Table ronde − Quatrième partie Le système bancaire, un formidable concurrent

Par Ronald McKenzie | 18 octobre 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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<<<<< Troisième partie

Les participants à notre table ronde sur la rémunération n’ont pas été tendres à l’endroit du système bancaire canadien. Certains l’ont traité d’hypocrite et d’entretenir une mentalité de cartel…

Mais pourquoi viser les banques et, par la bande, les caisses populaires? Parce que les grandes institutions financières sont le principal concurrent des conseillers indépendants. Avec leurs formidables ressources humaines et financières, elles leur livrent une lutte sans merci. Elles cherchent à accaparer tous les segments de l’industrie des services financiers en laissant croire aux consommateurs que, chez elles, les conseils financiers « ne coûtent rien ». Lire : chez les indépendants, il y a des frais.

Or, il y a toujours quelqu’un qui paie quelque part, même si ça ne paraît pas. « Ensuite, c’est nous qu’on accuse de manquer de transparence », laisse tomber l’un de nos intervenants.

<<<<< Diaporama de la table ronde

Vous ne portez pas le système bancaire en odeur de sainteté. Que lui reprochez-vous?

Marco Madon : Les banques servent mal leur clientèle, les jeunes en particulier. Lorsqu’elles les sollicitent, elles commencent par leur proposer des cartes de crédit alors qu’ils sont encore aux études! Drôle de valeur à leur inculquer… Moi, je commence par leur parler d’épargne. J’ai bâti mon entreprise avec des clients mécontents. Si on veut de la transparence, il faudrait parler du taux de roulement des conseillers qui offrent un suivi constant par rapport au taux de roulement qu’on observe dans les banques.

Robert Viau : Avec ce qui s’en vient, les clients qui n’auront pas les moyens de faire affaire avec des conseillers indépendants devront se tourner vers les banques. Alors, comme je l’ai signalé précédemment, ils vont se faire servir par Pedro un jour, Joseph le lendemain et Marie le surlendemain. Il n’y aura pas vraiment de suivi de leur situation financière.

En outre, les banques vont dire que leurs clients n’ont pas à payer pour les services qu’ils reçoivent. Or, rien n’est gratuit. Tout ce qu’on dit être sans frais dans les institutions financières, ça nous est facturé sur nos cartes de crédit, nos frais bancaires, et quoi encore!

Daniel Bissonnette : Regardez ce que les banques facturent comme frais et ce que vous obtenez en retour. Un jeune ouvre un compte dans une banque? Elle ne lui donne même pas un carnet de chèques! « T’en as pas besoin, tout se fait par Internet maintenant », lui dit-elle. Vraiment? Pourtant, si tu achètes une auto, avec quoi vas-tu la payer? Avec une carte de crédit? Non, bien sûr. Ça te prend un chèque!

Guy Duhaime * : Les banques et les grosses institutions financières ont les moyens, en tant que fabricants, de trouver des solutions qui les avantagent. Entre autres, elles peuvent augmenter la tarification de leurs produits et, à même cet argent frais, offrir des services supposément gratuits ou à petits frais. En aucun cas ne perdent-elles de l’argent. Par ailleurs, les autorités forceront-elles les banques et les caisses populaires à facturer des honoraires à leurs clients? J’en doute fort. Il y aura alors deux poids deux mesures.

Flavio Vani : Actuellement, les conseillers sont tenus de déclarer les frais de courtage, pas les frais de gestion. Pour montrer que c’est censé coûter moins cher chez elle, une institution bancaire pourrait très bien diminuer ses frais de courtage. Elle se rattraperait ensuite en augmentant ses frais de gestion. Elle peut jouer là-dessus. Ses clients ne s’apercevront de rien. Encore une fois, le réseau des indépendants se trouvera pénalisé.

Luc Larose : On veut réformer le mode de rémunération des conseillers? Très bien. Cependant, par souci d’équité, tout le monde devrait tout mettre sur la table. Les grandes institutions aussi. Elles devraient divulguer que le commis qui vous sert gagne un salaire de base de 35 000 $ et qu’il peut toucher des bonis s’il répond à certains critères, comme l’atteinte de quotas. Par exemple, un boni de 4 000 $ pour un quota en CPG, un autre boni pour un quota en fonds communs, pour des référencements à l’assurance générale, et ainsi de suite.

Le client d’une banque devrait être informé que la personne qui lui propose des produits et services a rempli son quota en fonds communs, mais qu’elle n’a pas encore atteint celui pour les CPG ni celui pour les référencements en assurance générale. Ce client devrait également savoir que l’employé en question ne paie ni pour le loyer, le téléphone et l’infrastructure informatique.

Ainsi renseigné, il pourra exercer un vrai choix entre le conseiller indépendant et la banque. Ce n’est pas négatif, ça!

À lire : Quand l’intérêt du client passe après


Nos participants

  • Daniel Bissonnette, chef de la conformité, Services financiers Planifax.
  • Guy Duhaime*, président, Groupe Financier Multi Courtage.
  • Luc Larose, MBA et planificateur financier, Lafond Services financiers.
  • Jean-Benoît Laurin, directeur adjoint, Agence Labelle, SFL Placements.
  • Marco Madon, président, Services Financiers Marco Madon.
  • Michel Mailloux, propriétaire, Mayhews & associés.
  • Flavio Vani, président, Assurance et Produits Financiers Vani.
  • Gaétan Veillette, B.A.A., Fellow Administrateur agréé et planificateur financier, Groupe Investors.
  • Robert Viau, conseiller en épargne collective, InfoPrimes.
* Guy Duhaime a dû s’absenter à la dernière minute. Cependant, il nous a fait parvenir un texte qui répondait aux questions soumises aux participants. Ses interventions sont extraites de ce document.


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Ronald McKenzie