Prudence sur les marchés canadiens, dit Clément Gignac

10 juin 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Économiste en chef et stratège à la Financière Banque Nationale, Clément Gignac a frotté sa boule de cristal pour voir ce que réservent l’économie et les marchés canadiens pour l’été 2008.

Commençons par les Bourses canadiennes. Une certaine prudence s’impose, en raison du poids très important que représentent l’énergie et les matériaux dans les indices. Or, les prix des ressources naturelles «sont en partie dopés par les activités de spéculateurs et de différents acteurs désireux de se prémunir contrer une glissade du billet vert américain», constate Clément Gignac.

Ces derniers pourraient être tentés de limiter leurs activités, car l’agence réglementaire américaine CFTC a l’intention de scruter les opérations de contrats à terme sur le pétrole et la Réserve fédérale, de se préoccuper de la valeur du billet vert. De plus, des pays émergents s’apprêtent à abandonner progressivement leurs subventions sur le carburant. Et à 4 $ le gallon d’essence, les automobilistes américains n’auront d’autres choix que de réduire leur consommation de pétrole.

Résultat: la demande mondiale devrait bientôt croître moins rapidement que l’offre et ramener le prix du pétrole autour des 75 à 80 $US le baril, prévoit Clément Gignac. «Dans ce contexte, les investisseurs devraient rester disciplinés en n’hésitant pas à prendre des profits sur leurs titres de ressources naturelles pour les redéployer vers des secteurs plus défensifs ou d’autres classes d’actifs plus malmenées récemment par le retour d’une certaine forme d’aversion au risque», conseille-t-il.

Pour ce qui est de l’économie, l’expert prédit que les États-Unis n’éviteront pas la récession en 2008. L’implosion de la bulle immobilière et la crise financière se propageront à l’ensemble de l’économie américaine. Toutefois, grâce aux mesures prises par les autorités monétaires, budgétaires et réglementaires, cette récession devrait être de «nature modérée» et ne pas excéder 8 à 10 mois. «Il y a aura donc reprise en 2009, mais lente, en raison de l’accès restreint au crédit et aux taux hypothécaires qui demeurent élevés», dit Clément Gignac.

L’économie canadienne devrait surpasser celle des États-Unis en 2008 et 2009. En effet, la demande intérieure demeure dynamique et les finances publiques saines procurent une marge de manœuvre en cas de besoin. Par contre, les disparités régionales vont persister à cause de la répartition inégale des ressources naturelles.

L’Ontario vivra des moments difficiles au cours des prochains mois, parce que le secteur de l’automobile est en pleine rationalisation. Au Québec, le dynamisme du secteur aéronautique, les investissements massifs en cours dans les infrastructures et les réductions d’impôts implantées devraient permettre à la Belle Province de mieux tirer son épingle du jeu que sa consœur de l’Ontario.

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