Pas de stagflation aux États-Unis, dit Clément Gignac

15 juillet 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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L’économiste en chef et stratège à la Financière Banque Nationale estime que l’économie américaine échappera probablement au problème de stagflation, contrairement à d’autres régions du monde, en raison des conditions moins rigides du marché du travail.

En effet, Clément Gignac constate que le niveau général des prix augmente en raison de facteurs non fondamentaux, plus volatils, que sont les produits alimentaires et l’énergie. En revanche, la croissance des coûts unitaires de la main-d’œuvre demeure toujours sous contrôle, parce que le marché américain de l’emploi est faible et la croissance de la production, raisonnable.

Or, pour qu’il y ait une véritable stagflation (c’est-à-dire un repli économique accompagné d’une augmentation de l’inflation), il faudrait que les coûts unitaires de la main-d’œuvre augmentent, ce qui n’est pas le cas actuellement.

Voilà pour la partie « inflation » de la stagflation.

En ce qui concerne la stagnation économique, Clément Gignac dépeint une situation plus problématique. À ses yeux, nul doute que les États-Unis sont en récession. En font foi l’effondrement du marché immobilier, la faiblesse du marché du travail et l’instabilité des marchés financiers. Sans parler de la confiance des consommateurs qui a connu des jours meilleurs. « Même les chèques de remise d’impôt envoyés en mai ne sont pas dépensés à la hauteur prévue par l’Administration (moins de 10 % contre 40 % historiquement). Tout cela laisse penser que l’économie américaine n’a pas encore touché le fond, et confirme la présence d’une récession », note l’économiste.

Si les États-Unis réussissent à échapper à la stagflation, tous n’auront pas cette veine. En effet, le spectre de l’inflation hante la zone euro. La semaine dernière, la Banque centrale européenne a relevé son principal taux directeur, l’inflation dans la zone euro ayant grimpé à 4 % comparativement à 2 % il y a un an à peine. «Il faut dire que contrairement aux États-Unis, la BCE fait malheureusement face à des situations d’augmentation de salaires indexés et à un taux de syndicalisation relativement élevé, qui entraîne une menace réelle pour la stabilité des prix », analyse le spécialiste.

Pour lire le commentaire de Clément Gignac sur les possibilités de stagflation aux États-Unis, cliquez ici.