À bas le REER et le CELI, dit Léo-Paul Lauzon

Par Anaïs Chabot | 27 avril 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Andriy Popov / 123RF

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Le célèbre professeur d’économie Léo-Paul Lauzon affirme qu’il faut abolir les abris fiscaux pour le bien de l’intérêt collectif canadien.

Titulaire de la Chaire d’études socio-économiques de l’Université du Québec à Montréal, le professeur bien connu pour ses prises de position parfois mordantes a rendu publiques le 27 avril les conclusions d’une étude sur le bien-fondé des REER, CELI et autres abris fiscaux.

Se basant sur des données recueillies auprès de Statistique Canada et de l’Agence de revenu du Canada (ARC) ainsi que sur des articles parus entre 1994 et 2011 dans certains journaux québécois, le professeur Lauzon avance que « nos politiciens poussent plus loin l’hypocrisie en instaurant et en bonifiant plusieurs abris fiscaux dans le but d’encourager les Canadiens à épargner, alors que dans les faits, ces privilèges fiscaux servent principalement aux nantis à épargner davantage, financés qu’ils le sont par des fonds publics ».

LE REER POUR « UNE MINORITÉS DE RICHES », ESTIME LAUZON

Selon les estimations du professeur d’économie de l’UQAM, le REER coûterait 20 milliards par année au gouvernement fédéral et 4 milliards au gouvernement du Québec. Et ils ne serviraient « qu’à une minorité de riches ». En effet, selon son étude, les personnes gagnant 100 000 $ ou plus totalisent 5,4 % des contribuables canadiens, alors que ce sont ceux qui cotisent le plus à leur REER, soit 35 % des cotisations nationales. 75 % des contribuables gagnent 50 000 $ ou moins. Et ils n’ont accaparé que 22,9 % des cotisations.

Cotisations au REER en 2007 au Canada

Revenu

% qui ont cotisé

% du nombre total de contribuables

% du total des cotisations

30 000$ et moins

7,6

53

5,8

40 000$ et moins

11,5

66

13

50 000$ et moins

15

75

22,9

100 000$ et plus

68

5,4

35

Pour M. Lauzon, « les REER, comme tous les autres abris fiscaux qui coûtent des milliards de dollars chaque année en fonds publics, servent principalement à une minorité de riches. »

RVER : DES RÉSERVES 

En ce qui concerne le régime volontaire d’épargne retraite (RVER), Léo-Paul Lauzon croit que cela va obliger le contribuable moyen à investir même s’il n’en a plus les moyens. Il accuse le RVER de ne pas être volontaire, mais bien obligatoire. Il dénonce également le fait que les employeurs ne participeront pas au RVER, alors que c’est le cas dans certains pays qui ont instauré des programmes semblables, comme la Grande-Bretagne ou l’Australie. Pour lui, cette mesure « endette davantage » les ménages.

LE GOUVERNEMENT CONSERVATEUR BLÂMÉ 

Le professeur Lauzon ne mâche pas ses mots quand vient le temps de parler des réalisations du gouvernement Harper dans le domaines des abris fiscaux. Selon lui, les conservateurs ont contribué à appauvrir les ménages, en voulant aider « ses pontes et ses potes ». En effet, il dénonce les mesures conservatrices qui ont entraîné la bonification des REER, la création du CELI, des baisses d’impôts des entreprise et qui, bientôt, entraîneront l’augmentation du montant maximum de cotisation annuel du CELI. Et il critique le ministre des Finances Jim Flaherty, qui a affirmé vouloir que la population canadienne contribue de plus en plus au régime de retraite canadien.

ABOLIR LE REEE, SOUHAITE L’AUTEUR 

Léo-Paul Lauzon affirme que les chiffres qu’il avance ne reflètent pas totalement la vérité, puisqu’il n’a pas pu avoir accès aux données qui concernent le régime de retraite individuel (RRI). Cependant, ceux qu’il a en sa possession lui permettent de conclure qu’il faut abolir les CELI, les RRI et les REA et les REEE. À la place du REEE, il propose de rendre, comme c’est le cas dans certains pays européens, les études universitaires gratuites. Il ne suggère pas d’abolition du REER et du RVER, mais souhaite que la cotisation maximale annuelle soit diminuée, se limitant à un plafond de 5 000 $, et que le RVER soit vraiment volontaire. Sinon, il continuerait d’y avoir au Canada « une absence totale d’équité, au détriment des générations actuelles et futures », souligne-t-il.

Pour lire toute l’étude de Léo-Paul Lauzon : http://www.cese.uqam.ca/pdf/rec_11_abolition_reer.pdf

Anaïs Chabot