Retraite : tant qu’on a la santé, ça va!

Par La rédaction | 21 décembre 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Aujourd’hui, près 15% de la population canadienne est âgée de 65 ans et plus, et cette proportion ne fera qu’augmenter au cours des 10 ou 15 prochaines années alors que les derniers baby-boomers partiront à la retraite. Ce phénomène aura des implications majeures pour notre société, spécialement en matière de soins de santé.

En effet, les besoins des aînés dans ce domaine croissent à un rythme supérieur à celui de l’inflation, selon un rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé. Au point qu’ils représentent déjà environ 40% de l’ensemble des dépenses publiques provinciales, alors qu’en même temps, les gouvernements peinent à trouver de nouvelles stratégies pour boucler leur budget.

Résultat : en cas de maladie grave, les particuliers risquent d’être de plus en plus contraints de «se prendre en main» et de compter d’abord sur leurs ressources personnelles pour financer des soins de longue durée.

1) L’IMPACT DES SOINS DE SANTÉ SUR LES FINANCES

L’une des plus grandes peurs des Canadiens vieillissants consiste à ne pas être en mesure de bénéficier de services de soins de santé et d’un soutien à long terme quand ils en auront besoin, rapporte Conseiller.ca. Ainsi, près d’un sur cinq (17%) craint que ce soit à cause d’un manque d’argent; deux sur cinq ont la hantise de perdre leur capacité à vivre de façon autonome; et 15% redoutent de ne pas pouvoir vivre chez eux tout au long de leur vie.

Citant un sondage publié dans le cadre d’une étude de l’Institut Info-Patrimoine BMO publiée en août 2015, l’article précise que, malgré ces craintes, près d’un répondant sur cinq (19%) n’a pris aucune mesure en prévision de l’éventualité d’avoir besoin de soins de longue durée.

Ce rapport de BMO détaille par ailleurs les principales sources sur lesquelles les Canadiens envisagent de s’appuyer pour financer d’éventuels soins de longue durée : leurs économies (73%), l’aide publique (45%), les prêts hypothécaires inversés (20%) ou les assurances soins de longue durée (19%), les marges de crédit ou les prêts sur valeur domiciliaire (18%).

Sa conclusion? Les futurs retraités ont tout intérêt à intégrer les coûts potentiels des soins de longue durée dans un plan financier, notamment pour être capables, lorsqu’ils en auront besoin, de se procurer les liquidités nécessaires.

2) À PROPOS DE L’ASSURANCE SOINS DE LONGUE DURÉE (ASLD)

«L’apparition d’une maladie chronique, d’une maladie dégénérative ou de la démence pourrait signifier que vous-même ou un membre de votre famille pourriez avoir besoin de soins constants pendant une longue période, que ce soit à la maison ou dans un établissement de soins infirmiers. Et contrairement à une croyance courante, ces soins ne sont pas totalement remboursés par les régimes provinciaux», écrit la journaliste et avocate torontoise Sheryl Smolkin dans Cinq choses à savoir sur l’assurance soins de longue durée.

Afin de permettre aux retraités d’y voir plus clair, cette spécialiste des régimes de garanties et de retraite au travail précise les questions qu’il faut se poser concernant l’assurance ASLD : la couverture offerte, ce qu’elle couvre précisément, ce qu’elle coûte, ce qu’être «dépendant» signifie et le paiement des prestations.

Sur la base des renseignements publiés dans le Guide sur l’assurance soins de longue durée de l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP), elle souligne que, selon les provinces, une place dans un centre de soins de longue durée «coûte généralement de 900 à plus de 5000 dollars par mois», selon le type de chambre et le niveau de financement offert par le régime provincial. Quant aux soins complets, ceux-ci peuvent «facilement coûter de 35000 à 65000 dollars par année».

Dans ces conditions, rien d’étonnant à ce qu’un sondage réalisé en 2013 par l’ACCAP révèle que plus de la moitié des répondants (52%) ne disposeraient pas de fonds suffisants pour assumer des soins de longue durée s’ils en avaient immédiatement besoin.

3) SOINS DE LONGUE DURÉE : ASSURANCE PRIVÉE OU PUBLIQUE?

Vieillissement de la population oblige, un nombre croissant de Canadiens en perte d’autonomie aura besoin de soins de longue durée. Mais qui réglera la note? «On trouve si peu d’information sur le financement public que les personnes concernées ne peuvent prendre de décisions éclairées et se préparer», note l’Institut de recherche en politiques publiques, à Montréal.

