De faux entretiens d’embauche à Wells Fargo?

2 juin 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Joe Bruno, ancien cadre de Wells Fargo licencié en août 2021, compte intenter un procès contre son ancien employeur. Il affirme ainsi que ce dernier l’a mis à la porte après 21 ans de service parce qu’il a dénoncé de faux entretiens d’embauche de femmes et de personnes de couleur, rapporte Think Advisor.

Selon les dires du plaignant, la firme aurait agi de la sorte pour simuler qu’elle fournissait des efforts en matière de diversité. Ainsi les entretiens d’embauche étaient menés auprès de personnes issues de la diversité alors que les postes avaient déjà été promis à d’autres candidats, affirme Joe Bruno.

Plusieurs employés de Wells Fargo assurent que leurs superviseurs ou des responsables des ressources humaines leur ont effectivement demandé de faire passer des entretiens à davantage de femmes et de personnes de couleur, rapporte The New York Times.

De son côté Wells Fargo dément les allégations de leur ancien employé. Selon l’institution, Joe Bruno a été « renvoyé » en raison d’une « conduite sur le lieu de travail incompatible avec les normes de l’entreprise en matière de professionnalisme et de lutte contre les représailles ».

Ces représailles présumées visaient ainsi un directeur des opérations de la société contre lequel Joe Bruno affirme avoir reçu de nombreuses plaintes. Ce dernier assure qu’il tentait d’amener son directeur des opérations à participer à d’autres initiatives visant à embaucher des femmes et des minorités, sans succès. Et lorsqu’il aurait menacé de le dénoncer, l’employé serait allé rencontrer les ressources humaines en prétendant que Joe Bruno exerçait des représailles contre lui.

Toujours selon Joe Bruno, Wells Fargo aurait sauté sur l’occasion pour le mettre à la porte puisqu’il se plaignait depuis des années de leur politique de diversité.

Des problèmes avec la diversité

Pour rappel, Wells Fargo a été confronté à plusieurs reprises à des plaintes concernant ses politiques de diversité. En 2013, un groupe de conseillers de couleur l’aurait poursuivie pour discrimination raciale. Le litige a finalement été réglé en 2017 quand Wells Fargo a accepté de verser 35,5 millions de dollars (M$) à plus de 300 membres du recours collectif, en plus de promettre d’améliorer ses initiatives en matière de diversité.

En août 2020, l’institution a encore une fois mis la main au portefeuille et a versé 8 M$ pour régler une plainte du ministère du Travail. Selon cette plainte, Wells Fargo avait exercé une discrimination à l’encontre de plus de 30 000 candidats noirs à des postes dans les secteurs de la banque, de la vente et de l’assistance.

Finalement en septembre 2020, Charlie Scharf, le PDG et président de l’entreprise, a présenté ses excuses après qu’un mémo ait été rendu public dans lequel il liait la difficulté à trouver des cadres noirs expérimentés à un vivier de talents limité.

L’entreprise a finalement adopté une politique officielle exigeant qu’un groupe diversifié de candidats soit interviewé pour tous les emplois rémunérés à plus de 100 000 dollars par an.

Interrogé au sujet des entretiens d’embauche prétendument fictifs de Wells Fargo, le consultant Timothy Welsh, président, PDG et fondateur de Nexus Strategy, a assuré ne pas être au courant de ce problème, mais que l’entreprise enquêterait pour s’assurer que ces plaintes sont non fondées.

L’institution souligne toutefois que depuis qu’elle fait des efforts en matière de diversité, elle a enregistré de bons résultats. Ainsi en 2021, son volume global d’embauches externes aux États-Unis a augmenté de 17 % par rapport à 2020. Les embauches externes de personnes issues de populations raciales ou ethniques diverses ont ainsi bondi de 27 % et les embauches externes de femmes aux États-Unis ont augmenté de 23 %.