Fonds d’urgence : le message ne passe pas

Par La rédaction | 8 janvier 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Tirelire en forme de cochon en train de se noyer.
Photo : lightwise / 123RF

Alors que la population canadienne est la « championne » du surendettement parmi tous les pays membres du G7, un rapport de la firme britanno-colombienne Refresh Financial montre que la moitié des Canadiens ne disposent d’aucune réserve financière pour faire face à un éventuel coup dur.

Publié mardi, ce document d’une quinzaine de pages indique en effet que 49 % d’entre eux n’ont pas d’épargne pour subsister en cas d’urgence. Et s’il leur arrivait un problème, 35 % des répondants déclarent qu’ils contracteraient un petit emprunt ou paieraient avec leur carte de crédit. Une proportion qui passe même à 43 % chez les personnes vivant d’un chèque de paie à l’autre.

Basée sur un sondage national, l’étude révèle en outre que 53 % des Canadiens dépendent de leur chèque de paie pour assurer leur subsistance, tandis que près de 20 % peinent à se débrouiller avec leur seul salaire et que 14 % reconnaissent s’être déjà retrouvés dans une situation financière précaire, comme une faillite ou l’obligation d’engager des objets dans un établissement de prêt sur gage.

UNE CONSCIENCE ACCRUE DU PROBLÈME

« N’importe qui peut éprouver des difficultés financières et être obligé d’affronter des situations d’urgence inattendues. En réalité, la question n’est pas de savoir si cela peut nous arriver, mais plutôt à quel moment cela va nous arriver », insiste Michael Wendland. « Cette étude prouve à quel point les Canadiens sont mal préparés aux urgences financières lorsqu’elles surviennent », ajoute le directeur général de Refresh Financial.

Dans le même temps, la firme souligne néanmoins que « l’effet combiné de l’endettement élevé, de la hausse des taux d’intérêt et du faible degré de solvabilité commence à créer une hyper sensibilisation des Canadiens à cette question, ce qui incite de plus en plus de personnes à réfléchir à leur avenir financier et à avoir une conscience accrue de l’impact du crédit sur leur cote de crédit ».

Le sondage montre que 96 % des répondants estiment qu’un bon pointage de crédit est important, même si seuls 41 % d’entre eux savent exactement où ils en sont dans ce domaine. Malgré tout, relève Refresh Financial, près de deux tiers des sondés (62 %) affirment avoir « confiance » ou « un peu confiance » dans leur capacité d’obtenir du crédit. « Cela montre que les gens sont soit assez confiants d’avoir un bon pointage de crédit, même s’ils ne le connaissent pas, soit qu’ils sont naïfs ou préfèrent se fermer les yeux », conclut la firme.

LES JEUNES GÉNÉRATIONS EN DIFFICULTÉ

Refresh Financial note que les Canadiens dont le pointage de crédit est inférieur à 700 sont plus de cinq fois plus susceptibles d’éprouver des émotions négatives, telles que l’anxiété, la peur, la dépression et le désespoir, en lien avec leur cote de crédit. « Le niveau de 700 correspondant à peu près au score requis pour bénéficier des taux d’intérêt préférentiels des banques, toute personne ayant un score inférieur paiera des intérêts plus élevés pour tous les produits de crédit dont elle dispose », explique l’organisme. Celui-ci rappelle en outre qu’« avoir un faible revenu, des dépenses élevées et un pointage de crédit médiocre va de pair avec des émotions négatives, qui sont trois fois plus élevées chez les personnes qui vivent d’un chèque de paie à l’autre que chez les autres ».

D’après Refresh Financial, les membres de la génération Y (nés entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990) et ceux de la génération Z (du début des années 90 au milieu des années 2000) sont aujourd’hui « plus susceptibles que toute autre génération » d’avoir des problèmes de crédit. Beaucoup de ces jeunes ne connaissent d’ailleurs pas grand-chose dans ce domaine, ce qui les conduit parfois à « commettre des erreurs (…) susceptibles d’avoir une incidence sur leur crédit, leur bien-être et leur santé mentale pour les années à venir » et risque de « modifier potentiellement leur trajectoire financière ».

Rappelant que la cote de crédit moyenne au pays se situe entre 600 et 650, et sachant qu’un pointage de 650 à 700 est recommandé pour avoir accès à des taux d’intérêt plus bas, Refresh Financial estime que « le faible crédit est bel et bien un problème national ». Sa conclusion? « Les jeunes générations sont les moins confiantes en matière de crédit, mais elles y ont déjà accès et à un âge plus précoce qu’auparavant. La tempête parfaite est en train de se créer pour une génération future qui aura du mal à avancer financièrement », notamment en raison de « l’absence d’éducation en matière de gestion du crédit ».

Le sondage en ligne a été mené par Léger du 4 au 11 juin 2018 auprès d’un échantillon de 1 901 Canadiens âgés de 18 ans et plus. Sa marge d’erreur est de +/- 2,2 %, 19 fois sur 20.

La rédaction