Les Canadiens se méfient de l’open banking

Par La rédaction | 17 avril 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : viteethumb / 123RF

L’open banking ou système de banque ouvert devient une réalité, mais 75 % des Canadiens se méfient de cette technologie qui va bouleverser la façon dont le monde entier effectue ses transactions, révèle un sondage commandé par Accenture.

La raison principale de cette méfiance, selon 62 % des répondants, c’est la sécurité de leurs données financières. Une majorité (51 %) a aussi mentionné un certain manque de confiance envers les grandes entreprises en technologie et finalement, 44 % se demandent si le système bancaire ouvert offrira assez de bénéfices pour justifier un changement de comportement financier.

Rappelons que le système bancaire ouvert permet de partager de façon sécurisée de l’information financière – comme les soldes de comptes, les transactions et les détails de paiement – avec des fournisseurs tiers inscrits comme des commerçants, des plateformes sociales ou des fintechs. Ce partage d’information permettrait ainsi aux parties autorisées d’améliorer leurs services aux consommateurs tel que l’accès au crédit.

UNE CERTAINE OUVERTURE

Malgré leur méfiance, les 1 500 personnes interrogées dans le cadre de ce sondage ne sont pas totalement fermées à l’idée d’intégrer ce système dans leur vie.  Ainsi, plusieurs répondants affirment que leur intérêt pourrait grandir si certaines mesures de sécurité étaient mise en place : 34 % aimeraient qu’un mot de passe ou des questions de sécurité pour l’identification soient mis en place; 33 % sont pour une reconnaissance digitale ou faciale et 32 % aimeraient qu’il y ait une analyse en temps réel de leurs paiements afin de vérifier si ceux-ci sont conformes à leurs habitudes de consommation.

« L’adoption du bon cadre réglementaire est un facteur important qui permettra l’adoption de l’open banking. Ceci permettra aux utilisateurs de décider à qui fournir l’accès à leurs données financières sur une base de cas par cas – mais pour y parvenir, ils devront être persuadés d’obtenir des avantages. Par exemple, lors d’une demande de prêt, l’open banking procure au prêteur une vision globale du dossier financier de l’emprunteur, lui permettant d’approuver une demande plus rapidement, d’autoriser un montant d’emprunt plus élevé et même d’octroyer un meilleur taux d’intérêt », commente Bob Vokes, directeur des services financiers à Accenture Canada.

Quelques consommateurs sont particulièrement intéressés par certaines fonctionnalités de ce système. Près d’un répondant sur six (17 %) aimerait que toutes ses informations financières se retrouvent au même endroit et 14 % se disent intéressés par les offres faites sur mesure, comme un meilleur taux hypothécaire ou un meilleur taux d’intérêt sur leur épargne.

Quelque 21 % des sondés ont affirmé qu’ils seraient davantage enclins à partager leurs informations financières en échange de certaines contreparties. Le système bancaire ouvert permet justement de créer des produits et services plus adaptés aux modes de vie et habitudes d’achat des consommateurs et permet également de créer une gamme plus grande de programmes de récompenses et de loyauté.

« Pendant que nous mesurons les effets de la transformation numérique dans le monde de la finance, l’open banking fait tomber les silos et rend les transactions plus efficaces, constate Andrew McFarlane, responsable mondial de l’Open banking à Accenture. La technologie est autant bénéfique pour les consommateurs que pour les entreprises, puisqu’elle permet une prise de décision plus éclairée et plus rapide. L’écart entre la connaissance de l’open banking et ses avantages présente une occasion aux parties prenantes d’éduquer et changer la perception générale, afin que le Canada puisse garder le rythme avec le système bancaire mondial. »

UN MANQUE DE COMPRÉHENSION

Le sondage d’Accenture montre que cette réticence de la part des Canadiens envers le système bancaire ouvert est aussi le fait d’un certain manque de compréhension. Ainsi, 40 % des sondés ne comprennent pas suffisamment les avantages d’un tel système pour autoriser un tiers à avoir accès à ses informations financières.

« L’open banking est destiné à transformer les opérations bancaires mondiales, mais demeure un concept relativement nouveau pour les Canadiens », affirme Bob Vokes.

Une certaine éducation publique sur ce sujet pourrait de ce fait avoir une incidence sur la perception et l’adoption de ce système. D’ailleurs, un répondant sur cinq (20 %) indique vouloir en apprendre plus à ce sujet et au sujet de la protection des consommateurs contre la fraude potentielle avant de se dire intéressé ou non. Il est à noter qu’au Québec le pourcentage de personnes intéressées (21 %) est plus grand qu’ailleurs au Canada (16 %).

Ce sondage a été commandé par Accenture, mais réalisé en ligne auprès de 1564 par la firme Léger en février 2019.

La rédaction