Baby-boomers : après le travail, le bénévolat stratégique

24 novembre 2006 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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(24-11-2006)Une étude des services économiques de la Banque TD montre que la génération des baby-boomers qui prendront leur retraite changera le profil de l’engagement philanthropique au Canada.

En 2030, l’âge moyen au Canada sera de 45 ans. Les Canadiens âgés de 65 ans et plus formeront près de 25 % de la population, soit presque le double de leur proportion aujourd’hui. Les dépenses en matière de services de santé, qui représentaient environ 10,4 % de l’économie totale en 2005, doubleront également et pourraient constituer près de 20 % de l’économie totale en 2030.

« Le recours aux services de soins de santé s’accentuant dans les dernières années d’une vie, les services sociaux destinés aux personnes âgées subiront d’énormes pressions. Le financement public augmentera, mais ne pourra probablement pas répondre à tous les besoins des organisations caritatives spécialisées en soins de santé, ce qui se traduira par une intensification de la demande en dons privés et d’entreprises », constatent les économistes de la TD.

Compte tenu des efforts accrus de financement des services de soins de santé, les organisations caritatives en dehors de ce secteur seront forcées de faire activement campagne afin d’attirer et de maintenir le financement non gouvernemental.

À première vue, cette situation démographique n’annonce rien de bon. Pourtant, il en ressort un aspect positif. En effet, les baby-boomers vivent plus longtemps, sont en meilleure santé et possèdent des compétences variées. « Tandis que plusieurs recherchent de nouveaux défis et des occasions d’aider la collectivité, leur contribution en temps et en énergie aidera les organisations caritatives à maintenir leur niveau de service et à transformer leurs activités afin qu’elles deviennent plus efficaces et plus professionnelles », note l’étude.

La nature intrinsèque de la philanthropie changera complètement, prétend le groupe financier. À la suite des dons importants faits récemment par des milliardaires, d’autres contribuables fortunés pourraient les imiter. Même si un petit nombre des 793 milliardaires du monde décidaient de faire des dons, les retombées seraient considérables.

Les baby-boomers seront influencés par les entrepreneurs communautaires comme Bill Gates. Quand les gens prennent leur retraite et qu’ils consacrent plus de temps au secteur caritatif, ils exigent une responsabilisation accrue et un meilleur contrôle à l’égard de la façon dont leurs dons sont utilisés. « Cette situation profitera au développement des organisations caritatives du fait qu’elles seront encouragées à adopter des normes et des pratiques en matière de gouvernance similaires à celles du monde des affaires », indique TD.

Par ailleurs, les modifications fiscales proposées dans le budget fédéral de mai 2006 auront également une incidence importante et croissante sur les dons de charité. Les dons en actions ou en fonds communs seront exemptés de toute imposition au titre des gains en capital, et les donateurs bénéficieront d’un crédit d’impôt relatif aux dons de charité.

Dans certains cas, si les gains en capital sont suffisamment importants, le crédit d’impôt pourrait excéder la valeur comptable du placement. Cela voudrait dire que le donateur réaliserait un bénéfice sur ses dons.

Compte tenu que les Canadiens détiennent environ 1,3 billion de dollars en actions et que près de la moitié de ce montant représente des gains en capital, l’incidence des dons de titres sur les organisations caritatives serait considérable, « puisque les baby-boomers qui ont accumulé un actif financier substantiel commencent à comprendre les avantages offerts par la philanthropie stratégique », concluent les économistes de la Banque TD.

Quelques heures avant que la Banque TD ne publie son étude, Statistique Canada indiquait que, en 2005, les Canadiens ont versé montant record de 7,9 milliards de dollars à des organismes de charité. Il s’agit d’une hausse notable de 13,8 % par rapport à 2004.

Parmi les provinces et territoires canadiens, c’est l’Ontario qui arrive en tête de liste avec des dons totalisant 3,9 milliards de dollars. L’Alberta suit avec un total de 1,1 milliard. Viennent ensuite la Colombie-Britannique(1,1 milliard)et le Québec(739 millions).

C’est le Yukon qui affiche la plus forte augmentation du nombre de donateurs, soit 8,8 %. Il est suivi par l’Alberta, avec 4,5 %. Le Québec se situe en dessous de la moyenne canadienne avec une augmentation de 0,3 % seulement du nombre de donateurs.