RICIFQ : « L’AMF rate encore une occasion »

15 novembre 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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C’est au tour du Regroupement indépendant des conseillers de l’industrie financière du Québec (RICIFQ) de déplorer la présence de publicités dans la série de fascicules sur les finances personnelles que l’AMF distribue depuis un mois dans 440 000 foyers québécois (voir notre article intitulé Fascicules de l’AMF : la publicité vous dérange ?), a appris en primeur Conseiller.ca.

Le RICIFQ réagit à cette nouvelle dont vous a fait part Conseiller.ca il y a quelques jours, et qui a suscité de nombreuses réactions — unanimement défavorables — chez nos lecteurs (Fascicules de l’AMF et publicité : vos réactions). L’AMF, rappelons-le, a préparé ces quatre cahiers spéciaux en collaboration avec le groupe de presse Gesca, qui les a encartés dans ses sept quotidiens. On y trouve des annonces publicitaires d’institutions financières, de cabinets et d’organismes liés à l’industrie.

« Le Regroupement est pleinement favorable à toute campagne d’information et d’éducation lancés auprès du consommateur et nous trouvons souhaitable, voire essentiel, que l’AMF joue pleinement son rôle dans cette mission », a fait savoir l’organisme par voie de communiqué. Toutefois, le RICIFQ s’empresse d’ajouter qu’en tant qu’organisme gouvernemental, l’AMF devrait s’imposer un « devoir de réserve et d’indépendance envers les institutions financières » en toute circonstance, ce qui « n’a aucunement été le cas de cette dernière campagne », y lit-on également.

Il est « incontestable », estime le RICIFQ, que la présence de publicités de grandes institutions financières risque d’influencer le grand public, de diriger les consommateurs « vers ces mêmes grandes institutions financières reconnues », et ce, au détriment des conseillers indépendants de l’industrie.

« En prenant la décision de financer ces publications par ces mêmes institutions financières, elle (NDLR: l’AMF) a aussi manqué d’objectivité et de neutralité non seulement envers les consommateurs, mais aussi envers tous les conseillers indépendants de l’industrie financière », dit le RICIFQ, qui invite les conseillers visés à se faire entendre auprès de l’AMF.

Le point de vue de l’AMF C’est un de nos lecteurs, mécontent, qui nous a mis sur cette histoire. Avant même de la sortir, le 10 novembre dernier, Conseiller.ca avait soumis le commentaire de ce pl. fin. de la région de Québec à l’AMF et sollicité le point de vue de cette dernière. Voici ce que nous avions obtenu :

« Il s’agit du premier commentaire négatif que nous recevons depuis la nouvelle mise en ligne de notre site Internet, l’ensemble des échos reçus à notre Centre d’information étant favorable, a affirmé Sylvain Théberge, porte-parole de l’AMF. Cela dit, votre lecteur soulève un aspect pertinent, sur lequel l’Autorité des marchés financiers s’était penchée dans l’élaboration de cette stratégie. » (NDLR: nous avons reçu et publié de nombreuses autres réactions qui vont dans le même sens depuis.)

« Cela dit, ce projet s’inscrit dans la mission de l’Autorité qui est de protéger les investisseurs, notamment en leur fournissant de l’information objective leur permettant de prendre des décisions éclairées, poursuit-il. Tout comme avec les Éditions Protégez-vous, l’Autorité s’est assurée de conserver le plein contrôle du contenu éditorial et publicitaire des fascicules en demeurant le principal commanditaire de l’initiative. » En partenariat avec Protégez-vous, l’AMF a réalisé le Guide pratique de l’investisseur, une publication de 72 pages des Éditions Protégez-vous, dont l’AMF s’est occupé de l’ensemble du contenu, précisait alors Sylvain Théberge.

D’autres réactions de lecteurs Vous continuez à nous faire part de vos commentaires sur ce sujet,. Voici quelques-uns des plus récents :

« J’appuie à 100 % les commentaires de mes collègues, écrit Larry Bathurst, AVA, pl. fin. et propriétaire de PlanEx Solutions financières inc. Lorsqu’une publicité apparaît dans un document de l’AMF, le consommateur associe cette entreprise au contenu et assume que l’AMF recommande l’entreprise. »

« Il est évident que l’AMF utilise les publicités pour financer le document et, ce faisant, elle (l’AMF) se place dans une situation d’apparence de conflit d’intérêt, ajoute-t-il. Les régulateurs du Québec exigent des conseillers d’éviter les conflits d’intérêt et même les apparences de conflit d’intérêt, à défaut de quoi les conseillers risquent d’avoir à s’expliquer. La même règle devrait s’appliquer aux régulateurs », estime-t-il.

D’ailleurs, l’AMF n’est pas le seul “organisme public ou d’État” à accepter les publicités institutionnelles dans ses brochures ou autres documents. Allez voir les documents produits par la RRQ (règlement de décès, etc…). Lesdits documents, par les publicités qui s’y retrouvent, incitent indirectement les consommateurs à se diriger vers ces institutions », signale M. Bathurst.

« Cela dit, est-ce que l’AMF va s’y prendre autrement et interdire les pubs à l’avenir ? », conclut-il.

« Si l’AMF cherche à informer et à former la population de façon impartiale, je ne vois pas comment elle peut justifier sa position en donnant le privilège à certaines institutions financières de faire de la publicité dans ses pages », écrit de son côté Yvan, un pl. fin.