Pour y remédier, cet organisme sans but lucratif a donc publié en 2013 une étude intitulée Financer les soins de longue durée : une assurance privée ou publique? Michel Grignon et Nicole F. Bernier y analysent les avantages et les inconvénients que présentent les options actuelles de financement des soins, soit l’épargne des particuliers, l’assurance privée et l’assurance publique universelle. Leur conclusion? Le meilleur moyen de garantir à tous une aide et des soins de longue durée adéquats, tant en établissement qu’à domicile, réside dans un régime d’assurance public universel inspiré du fonctionnement actuel de l’assurance-maladie.

Les deux chercheurs démontrent en effet que la quasi-totalité des particuliers ne peut pas compter sur leurs seules économies pour combler leurs besoins de soins à long terme. Dans ces conditions, soutiennent-ils, une forme d’assurance, privée ou publique, s’impose. Or l’assurance privée «présente de sérieuses limites et est partout impopulaire», observent Michel Grignon et Nicole F. Bernier.

«Le régime idéal offrirait une couverture complète fondée sur une évaluation normalisée des besoins de soins, écrivent-ils. Il serait financé par une taxe de vente placée dans un fonds dédié. On garantirait ainsi à tous de meilleurs soins et un accès plus équitable.»

4) APPRENDRE À SE PROTÉGER ET À GÉRER LES RISQUES

Beaucoup de retraités risquent de ne plus pouvoir s’occuper d’eux-mêmes et de nécessiter des soins de longue durée. Comment bien gérer ce risque? C’est ce qu’analyse Michael Sheard sur le blogue MonPf.ca.

La question est d’autant plus importante, affirme ce professionnel en gestion de risque, que pour avoir le droit de bénéficier de l’aide gouvernemental, il faut souvent avoir liquidé la quasi-totalité de ses actifs. Autrement dit, avoir épuisé son patrimoine. Et cela sans compter que «les choix de résidences ou de services sont très limités», en raison «des listes d’attentes importantes». Dans ce contexte, «la possibilité d’avoir une couverture d’assurance qui fournira un revenu ou des prestations en cas de dépendance ou d’incapacité est primordiale». Mais attention, souligne Michael Sheard : il importe de consulter un spécialiste avant de souscrire ce type de produit, «car tout est dans les définitions».

De même, il est important d’envisager une telle éventualité dans toute planification financière à long terme, insiste le spécialiste. Et sans assurance ASLD, il faut prévoir «des ressources importantes qui peuvent réduire considérablement les montants disponibles pour la retraite».

En moyenne, indique-t-il, une prime annuelle ASLD coûte «l’équivalent d’un mois de prestations». Ainsi, pour recevoir 2 000 dollars par mois, il faut s’attendre à débourser environ la même somme par année de primes. Attention, toutefois, car celles-ci augmentent avec l’âge de l’assuré.

5) ENCORE PLUS DIFFICILE POUR UNE PERSONNE SEULE

Avoir des ennuis de santé quand on vieillit en couple n’est pas facile, mais la situation peut s’avérer encore plus problématique dans le cas d’une personne seule, explique la Sun Life dans un article consacré aux défis financiers du célibat.

En effet, affronter seul les risques associés à la maladie et à l’invalidité exige «une stratégie efficace en matière d’assurance visant à protéger les clients à long terme». Par exemple, en leur offrant une assurance à prestations versées de leur vivant. Ainsi, les personnes qui ne sont pas couvertes par le régime d’avantages sociaux de leur employeur peuvent souscrire une assurance-santé personnelle pour les frais non couverts par leur régime provincial. De même, l’assurance invalidité et l’assurance contre les maladies graves offrent une protection supplémentaire en cas de problèmes de santé ou d’accidents graves.

De plus, un retraité vivant seul doit porter une attention particulière aux coûts liés aux soins de santé qu’il risque d’être obligé de recevoir au fur et à mesure qu’il vieillira. Dans cette optique, la Sun Life estime que l’ASLD «joue un rôle important» de filet de sécurité, puisqu’un ou une célibataire ne pourra pas forcément compter sur sa famille ou sur des amis pour effectuer certaines tâches difficiles ou quotidiennes (soins à domicile, magasinage, etc.).

Enfin, plus que tout autre individu, une personne seule a intérêt à se constituer un fonds d’urgence pour couvrir ses frais courants pendant au moins trois à six mois, estime la Sun Life. Et souscrire un contrat d’assurance peut la protéger en cas de maladie ou d’invalidité, ou même en cas de perte d’emploi.

La rédaction