Résoudre le casse-tête du revenu fixe

Par Pierre-Luc Trudel | 1 juin 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Avec le niveau actuel des taux d’intérêt, certains gestionnaires de caisses de retraite ne savent plus où donner de la tête pour optimiser leurs portefeuilles de titres à revenu fixe. Les stratégies adoptées par les régimes de retraite de la Ville de Montréal et de Rio Tinto pourraient peut-être leur servir d’inspiration.

À la Ville de Montréal, le portefeuille obligataire sert essentiellement à réduire la volatilité, fournir de la liquidité et générer du revenu courant afin de remplir les engagements financiers du régime, a expliqué Errico Cocchi, chef de la division Financement, placement et gestion du risque lors du Séminaire sur la gestion des caisses de retraite présenté la semaine dernière par l’International Foundation of Employee Benefit Plans.

Les titres à revenu fixe comptent pour 29 % de l’ensemble de l’actif des régimes de retraite de la Ville de Montréal. Au sein de ce portefeuille obligataire, deux stratégies bien distinctes cohabitent.

La stratégie « core » (70 % du portefeuille) est constituée d’obligations fédérales et de sociétés canadiennes, en gestion active, ainsi que d’obligations provinciales et municipales, en gestion passive.

« Les obligations fédérales nous apportent de la liquidité, et les obligations de sociétés, du rendement », indique Errico Cocchi.

La stratégie « satellite » (30 % du portefeuille) vise quant à elle à générer des rendements plus élevés et repose principalement sur des obligations mondiales et des dettes privées canadiennes.

« Avant, personne ne se cassait la tête avec le revenu fixe, mais aujourd’hui, il faut garder l’œil ouvert », estime le gestionnaire, pour qui la diversification du portefeuille obligataire permet de multiplier les sources de rendement.

« À mon avis, il faut avoir une certaine approche tactique et ne pas se concentrer uniquement sur des stratégies à long terme », ajoute-t-il.

DAVANTAGE D’ESPACE POUR LE LONG TERME

À Rio Tinto, le portefeuille obligataire, qui constitue 39% des actifs totaux de la caisse de retraite, a considérablement évolué au cours des trois dernières années. Avant 2013, celui-ci adoptait une stratégie 100% univers composée de 90% d’obligations canadiennes et de 10% de dettes privées canadiennes.

« Afin d’améliorer l’appariement entre le passif et le portefeuille obligataire, nous avons mis en place une composante à long terme pour augmenter la durée de l’actif », explique Jamie Forster, gestionnaire de portefeuille principal, Amérique du Nord à Rio Tinto.

À l’image de la caisse de retraite de la Ville de Montréal, deux stratégies distinctes cohabitent donc au sein des régimes de la société minière.

La composante « univers » (40 % du portefeuille) contient 25 % d’obligations, 25 % de dette privée et un mandat core plus (40 %).

La composante « long » est pour sa part constituée de 50 % d’obligations canadiennes, 16,7 % de dette d’infrastructure et d’un autre mandat core plus (33,3%).

« Les taux très bas nous ont poussés à analyser la structure de notre portefeuille obligataire. Il y a 10 ans, on ne parlait pas de ça, mais aujourd’hui, il y a une multitude de stratégies possibles et d’options disponibles sur le marché pour mieux gérer le revenu fixe, même pour les plus petits régimes », affirme Jamie Forster.

Mais contrairement à la Ville de Montréal, qui n’a jamais eu à financer son régime de retraite sur une base de solvabilité, le portefeuille de revenu fixe de Rio Tinto ne vise pas à générer des rendements.

« C’est avant tout un outil de gestion de risque, on doit rester conscient de notre passif », a précisé le gestionnaire de portefeuille.

Ses conseils pour avoir du succès dans un environnement de bas taux d’intérêt? Faire preuve de prudence, bien comprendre les stratégies déployées, être à l’aise avec les risques encourus et faire attention aux frais.

« En étant stratégique, il y a de très bonnes occasions de trouver de la valeur ajoutée », conclut-il.

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Pierre-Luc Trudel