Attention aux analystes de Wall Street

22 avril 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Clément Gignac s’étonne que les analystes de Wall Street demeurent si optimistes à l’endroit des perspectives de croissance des bénéfices des entreprises américaines.

S’appuyant sur les données compilées par Thomson Financial, l’économiste en chef et stratège à la Financière Banque Nationale estime que les bénéfices du S&P 500 devraient baisser de 12,4 % au 1er trimestre de 2008. Il s’agit d’un «revirement saisissant par rapport à la hausse de 5,7 % qu’on prédisait début janvier», dit-il.

Pourtant, les analystes voient encore les résultats financiers croître sur l’ensemble de l’année, de 12,2 % pour ceux du S&P 500. Si l’on se fie à eux, on assisterait seulement à une mauvaise passe, dure mais brève, et les bénéfices renoueraient avec leur tendance ascendante à long terme dès avant la fin de 2008.

«Les analystes considèrent-ils que le ralentissement actuel n’est que temporaire? Le fait qu’ils n’ont pratiquement pas modifié leurs prévisions pour la fin de l’année 2008 semble indiquer qu’ils ne tiennent pas compte de toute une série de signes de récession», souligne Clément Gignac.

L’expert rappelle que les analystes ont une mauvaise moyenne au bâton lorsqu’on leur demande de jauger les bénéfices. En effet, lors de la récession de 1990-1991, l’erreur de prévision entre les estimations à 12 mois et les bénéfices réels a atteint 30 %. Ce fut pire en 2001: ils ont surestimé les bénéfices de 32 %.

Clément Gignac regarde le ralentissement économique en cours et la cherté actuelle des matières premières, et il se met à douter sérieusement du réalisme du consensus anticipant une croissance de 13 % des bénéfices pour 2008. Au contraire, son équipe et lui prévoient une diminution de 7 % des profits du S&P 500. «Nous pensons que l’histoire se répétera et que les analystes de Wall Street seront contraints de revoir à la baisse leurs prévisions de bénéfices 2008 pour refléter l’incidence de la récession aux États-Unis. Autrement dit, la volatilité restera élevée aussi longtemps que le marché n’aura pas une meilleure idée de la durée et de l’ampleur de cette récession», conclut l’économiste.

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