Table ronde − 2e partie
Les honoraires, au détriment des clients

Par Ronald McKenzie | 16 octobre 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Black purse full of banknotes isolated on a white background.

‹‹‹‹‹ Première partie : Jamais sans mes commissions! ‹‹‹‹‹ Diaporama de la table ronde

Une étude de la firme PriceMetrix publiée en août 2012 indique que, au Canada et aux États-Unis, le pourcentage des actifs placés dans des comptes à honoraires est passé de 21 à 28 % au cours des trois dernières années. Cette étude révèle aussi que 91 % des conseillers ont au moins un compte à honoraires dans leur portefeuille.

Récemment, certains pays ont profondément changé la façon dont les épargnants acquièrent des produits financiers ou des services financiers. Au Canada, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) songent à revoir de fond en comble la manière de rémunérer les conseillers. Qui en sortira gagnant? Nos participants se sont penchés sur la question.


Nos participants

  • Daniel Bissonnette, chef de la conformité, Services financiers Planifax.
  • Guy Duhaime*, président, Groupe Financier Multi Courtage.
  • Luc Larose, MBA et planificateur financier, Lafond Services financiers.
  • Jean-Benoît Laurin, directeur adjoint, Agence Labelle, SFL Placements.
  • Marco Madon, président, Services Financiers Marco Madon.
  • Michel Mailloux, propriétaire, Mayhews & associés.
  • Flavio Vani, président, Assurance et Produits Financiers Vani.
  • Gaétan Veillette, B.A.A., Fellow Administrateur agréé et planificateur financier, Groupe Investors.
  • Robert Viau, conseiller en épargne collective, InfoPrimes.
* Guy Duhaime a dû s’absenter à la dernière minute. Cependant, il nous a fait parvenir un texte qui répondait aux questions soumises aux participants. Ses interventions sont extraites de ce document.


Au Royaume-Uni et en Australie, il est maintenant interdit de verser aux conseillers des commissions fixées par les manufacturiers de fonds ou d’intégrer celles-ci aux produits financiers. En Australie, les conseillers ont le devoir légal d’agir au mieux des intérêts de leurs clients. La rémunération à honoraires garantit-elle cela?

Gaétan Veillette : Je ne crois pas. Un conseiller peut être non objectif même s’il facture des honoraires. Par exemple, il pourrait proposer à ses clients des solutions plus complexes, comme créer des fiducies, fonder des sociétés de gestion, etc. Cela lui permettrait de prolonger son mandat. Si l’on croit éliminer les conflits d’intérêts en imposant une rétribution basée sur des honoraires, on se trompe.

Robert Viau : On oppose commissions et honoraires comme s’il y avait un problème. Y en a-t-il un? Mes clients, en tout cas, ne me le disent pas. Mais s’il en existe un, eh bien, commençons par l’identifier et élaborons ensuite des solutions de rechange. Autrement, on met la charrue devant les bœufs.

Daniel Bissonnette : Des données récentes de la Chambre de la sécurité financière (CSF) indiquent qu’il y a eu 607 demandes d’enquête [en 2012]. Là-dessus, 67 dossiers ont été référés en discipline. C’est seulement 10 %. Et quand on regarde les infractions où les conseillers ont fait défaut de subordonner leur intérêt personnel à celui de leurs clients, c’est encore moins. Pour moi, le problème des conflits d’intérêts est inexistant. Potentiel peut-être, mais certainement pas réel.

Michel Mailloux : Ce débat « commissions ou honoraires » peut avoir des conséquences étranges. Au Canada anglais, on songe à créer deux catégories de représentants : les vendeurs et les conseillers. Ceux qui sont payés à commission s’appelleraient « vendeurs » et les représentants qui facturent des honoraires, « conseillers ». Les indépendants seraient donc identifiés aux « vendeux » d’autos usagées, avec toutes les images négatives que cela comporte.

Daniel Bissonnette : Si les régulateurs abolissent les commissions, de nombreux conseillers vont prendre leur retraite ou changer de profession. Regardez ce qui se passe en Angleterre. En 38 jours, 63 000 personnes ont laissé tomber le métier! C’est ça qu’on va vivre ici. Ça va être une hécatombe. Et, avec la disparition des réseaux indépendants, on va sûrement assister à la fin des sociétés indépendantes comme AGF, Trimark et EdgePoint.

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À suivre demain : Les épargnants laissés pour compte?

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Ronald McKenzie