Crise financière : la prise de trop grands risques n’est pas en cause, dit Joseph Iannicelli

1 décembre 2009 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La crise financière et la récession qui a suivi ont été provoquées par l’absence de leadership responsable à la direction de certaines entreprises de services financiers, et non par la prise de risque en tant que telle, selon Joseph Iannicelli, président et chef de la direction de la Compagnie d’assurance Standard Life du Canada, dans une allocution prononcée hier devant le Cercle canadien de Montréal. Selon lui, la confiance envers les institutions financières a été grandement ébranlée et la seule façon d’y remédier passe par un leadership fort et surtout responsable.

Si beaucoup d’institutions financières dans le monde ont pris beaucoup de risques en faisant preuve d’excès de créativité, M. Iannicelli souligne que c’est davantage parce que ces institutions ont rompu le lien de confiance avec leurs clients et la société si nous vivons encore aujourd’hui dans l’instabilité économique. «Nous avons le devoir de former des leaders qui ont des valeurs profondes, qui comprennent leur responsabilité de s’assurer que les Canadiens ont confiance dans leur système financier, et qui sont capables d’équilibrer le risque, l’innovation et la croissance», affirme-t-il.

Il croit que les institutions financières dirigées par des leaders qui comprennent leur responsabilité envers l’ensemble de leur collectivité et qui agissent en conséquence, devraient survivre et prospérer. Il n’y a pas d’institution trop grande pour échouer, d’après lui, il faut avoir confiance au système et laisser le marché décider qui survivra et qui disparaîtra.

M. Iannicelli pense qu’il faut toujours stimuler la créativité mais qu’elle doit être encadrée par des gestionnaires qui poseront des règles et donneront une direction responsable à leur entreprise.«La réglementation devrait être la base de la gouvernance, et non pas un ensemble de règles rigides visant à contrôler les comportements, fait remarquer M. Iannicelli. Le système canadien n’est pas si mal en point qu’il faille s’empresser de lui porter secours, surtout si cela se traduit par moins d’innovation et, éventuellement, par un ralentissement de la croissance ou un manque de concurrence.»

Il a également soutenu que l’industrie n’avait pas besoin de réglementation supplémentaire et que la solution passait davantage par l’amélioration des compétences des consommateurs de produits et services financiers.

Au sujet de la rémunération des dirigeants d’entreprises publiques, M. Iannicelli recommande que la rémunération soit liée à la valeur qu’offre une entreprise à ses actionnaires tout en atteignant les objectifs liés aux intérêts d’une vaste gamme de parties prenantes, afin justement d’encourager la création de valeur à long terme. «Les équipes de direction et les conseils d’administration doivent davantage tenir compte de la création de valeur à long terme», conclut le grand patron canadien de la Standard Life.