Objectifs financiers irréalistes ?

Par Sylvie Lemieux | 13 juillet 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Tyler Olson / 123RF

Économiser pour des vacances à l’étranger. Payer plus rapidement son prêt hypothécaire. Accumuler un fonds d’urgence. Épargner en vue de la retraite. Il n’est pas rare pour les conseillers de rencontrer un nouveau client dont les objectifs financiers sont ambitieux mais pas toujours réalistes.

« Il peut y avoir un écart entre ce qu’ils veulent accomplir et le budget dont ils disposent, explique Mathieu Huot, fiscaliste, planificateur financier et gestionnaire de portefeuille agréé chez IG Gestion de patrimoine. À ce moment-là, il faut revenir à la base qui est d’établir un budget détaillé. »

Or, il suffit parfois de prononcer ce mot qui commence par « b » pour voir le client fuir à toutes jambes (on caricature, mais pas tant que ça).

« C’est un exercice que les gens ne veulent pas faire d’emblée, ajoute M. Huot. Et si on insiste trop, il y a un risque qu’ils ne nous rappellent plus. »

UNE MÉTHODE DIFFÉRENTE

Face à ces clients, plutôt qu’un budget exhaustif, il privilégie la méthode à rebours qui tient compte du revenu net après impôts et charges sociales tels que déclarés sur la dernière déclaration de revenus. De ce montant est soustraite par la suite l’épargne accumulée durant l’année (REER, fonds de pension, etc.). « La différence, c’est ce que la personne a dépensé. C’est à partir de ce montant qu’on peut faire le budget », explique l’expert.

Cette méthode plaît davantage parce qu’elle exige moins d’effort que de lister et chiffrer chacun des postes de dépenses, selon lui.

« Rapidement, le client obtient ainsi un portrait de la situation. Il est alors possible d’élaborer des stratégies d’investissement qui tiennent compte de ses capacités financières et de son profil d’investisseur. »

Si le montant disponible se révèle insuffisant pour atteindre les objectifs financiers, il faut alors scruter le budget de façon à voir où sont les fuites d’argent et comment rajuster le tir. Des efforts peuvent être faits pour réduire les dépenses discrétionnaires (restaurants, soins de beauté, voyages, etc.).

« Il y a lieu également de revoir ses besoins en assurance. Il arrive souvent que les gens paient plusieurs primes d’assurance vie sur leur emprunt hypothécaire, leur prêt auto et leurs cartes de crédit. Au global, cela peut représenter un montant allant de quelques dizaines à quelques centaines de dollars. Il vaut mieux alors annuler ces contrats pour prendre une seule police d’assurance vie qui couvrira tous les besoins en cas de décès », conseille Mathieu Huot.

S’il y a du rattrapage à faire, il vaut mieux y aller de façon progressive mais constante. Ce serait, par exemple, de passer d’un montant d’épargne mensuel de 150 $ à 300 $ par tranche de 50 $ tous les trois mois. « Il n’y a pas vraiment de règles de fréquence. L’important, c’est que le client soit confortable avec cette stratégie », soutient Mathieu Huot.

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Sylvie Lemieux

Sylvie Lemieux est journaliste pour Finance et Investissement et Conseiller.ca. Auparavant, elle a notamment écrit pour Les Affaires.