Les retombées du Brexit font paniquer les marchés

Par La rédaction | 28 juin 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
4 minutes de lecture
gopixa / 123RF

Les marchés financiers ont fini à la peine hier, fragilisés par les résultats du référendum de jeudi au Royaume-Uni, qui a fait chuter la plupart des devises et semé la panique sur les places boursières mondiales, rapporte l’Agence France-Presse (AFP).

Les banques anglaises et la livre sterling ont été particulièrement malmenées, puisque cette dernière est tombée à son niveau le plus bas depuis plus de deux ans face à l’euro, continuant de souffrir des incertitudes politiques et économiques liées au vote en faveur d’une sortie du royaume de l’Union européenne.

Au cours des derniers jours, elle est également restée sous pression face au dollar américain, évoluant près de son plus bas niveau en 30 ans, à environ 1,31 $US.

DES MILLIARDS DE DOLLARS EN FUMÉE

Les transactions sur les titres de deux des plus grandes banques du Royaume-Uni, la Banque Royale d’Écosse et Barclay’s, ont été temporairement suspendues quand l’action a perdu au moins 8 % de sa valeur. En milieu de journée hier, le titre de la première s’était effondré de 14,6 % tandis que celui et celui de la seconde plongeait de 10 %.

Au total, de Hong Kong à Londres, en passant par New York et Francfort, le Brexit a anéanti quelque 2 100 G $US en capitalisation boursière durant la seule journée de vendredi, précise La Presse canadienne.

Le ministre britannique des Finances, George Osborne, a toutefois assuré que l’économie britannique était aussi solide qu’on pouvait le souhaiter pour affronter l’incertitude engendrée par le résultat du référendum, même si un sondage publié hier révèle que plusieurs entreprises ont maintenant l’intention de déménager leurs activités à l’extérieur du pays.

FORTE VOLATILITÉ

S’exprimant publiquement pour la première fois depuis le vote de jeudi, le dirigeant politique a néanmoins admis que les prochains jours seront difficiles. Il a aussi précisé avoir collaboré étroitement avec le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, ses homologues des autres pays de l’Union européenne et les grandes institutions financières au cours des derniers jours.

« Nous sommes prêts à toutes les éventualités », affirme-t-il.

« La volatilité devrait rester forte dans les prochains jours » et « les investisseurs devraient rester très prudents tant l’incertitude est élevée », prévient le courtier Aurel BGC, interrogé par l’AFP.

Même si les marchés retrouvent le calme dans les prochaines semaines, « il est important de garder à l’esprit qu’on n’en a pas fini avec les retombées du Brexit, commente pour sa part Stephen Innes, courtier chez Oanda Asia Pacific. Nous allons probablement ressentir les secousses dans les semaines, voire les mois, à venir, mais il est difficile d’anticiper leur fréquence et leur amplitude. »

LES BANQUES CENTRALES MOBILISÉES

Les banques centrales se sont mobilisées dès vendredi, se tenant prêtes à intervenir pour prévenir un assèchement de liquidités et contrer des mouvements extrêmes de changes. Leur engagement a semblé rassurer les marchés, souligne l’AFP.

« Le Brexit ne ressemble en rien à un moment Lehman pour l’Europe », confirme à l’agence de presse Holger Schmieding, économiste au sein de la firme Berenberg.

Première concernée par les événements, la Banque d’Angleterre s’est dite prête à injecter 250 milliards de livres (environ 430 G $CAN) de fonds additionnels afin d’assurer des liquidités suffisantes aux marchés.

De son côté, la Banque centrale européenne s’est elle aussi dite « prête à fournir des liquidités supplémentaires, si nécessaire, en euros et en devises étrangères », tout en promettant d’« assumer ses responsabilités » quant à la stabilité des prix et du secteur financier dans la zone euro.

LE CANADA « EN POSITION FAVORABLE »

Dans une déclaration écrite, le G7 a affirmé respecter le résultat du référendum et a dit avoir bon espoir que l’économie du Royaume-Uni et les secteurs financiers resteront vigoureux, rapporte aussi l’AFP. Le groupe a toutefois indiqué que la volatilité excessive et les mouvements désordonnés des taux de change risquaient d’avoir des effets négatifs en matière de stabilité économique et financière.

Au pays, Bill Morneau, a déclaré avoir confiance dans l’économie et le secteur financier britannique. « Bien qu’on puisse s’attendre à une volatilité de l’économie et du marché, l’économie canadienne est en position favorable et nos institutions financières sont bien capitalisées. Les marchés mondiaux sont résilients et fonctionnent normalement », a conclu le ministre des Finances.

Le Canada sera affecté par le Brexit

La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne réduira la croissance du produit intérieur brut du Canada de 0,5 % à 1 % au cours des six prochains mois, prévoit la Banque TD dans une note publiée vendredi sur son site web.

Bien que les échanges commerciaux entre les deux pays soient relativement peu importants, Terre-Neuve-et-Labrador et l’Ontario risquent d’être davantage affectées, car leurs exportations vers la Grande-Bretagne sont plus élevées que dans d’autres provinces.

« PAS D’IMPACT À LONG TERME »

Selon Statistique Canada, la valeur des biens canadiens exportés au Royaume-Uni en 2015 a représenté quelque 16,6 G$, très loin derrière les États-Unis (près de 400 G$) ou même la Chine (21,4 G$).

Le Brexit « peut avoir des impacts au pays qui vont s’observer à court terme et un peu à moyen terme, mais certainement pas à long terme », estimait hier Fabien Major dans une entrevue accordée à TVA.

« En effet, précisait le conseiller en sécurité financière et représentant en épargne collective, les gens qui regardent leur REER et leurs placements en ligne vont s’apercevoir qu’il y aura des baisses sensibles. Cependant, il ne faut pas paniquer avec ça, puisque ce seront des baisses temporaires. »

La rédaction