Les pertes liées à la crise du crédit pourraient influer sur les résultats financiers à Wall Street

31 août 2007 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les fortes pertes provenant de l’exposition aux hypothèques à risque et aux prêts liés aux rachats de parts vont affecter à la baisse les résultats des plus grandes banques d’investissement américaines. Cette performance négative pourrait se traduire par une crise de liquidités, qui ressemblerait à celle de 1998. Cette crise avait alors mis Wall Street à genoux.

Dans une étude rendue publique mercredi, les agences de cotation Moody’s et Standard & Poor’s craignent une baisse dans les deux chiffres des revenus et des profits avant impôts pour les banques, ces dernières ayant en leur possession des actions et des prêts dont les investisseurs ne veulent plus.

Les revenus des banques d’investissement au second trimestre pourraient ainsi dégringoler de 47 % par rapport au 1er semestre, selon Standard & Poor’s. Cette prévision survient alors que les firmes Goldman Sachs, Bear Stearns, Lehman Brothers et Morgan Stanley s’apprêtent à boucler leur 3e trimestre cette semaine. Merrill Lynch, une autre banque d’investissement réputée à Wall Street, fermera pour sa part ses livres du troisième trimestre à la fin septembre, tout comme Citigroup et JPMorgan Chase.

« L’industrie a parcouru beaucoup de chemin depuis 1998 en termes de gestion du risque. Cependant, la crise actuelle ressemble beaucoup à celle de la fin des années 1990. Les marchés peuvent certainement causer des problèmes matériels à court terme aux banques d’investissement », a dit Nick Hill, directeur londonien des institutions financières chez Standard & Poor’s et auteur du rapport effectué par son agence.

Les profits de Wall Street ont bondi ces dernières années. Le prix croissant des actions, les bas taux d’intérêt et l’abondance de capitaux ont alimenté un flux record de transactions. Les banques ont utilisé davantage leurs fonds propres pour transiger en bourse et investir, y compris par le biais de fonds de couverture. Et elles ont transformé en actions un vaste éventail de prêts et d’obligations, allant des plus sécuritaires à l’équivalent financier des déchets toxiques.

Cette période faste s’est terminée cet été lorsque la crise des hypothèques à risque s’est précisée, contaminant d’autres marchés. La demande pour ces nouveaux types d’action s’est tarie, les banques sont restées coincées avec des prêts à risque, souvent utilisés pour financer les rachats de parts de firmes de capital privé, comme dans le cas de Home Depot, par exemple.

Toutes ces conditions rappellent celles de 1998, alors que la Réserve fédérale américaine et plusieurs institutions bancaires avaient dû renflouer le fonds de couverture Long-Term Capital Management à la suite de la crise financière russe. L’indice du courtier en actions Amex, par exemple, était en baisse de 14,3 % à la fin juin, soit trois fois plus bas que l’indice S&P 500. « Certaines sociétés sont pratiquement en mode de survie », ont écrit Peter Nerby and Blaine Frantz, analystes chez Moody’s.

Standard and Poor’s prévoit une baisse de 47 % des revenus pour plus d’une dizaine de banques, soit 16 % de plus que la dégringolade de 1998. La firme envisage aussi des répercussions « négatives mais plausibles » sur les marchés. En plus des firmes nommées ci-haut, les 11 banques touchées comprennent Barclays, le Groupe Credit Suisse, la Deutsche Bank et la UBS AG.

Bien que les firmes de capitaux ne devraient pas souffrir outre mesure, Standard and Poor’s prévoit que leurs revenus pourraient baisser de 50 % par rapport au 1er semestre en matière de souscription de dettes et de 75 % pour ce qui est en opérations de revenus fixes. Les profits avant impôts des banques d’investissement pourraient diminuer de 70 %, et encore davantage pour les banques exposées aux marchés des capitaux, incluant Bear, Deutsche, Goldman et Lehman.