Attention aux bonbons électoraux!

Par La rédaction | 22 mars 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’Institut du Québec évoque de possibles impacts que la générosité pré-électorale potentielle du gouvernement Legault pour séduire les contribuables pourrait entraîner.

Selon ses calculs, les déficits seront de retour dès 2027 en raison du vieillissement de la population, donc le gouvernement ferait bien de s’asseoir sur ses réserves.

Cette analyse provient des projections sur une décennie de l’état des finances publiques au Québec que réalise chaque année l’Institut. En raison de la reprise économique dans la province, l’Institut estime que le rééquilibrage du budget sera moins difficile que prévu. Le déficit à résorber, en tenant compte des versements au Fonds des générations, se situerait entre 3 et 4 milliards de dollars, selon ses estimations.

Ainsi, avant le versement au Fonds des générations, l’équilibre devrait être atteint l’an prochain, toutefois d’autres facteurs, comme le vieillissement de la population, les coûts plus élevés du système de santé et le retard de la productivité, vont vite entrer en jeu et porter atteinte à ce sacro-saint équilibre. Voilà pourquoi l’Institut du Québec demande au gouvernement d’être prudent.

« C’est un budget d’année électorale, et le gouvernement a la chance d’avoir plus de revenus. […] Mais il faut vraiment faire attention en raison de l’incertitude », résume Mia Homsy, présidente-directrice générale de l’Institut du Québec en entrevue avec La Presse.

Cette dernière estime que le gouvernement devrait cibler les vrais enjeux au lieu de distribuer tous les revenus excédentaires. Si ce dernier ne reprend pas les choses en main et ne décide pas de changer la situation en profondeur, « on va avoir moins de revenus, et à un moment donné, nos dépenses en santé vont nous replonger en déficit », assure-t-elle.

Sans compter que l’évaluation de l’Institut ne prend pas en compte le conflit russo-ukrainien, les sanctions économiques, l’inflation et le nuage d’une potentielle récession. « C’est le scénario “si tout va bien”. Mais même si tout va bien, on retourne en déficit dans quelques années », souligne Mia Homsy qui s’inquiète de l’intention de la CAQ de baisser les impôts.

L’ancien ministre des Finances et député libéral, Carlos Leitão, abonde en son sens et assure qu’une baisse des impôts serait trop précipitée. Lors d’un point de presse le 16 mars dernier, ce dernier soulignait qu’une récession n’était pas inévitable, mais pourrait arriver. « Il faut donc être prêt à faire face à une telle éventualité », martelait-il.

Québec solidaire écarte également l’idée d’une baisse d’impôt. « Le gouvernement se prive sans cesse de revenus, alors que, dans les faits, nos concitoyens, parce qu’il n’y a pas de place en CPE, parce qu’ils n’ont pas accès à un médecin de famille, paient autrement. Et c’est là que l’injustice devient flagrante », a déploré Manon Massé. Cette dernière opterait davantage pour un rééquilibrage des tables d’impôts.