Hausse des taux d’intérêt en vue, dit Desjardins

21 juin 2007 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
4 minutes de lecture

Avec l’arrivée imminente de l’été viennent les prévisions économiques et financières des grandes institutions. Chez Desjardins, c’est son économiste en chef François Dupuis qui s’est livré à cet exercice. Voici ses pronostics.

* Économie canadienne. Le PIB devrait progresser de 2,5 % en 2007 et de 3,0 % en 2008. La production canadienne étant déjà au-dessus du plein potentiel de l’économie, les autorités monétaires canadiennes se montrent de plus en plus préoccupées par les perspectives économiques ainsi que par l’intensification des pressions inflationnistes. « Avec l’inflation tendancielle qui évolue dans la partie supérieure de la fourchette cible, la marge de manoeuvre de la Banque du Canada est évidemment beaucoup plus restreinte qu’il y a quelques mois », dit François Dupuis. Les taux d’intérêt directeurs canadiens devraient augmenter dès cet été, en juillet probablement. Cette première hausse pourrait être suivie d’une seconde en septembre pour faire place ensuite à un statu quo, le temps de bien jauger l’impact de la vive appréciation du dollar canadien des dernières semaines sur la croissance économique.

* Économie québécoise. Après le fléchissement noté au 1er trimestre de 2007, l’économie de la Belle Province devrait prendre un peu de tonus. L’indice précurseur Desjardins annonce d’ailleurs une accélération prochaine de l’activité économique au Québec, qui mettra un terme à la phase de ralentissement amorcée en 2005. « Entre autres, la vigueur du marché du travail, le règlement de l’équité salariale et les baisses d’impôts se refléteront positivement sur les dépenses de consommation des ménages au fil des prochains trimestres », fait remarquer François Dupuis. Mais la reprise ne s’effectuera pasà la vitesse grand V. Desjardins croit que la hausse du PIB réel du Québec se limitera à 1,3 % en 2007, en raison du recul des exportations internationales. En 2008, le tempo plus rapide de l’économie des États-Unis donnera une impulsion aux exportations du Québec, ce qui aidera la progression du PIB réel à atteindre 2,3 % en 2008, « soit un rythme près du potentiel de la province ».

* Dollar canadien. François Dupuis voit difficilement notre huard évoluer au pair avec le dollar américain dans un avenir rapproché. En effet, le « changement de ton » de la Banque du Canada a permis à notre devise de se rapprocher de sa valeur d’équilibre de long terme, mais toute hausse subséquente dépendra de l’évolution des prix des matières premières énergétiques et non énergétiques, observe l’expert. La tendance haussière du huard se poursuivra avec l’augmentation du prix du pétrole, mais la progression plus lente, voire une correction des prix des métaux freinera les gains. Dans ces conditions, la parité sur une base durable ne se réalisera pas avant la deuxième moitié de 2008 ou en 2009. Mais le mal sera fait. « Avec un huard à plus de 0,90 $US, il est évident que les difficultés des secteurs manufacturier et touristique ne vont que s’intensifier. À l’image des dernières années, ce frein à la croissance économique devrait d’ailleurs être plus présent au Québec et en Ontario. »

* Économie mondiale. Inflation modérée et croissance soutenue caractériseront l’économie mondiale. Certes, le rythme de croisière a ralenti quelque peu en zone euro et au Japon, mais l’acquis de croissance concédé à la fin de 2006 leur assure une progression robuste en 2007. En Chine, la progression phénoménale du 1er trimestre suggère que la cadence de l’économie sera, encore une fois, plus forte que prévu, mais le rééquilibrage de la croissance devrait amener un certain ralentissement l’an prochain. Chez nos voisins du sud, l’économie devrait rebondir dès le printemps, mais les ajustements du marché résidentiel en cours font que, sur l’ensemble de 2007, les gains seront modestes. Ainsi, après une progression de 5,0 % en 2006, Desjardins entrevoit une légère diminution de l’économie mondiale à 4,7 % en 2007 ainsi qu’en 2008.