Fluctuations à prévoir pour le huard d’ici 2015

Par Dominique Lamy | 3 février 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le plus récent rapport du Service des études économiques de BMO dévoile que le dollar canadien poursuivra sa glissade jusqu’au milieu de l’année, avant de remonter légèrement au-dessus des 90 cents américains en 2015.

La longue période de parité du huard avec le dollar américain a pris fin au cours des dernières semaines. La devise canadienne a baissé de plus de 10 ¢ durant la dernière année et près de la moitié de cette baisse a été observée depuis le début de l’année 2014. Selon les auteurs de l’étude, le dollar canadien pourrait ainsi faiblir jusqu’à 87 cents américains d’ici le mois de juillet 2014.

« L’attitude conciliatrice adoptée par la Banque du Canada, associé à la hausse des rendements aux États-Unis du fait de la baisse des taux préconisée par la Réserve fédérale américaine, favorise une baisse du dollar canadien. Cette situation fait sourire les exportateurs ainsi que certains détaillants au pays, mais augmentera également le coût des voyages à l’étranger et ralentira sérieusement le magasinage transfrontalier », explique Benjamin Reitzes, économiste principal, BMO Marchés des capitaux.

Si aucune baisse de taux ne survient d’ici la deuxième moitié de l’année 2014 en raison de la faiblesse de l’inflation, le dollar canadien pourrait en profiter légèrement. « D’ici la deuxième moitié de l’année, l’inflation devrait repartir à la hausse (même si elle demeurera peu élevée), et la croissance devrait reprendre de la vigueur du fait de la faiblesse du huard et d’une certaine reprise économique aux États-Unis. Les attentes envers des baisses de taux devraient se faire moins pressantes, et la question deviendra de savoir si la Banque du Canada augmentera ou non ses taux avant la Réserve fédérale américaine. Nous prévoyons que la Banque du Canada agira la première en ce sens (au troisième trimestre de 2015 comparativement au premier trimestre de 2016 pour la Fed), ce qui viendra appuyer le dollar canadien au fur et à mesure qu’avancera l’année 2015 », dit M. Reitzes.

Le facteur du prix des matières premières

Le prix des matières premières tend à démontrer que le dollar canadien se négocie actuellement tout près de sa juste valeur marchande. Les économistes du Service des études économiques de BMO s’attendent à ce que le prix des matières premières demeure relativement stable, mais soulèvent que plusieurs risques subsistent à la baisse. L’inquiétude reliée à une crise potentielle dans les marchés émergents et le ralentissement de la croissance en Chine sont quelques exemples d’événements qui peuvent nuire aux prix des matières premières et par conséquent, à la vigueur du huard.

Une occasion en or pour les exportateurs

Pour les entreprises canadiennes, l’expansion des ventes vers des marchés extérieurs représente une opportunité intéressante. « La bonne nouvelle, c’est que les entreprises du Canada ont des bilans positifs. Mais elles doivent maintenant saisir les occasions de croissance, et les perspectives sont excellentes pour les sociétés qui exportent vers des marchés émergents », explique de son côté Steve Murphy, premier vice-président, Services bancaires aux entreprises, BMO Banque de Montréal.

Le fait d’exporter peut constituer un puissant rempart contre le risque pour les entreprises. « De la même façon qu’une bonne diversification d’un portefeuille de placement protègera celui-ci contre la volatilité des marchés, une entreprise qui diversifie ses ventes sur le plan géographique profitera du même type de protection. Alors qu’il existe un certain nombre de marchés émergents où les entreprises canadiennes peuvent faire des affaires, les occasions d’intégrer la notion d’exportation à une stratégie d’affaires globale et diversifiée ne cessent de s’accroître », conclut M. Murphy.

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Dominique Lamy