Hausse des taux d’intérêt, menace pour l’économie?

Par Dominique Lamy | 23 septembre 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Dans son plus récent « Point de vue économique », Desjardins souligne que la progression des taux d’intérêt pourrait s’accompagner d’effets négatifs sur différents secteurs de l’économie, mais être bénéfique à d’autres égards. Sommes-nous donc réellement confrontés à une menace économique?

1. Hausse des paiements hypothécaires pour les ménages

L’étude dévoile que le taux d’intérêt moyen payé actuellement sur la dette hypothécaire au Canada est d’environ 3,3 % et que le paiement mensuel moyen pourrait augmenter de 67 $ par mois par tranche de 100 000 d’hypothèque d’ici cinq ans, dans l’éventualité d’une hausse de taux de 1,5 point de pourcentage. Le calcul se base sur une période d’amortissement résiduelle de 20 ans au moment du renouvellement et sur une valeur moyenne des hypothèques au Canada d’environ 200 000 $. La facture annuelle des propriétaires pourrait donc augmenter de plus de 1500 $, sur la base de ce scénario. « Pour l’ensemble des emprunteurs, la facture pourrait s’élever à près de 10 milliards de dollars. Bien que non négligeable, ce montant reste petit lorsqu’on le compare à la taille de l’économie, soit environ 0,5 % du PIB canadien. Échelonné sur cinq ans, le choc ne serait pas suffisant pour faire vaciller l’économie » conclut l’équipe économique de Desjardins.

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2. La baisse possible des prix de l’immobilier

La hausse des taux d’intérêt pourrait affecter la demande résidentielle et soulever des inquiétudes quant à la trajectoire éventuelle des prix du marché immobilier. Alors que les premiers acheteurs de maison apprécieraient un coût d’achat moindre, les propriétaires actuels verraient leur richesse diminuer sur papier. Ces derniers pourraient donc être tentés de réduire leur consommation pour compenser. Les économistes sont cependant d’avis que la confiance des ménages, la progression du revenu disponible et la situation d’emploi soutiendront la demande résidentielle. « Une très légère progression des prix, voire une stabilisation, semble le scénario le plus probable pour les cinq prochaines années », expliquent-ils.

3. Des coûts de financement en hausse pour gouvernements et entreprises

Pour les entreprises et les gouvernements, une hausse des taux d’intérêt entraîne évidemment des coûts d’emprunts supplémentaires qui contribuent à gonfler leurs dépenses respectives. De nouvelles réductions de dépenses ou des hausses de taxes pourraient survenir si les gouvernements peinent à équilibrer leurs budgets, alors que la capacité à investir des entreprises pourrait être compromise en raison d’une hausse des coûts de financement. Par contre, les taux d’intérêt ne sont pas la seule variable de l’équation. « Malgré les faibles taux, la croissance de l’investissement au Canada a généralement déçu au cours des derniers trimestres », nuance le rapport en question.

Une hausse progressive et ses bienfaits

L’étude confirme qu’une hausse trop marquée des taux d’intérêt risquerait d’affecter considérablement la demande mondiale. « Les effets négatifs demeureront limités si les futures hausses de taux sont petites et graduelles ». Une hausse modérée des taux peut même s’avérer bénéfique pour l’économie, en limitant les pièges de l’endettement excessif et en favorisant l’épargne de par l’obtention de meilleurs rendements. De toute façon, les hausses de taux ne pourront pas se faire plus rapidement que le rythme de rémission de l’économie!

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Dominique Lamy