sa réponse différait considérablement de ce qu’il venait de dire en conférence. Son travail était de gérer un fonds prudent. Il ne pouvait pas investir pour le fonds avec la même liberté que pour ses propres économies ou celles de sa famille.

Il ne faut jamais être investi à 100 % dans le marché, gardez toujours une partie de l’épargne dans un fonds d’obligations à court terme. En cas de panique boursière, vous aurez de l’argent disponible pour acheter les fonds de votre liste d’urgence.

Si vous n’êtes pas sûr de vous en termes d’investissement, ne jouez pas à l’apprenti sorcier avec vos clients. Ne choisissez qu’un seul fonds correspondant à leur profil d’investisseur. Cependant, un client qui a un profil d’investisseur audacieux[3] devrait parfois changer pour un profil d’investissement plus modéré afin de s’adapter aux conditions du marché boursier.

Inversement, un investisseur prudent pourrait avoir avantage à l’être moins si les conditions du marché le justifient. Tout est une question de bon sens.

Quelques références sur les FNB et les fonds de placement


[1] Plusieurs études ont d’ailleurs démontré que les gestionnaires de fonds ont souvent des rendements moins bons que le hasard. En effet, ils ont déjà été battus à plate couture par des chimpanzés de laboratoire. Ceci n’est pas une blague. [2] Pour vous aider, le site ABC Bourse fournit d’abondantes explications sur l’analyse technique. [3] Le profil d’investisseur correspond à la tolérance au risque du client pour la conformité. Le profil d’investissement est le profil correspondant aux conditions actuelles des marchés selon les experts.

Bernard Viau