Les analystes financiers indépendants ne l’ont pas facile

31 mai 2005 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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(31-05-05)Au lendemain de l’éclatement de la bulle technologique en 2000et à la suite des scandales financiers aux États-Unis, les investisseursont réclamé que les recommandations de titres soient faites pardes analystes indépendants des maisons de courtage.

Y voyant un nouveau Klondike, quelque 350 entreprises spécialiséesen analyse financière, sans liens avec les banques d’affaires oules courtiers en valeurs mobilières, ont éclos aux États-Unis.

Or, cinq ans plus tard, quelque 40 d’entre elles sont sur le point dedéposer leur bilan, relate le Financial Post. Et ce ne serait que ledébut d’une série de faillites.

Pourtant, les firmes de recherche estiment que ce marché atteindra 4milliards de dollars américains en 2008, soit le triple de ce qu’ilétait en 2003. Qu’est-ce qui cloche?

De nombreux analystes indépendants dénoncent l’attitudedes maisons de courtage qui font tout pour éviter de faire affaire aveceux. Le fait qu’ils entrent en concurrence directe avec les départementsde recherche des courtiers ne les aide pas. En effet, pourquoi une maison decourtage achèterait-elle à l’extérieur un servicequ’elle produit déjà à l’interne?

Certes, en vertu de la réglementation, les dix plus importantes maisonsde courtage aux États-Unis sont tenues de fournir à leurs clientsdes analyses indépendantes. Mais, comme le souligne le Financial Post,plusieurs courtiers prennent tout leur temps pour livrer les rapports en questionou en compliquent l’accessibilité.

Par ailleurs, les analystes indépendants doivent franchir un autre obstaclede taille, celui de l’éventuelle élimination des «softdollars».

Quand un gestionnaire de fonds achète et vend des actions, il verseau courtier une commission qui excède le seul coût de la transaction.La différence(les «soft dollars»)sert à payer lesterminaux que le gestionnaire utilise, l’accès à des donnéeset, bien sûr, aux analyses financières qui proviennent souventde firmes indépendantes.

Le hic, c’est qu’un nombre grandissant de gestionnaires de fondsrefusent maintenant de payer des «soft dollars» par souci de transparence.Le Financial Post cite les cas de MFS Investment Management, Janus et MorganStanley. Payer les opérations d’achat et de vente de titres, pasde problème. Mais si c’est pour avoir accès à desanalyses financières, rien n’est moins sûr.

Cité par le quotidien, l’analyste Blair Carey, de la firme AccountabilityResearch du juricomptable Al Rosen, admet que si les «soft dollars»finissent par être éliminés, la recherche indépendantedisparaîtra.

Pour survivre, cette industrie doit faire valoir la nécessitéde ses analyses et convaincre les courtiers que leurs clients peuvent tirerune plus-value de leur recherche.