Desjardins est pessimiste pour 2008 et 2009

27 juin 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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«Après quatre mois consécutifs de recul, l’économie canadienne est sujette à une récession officielle. Elle n’enregistrera qu’une maigre croissance de 1 % cette année, mais reprendra un peu de tonus en 2009, à 1,8 %.»

Voilà ce qu’entrevoient les économistes du Mouvement Desjardins pour l’avenir rapproché du pays. La lutte contre la crise financière et la récession n’est pas terminée qu’un nouvel ennemi se pointe : l’inflation. Craignant que celle-ci s’ancre dans l’économie et devant le risque que les anticipations inflationnistes prennent une tangente durable à la hausse, le mot d’ordre général des banques centrales est de ne pas mettre de l’huile sur le feu en abaissant davantage les taux d’intérêt. «Cela confirme que la stabilité des prix constitue la priorité numéro un des banques centrales», constate Yves St-Maurice, directeur et économiste en chef adjoint du Mouvement Desjardins.

Pour l’instant, celles-ci considèrent que la prévention demeure la meilleure intervention possible. Le statu quo, au cours des prochains mois, «paraît plus probable que des hausses de taux», comme le laissent entendre les médias. La Banque centrale européenne ferait exception avec une seule hausse de 25 points de base en juillet.

De son côté, la Banque du Canada a décidé, le 10 juin dernier, d’emboîter le pas à la tendance en maintenant, à la surprise générale, son taux directeur à 3 %. Les économistes de Desjardins croient que le statu quo de la politique monétaire devrait se poursuivre tout au long de 2008, maintenant les taux hypothécaires tout près de leur niveau actuel.

Pour ce qui est de la récession, les spécialistes de Desjardins constatent que l’Ontario souffre d’une surexposition aux problèmes structurels et conjoncturels des constructeurs automobiles américains. «Il paraît maintenant évident que l’Ontario traverse une phase de récession, quoique légère. On s’attend à ce que la croissance économique n’y atteigne que 0,5 % en 2008, pour reprendre son élan en 2009, à 1,3 %», a indiqué François Dupuis, vice-président et économiste en chef du Mouvement Desjardins.

Au Québec, les baisses d’impôts et de taxes ainsi que les investissements en infrastructures sont arrivés au bon moment pour soutenir la croissance économique. Le PIB y croîtra au même rythme qu’au Canada pour 2008 et légèrement en dessous pour 2009, à 1,7 %. «La forte concentration de l’industrie aéronautique canadienne dans la province constitue un atout. Pour éviter la récession, le consommateur devra tenir le coup, malgré l’impact de la hausse vertigineuse des prix de l’essence», a souligné Yves St-Maurice.

En ce qui a trait au pétrole, Desjardins croit que le prix du baril devrait redescendre sous les 100 $US au début de 2009. «La bulle pourrait éclater sans prévenir, mais le scénario d’un retour graduel vers des prix du brut basés sur la théorie de l’offre et de la demande s’avère plus probable.» Ce repli des prix du pétrole, combiné à un billet vert plus stable, permettra au dollar canadien de ne pas s’emballer, mais plutôt d’osciller dans une fourchette allant de 0,95 $US à 1,05 $US d’ici la fin de l’an prochain.

Le S&P/TSX devrait terminer l’année 2008 avec une croissance aux alentours de 5 %. «Nous devons donc nous attendre à un repli de l’indice d’ici la fin de l’année, conséquence de la baisse anticipée des prix du pétrole et des matières premières. Pour 2009, les gains prévus sont de 6 % et nous risquons alors d’être confrontés à une importante volatilité», a conclu François Dupuis.