Investir dans la dette des (bons) pays émergents

20 juin 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Viacheslav Dubrovin / 123RF

Petit tour du monde avec Richard Lawrence, premier vice-président, titres à revenu fixe, Brandywine Global (Philadelphie).

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« Les pays émergents souffrent de perceptions négatives après avoir traversé une année 2018 difficile pour certains d’entre eux. Mais nous n’observons pas de détéroriation de leurs fondations économiques. Elles sont même plutôt attrayantes à nos yeux », dit Richard Lawrence.

L’expert se base notamment sur l’indice des directeurs d’achats (PMI) manufacturier, qui se porte mieux dans ces marchés que dans les pays développés. Il note aussi que le déficit a été réduit de moitié dans l’ensemble des pays émergents. Et si certains souffrent de volatilité politique, ils n’en ont certainement plus l’exclusivité si on regarde la situation aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Europe.

« Parmi les marchés que nous apprécions, le plus intéressant reste le Mexique, qu’il faut voir comme un moyen de placement à bêta élevé dans les États-Unis. L’économie américaine se porte encore très bien, et cela va profiter aux actifs mexicains, qui demeurent sous-évalués. Depuis l’élection du nouveau président l’été dernier, on n’a rien entendu de particulièrement négatif à son sujet. Il reste au Mexique à signer la nouvelle version de l’ALENA, mais nous pensons qu’il en profitera, tout comme le Canada », dit Richard Lawrence.

Ailleurs dans le monde, il entrevoit des perspectives favorables en Malaisie, en Pologne, au Brésil, en Indonésie, au Chili, en Afrique du Sud et en Colombie. En revanche, il préfère éviter d’autres régions problématiques.

« Certains marchés sont plus vulnérables au coût élevé du financement en dollars américains, comme l’Argentine et la Turquie, et ils étaient parmi ceux qui ont le plus souffert l’an dernier. Ils ont aussi adopté des politiques monétaires non conventionnelles, et font face à des pressions inflationnistes. Il y a bien sûr le Venezuela, avec son hyper-inflation, et d’autres marchés qui ne présentent aucun intérêt à nos yeux. En règle générale, nous évitons d’investir dans les marchés frontières et nous préférons les marchés émergents de haute qualité », dit Richard Lawrence.

L’expert s’attarde sur le cas de la Turquie, qu’il trouvait attrayante voilà quelques années mais qui l’inquiète désormais.

« Une des choses que nous surveillons dans les pays émergents est l’indépendance des institutions économiques. Si la banque centrale semble vulnérable à des interventions du gouvernement, cela veut dire qu’elle ne pourra pas mettre en œuvre des politiques traditionnelles et influencer la direction des actifs du marché. Et nous avons vu cela en Turquie sous l’administration Erdogan. Marlgré de fortes pressions inflationnistes, la banque centrale n’a pas élevé les taux de façon assez marquée, car cela forcerait un ralentissement économique ou même une récession que le gouvernement veut éviter. Ce type d’interférence dans la politique monétaire nous coupe l’envie d’investir dans un tel marché. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.