Otéra : la Caisse de dépôt fait le ménage

Par La rédaction | 29 mai 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : rudall30 / 123RF

La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a procédé à quelques ajustements au sein de la direction et du conseil d’administration de sa filiale Otéra en congédiant quatre personnes. Bien que les résultats de l’enquête du cabinet d’avocats Osler aient établi que le portefeuille d’Otéra ne faisait l’objet d’aucune fraude ni malversation, la CDPQ veut montrer qu’en matière d’éthique c’est tolérance zéro.  

« Des manquements ont été commis par quelques personnes spécifiques. C’est choquant et inacceptable. Les personnes responsables n’ont plus de lien d’emploi dans aucune des filiales de la Caisse. […] Ces quatre personnes n’ont pas respecté leurs obligations et la culture de notre organisation et notre lien de confiance avec les Québécois », a dit Michael Sabia, le président et chef de la direction de la Caisse lors d’un point de presse.

UN PRÊT QUI NE PASSE PAS

Cette histoire fait suite à des faits troublants dévoilés par le Bureau d’enquête du Journal de Montréal. Le reportage réalisé par le quotidien révélait notamment qu’Alfonso Graceffa, le président et chef de la direction d’Otéra Capital, avait obtenu 11 prêts d’une valeur de plus de 9 millions de dollars de MCAP, une filiale d’Otéra Capital. Ces prêts ont servi à financer des immeubles dont M. Graceffa était propriétaire.

Un de ses partenaires d’affaires, Thomas Marcantonio, aurait ainsi reçu un prêt d’une valeur de 44 M$ de la part de la filiale de la CDPQ pour un projet de résidence pour aînés à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Alfonso Graceffa s’était retiré de ses fonctions peu de temps après la publication de cet article. Depuis lui, trois autres employés de la filiale ont été congédiés sans indemnité de départ, dont Edmondo Marandola, ex-directeur de la recherche économique et l’ancienne vice-présidente, Martine Gaudreault. Cette dernière est la conjointe d’« un prêteur privé » qui aurait des liens avec le crime organisé.

« Certaines personnes chez Otéra avaient des liens directs ou indirects avec le crime organisé et ceci s’effectuait à l’intérieur de transactions personnelles », affirme l’avocat chargé de l’enquête, Stéphane Eljarrat.

LA CDPQ RENOUVELLE SON CA

Les conclusions de l’enquête ont poussé la CDPQ à renouveler la composition de son conseil d’administration (CA) et à rehausser son code d’éthique, révèle un article de Radio-Canada.

Claude Bergeron, qui est chef de la Direction des risques et Relations avec les déposants, devient ainsi le nouveau président du conseil, et Rana Ghorayeb occupera quant à elle le rôle de présidente et cheffe de la direction de l’entreprise.

Les pratiques liées à la gouvernance et à l’éthique d’Otéra seront également revues. Celles-ci devront être conformes à celle de la CDPQ.

« La Caisse, c’est une grande organisation. Et là, clairement, elle avait une filiale dont le code d’éthique et de déontologie n’était pas au niveau de la société, qui, elle, a les meilleures pratiques de l’industrie. Clairement, les pratiques en matière d’éthique, de gouvernance et de gestion des risques chez Otéra doivent être rehaussées au niveau de celles de la Caisse », a déclaré Michael Sabia.

Un comité du CA se chargera de la fonction de gouvernance et d’éthique. La CDPQ créera également un poste de chef de la conformité chez Otéra.

La rédaction