Chute du huard

23 octobre 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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L’appréciation du dollar américain combinée à la chute des prix mondiaux des matières premières contribuent à faire perdre des plumes à notre huard.

Mercredi matin, le dollar canadien s’est enfoncé à son plus bas niveau en trois ans face au dollar américain lorsqu’il a reculé sous la barre des 0,80$US. Pour les voyageurs canadiens qui planifient un périple au pays de l’oncle Sam, par exemple, la facture risque d’être salée. Rappelons que le huard a atteint un sommet de 1,10$US il y a environ un an, le 7novembre 2007.

Les consommateurs canadiens pourraient voir leur pouvoir d’achat s’effriter, explique Martin Lefebvre, économiste principal au Mouvement Desjardins. «Les biens importés coûteront plus cher, assurément. La dévaluation du dollar canadien signifie qu’on importe de l’inflation», dit-il. «Les concessionnaires automobiles et les libraires, par exemple, seront tentés de mettre fin à leurs escomptes», note Sal Guatieri. Mais la faible récession qu’il prévoit devrait inciter les détaillants à baisser leurs prix afin de soutenir la demande. Ce sera un baume pour les consommateurs, mais un coup dur pour la rentabilité des commerçants.

Carlos Leitao n’est pas aussi catégorique. «Les variations de taux de change prennent plusieurs mois avant de se répercuter dans les prix au détail. Les consommateurs ont donc du temps devant eux avant de voir les prix changer en raison de ce facteur», dit l’économiste en chef à Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

En juin dernier, une étude de BMO Marchés des capitaux révélait que, à marchandises égales, les prix canadiens étaient 16% plus élevés que ceux pratiqués aux États-Unis. À ce moment, le huard valait 0,97$US. Maintenant qu’il s’échange à 0,80$US, l’écart se creusera davantage. «C’est exact, mais les travailleurs canadiens du secteur manufacturier auront moins de soucis à se faire pour leur emploi, car leurs entreprises seront plus concurrentielles à l’échelle mondiale. En autant que la récession mondiale n’empire pas», fait remarquer Sal Guatieri.

Pour Martin Lefebvre et Carlos Leitao, la débandade du dollar canadien n’est que conjoncturelle. Elle est liée à la dégringolade des prix du pétrole et des matières premières sur les marchés internationaux. «Le cours du pétrole, par exemple, est passé de 110$US à 149$US en très peu de temps. Il est normal que le retour du balancier soit aussi brusque», dit Martin Lefebvre. Actuellement, les grands investisseurs et les spéculateurs réagissent au quart de tour aux nouvelles prévoyant une récession mondiale. Or, quand ces craintes seront apaisées, les marchés retourneront à des activités plus normales.

D’ici là, le shopping outre-frontière perdra de son attrait. «Jusqu’à la semaine dernière, je magasinais une automobile aux États-Unis. Maintenant, ça ne vaut plus le coût», conclut Martin Lefebvre.