Le secteur de la construction occupe une place démesurée au Canada

8 novembre 2007 | Dernière mise à jour le 8 novembre 2007
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L’économiste Adrienne Warren, de la Banque Scotia, estime quela contribution du secteur de la construction à la création derichesse du Canada est démesurée.

Depuis 2003, dit-elle, ce secteur a généré un quart dela croissance de la production intérieure, «soit le double de laplace qu’il occupe dans l’économie nationale». Plus de 250 000emplois ont été créés dans ce secteur durant cettepériode, soit près d’un nouvel emploi sur cinq.

Le boom de la construction qu’on connaît actuellement est le plusimportant depuis l’après-guerre. Corrigées en fonction del’inflation, les dépenses liées aux projets de construction, ycompris la construction résidentielle, les bâtiments non résidentielset les ouvrages de génie civil tels les routes et les barrages, ont augmentéde près de 6 % en taux annuel moyen depuis le milieu des années1990, ce qui représente près du double de la croissance économiquegénérale. En 2007, la valeur totale des investissements dans laconstruction franchira, pour la toute première fois, le cap des 200 milliardsde dollars

Bien qu’elle note une stabilisation du côté du résidentiel,Adrienne Warren souligne que le secteur de la construction en généralcontinuera à jouer un rôle de premier plan dans la croissance.Les activités liées à la rénovation devraient demeurersoutenues étant donné le nombre record de ventes d’habitationsexistantes cette année. Le retour en force, à l’échellenationale, d’investissements dans les immeubles commerciaux, les ressourceset les infrastructures contribuera également au maintien de cette dynamique.«Les investissements dans les structures et les bâtiments non résidentiels,lesquels s’élevaient à 114 milliards de dollars en 2006, sontd’environ 40 % supérieurs aux dépenses liées à laconstruction résidentielle et à la rénovation», calculel’experte.

Malgré ces perspectives favorables, elle exhorte les constructeurs àdevenir plus prudents à l’égard de nouveaux projets commerciaux,vu le nombre élevé de grands chantiers en cours. D’ici 2009-2010,un nombre considérable de nouveaux bureaux arrivera sur le marché,ce qui fera regrimper les taux d’inoccupation, prévient Adrienne Warren.Le récent resserrement des conditions de crédit mondiales dansla foulée des problèmes liés aux prêts à risqueaux États-Unis pourrait également freiner certains projets d’expansion.

On pourrait également assister à un certain ralentissement dansle secteur industriel. En effet, les fabricants en sont à réduirel’ampleur de leurs projets d’expansion en raison de la faiblesse des exportationset de l’achèvement imminent de nombreux projets portant sur les ressourcesnaturelles. Le secteur institutionnel canadien est aussi en perte de vitesse.«Bien que les établissements d’enseignement et de soins de santéfassent l’objet d’investissements accrus, peu de nouveaux édifices del’administration publique sont construits dans le contexte gouvernemental actuelaxé sur l’impartition des services et la réduction des coûts»,constate l’économiste.

En revanche, les travaux de génie devraient se maintenir à unniveau élevé. Tous les ordres de gouvernement cherchent àconsolider leurs infrastructures publiques vieillissantes, dont des routes,des ponts, des voies de transport en commun et des services d’électricité.Les investissements dans le secteur de l’énergie et des mines continuerontà dynamiser le secteur privé, soutenu par les cours élevésdes produits de base et la forte demande mondiale.