N’attendez pas trop avant de vous intéresser de nouveau à la Bourse, dit Clément Gignac

21 octobre 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les investisseurs ne devraient pas nécessairement attendre que l’économie prenne du mieux ou que les bénéfices aient rebondi pour s’intéresser de nouveau au marché boursier, dit Clément Gignac.

«À en juger par le passé, ceux qui tardent trop à entrer dans le jeu manquent l’essentiel du rebondissement. L’indice S&P 500 rebondit habituellement 4 à 8 mois avant les bénéfices et rapporte en moyenne 27,7% entre le creux boursier et le moment où les bénéfices atteignent le point le plus bas», indique l’économiste en chef et stratège à la Financière Banque Nationale.

Lors de la récession de 1991, le marché a touché son point le plus bas 14mois avant les bénéfices et a rapporté 37,2% aux investisseurs qui ont su résister à la baisse des bénéfices dans l’intervalle, fait-il remarquer.

S’il met l’accent sur les bénéfices des entreprises, c’est que nous sommes en pleine saison de publication des résultats du 3e trimestre de 2008. Or, les marchés boursiers ont été matraqués successivement par l’effondrement de la bulle immobilière américaine, la débâcle des PCAA au Canada, une crise de liquidité mondiale et l’éclatement de la bulle mondiale des produits de base.

Toutefois, un indicateur n’a rien perdu de son optimisme: celui des prévisions de bénéfices établies par le consensus des analystes. À ce chapitre, Clément Gignac estime que ces derniers font montre d’un trop grand optimisme.

«Jusqu’à présent, il y a eu très peu de révisions des estimations pour l’année 2009. Le consensus des analystes prévoit actuellement un bond de 22% l’an prochain, soit la plus forte augmentation en 20 ans. Cela ramènerait les bénéfices à des niveaux records dans les 24 mois, bien plus vite que dans le passé», note le spécialiste.

Au cours des six dernières récessions, il a fallu en moyenne 34mois pour que les bénéfices remontent aux sommets antérieurs. Une seule fois, pendant l’inflation rampante de 1973-1975, ils sont remontés en moins de 24 mois. «Ce qui rend la prévision actuelle encore moins crédible, c’est la probabilité croissante que ce ralentissement-ci dure plus longtemps que la moyenne et qu’il pèse sur les bénéfices au cours de l’année à venir», ajoute-t-il.

Il a particulièrement à l’oeil les bénéfices des entreprises canadiennes. Ceux-ci n’ont commencé à baisser que depuis quelques semaines et les analystes n’ont pas encore sérieusement révisé leurs estimations. Or, les bénéfices canadiens subissent en général des reculs plus importants pendant les récessions aux États-Unis que ceux des sociétés américaines. «Les bénéfices de l’indice S&P/TSX diminuent habituellement de 36% pendant les périodes de récession et il leur faut en moyenne 61mois pour remonter aux niveaux d’avant la récession», calcule Clément Gignac.