Services financiers : vers 175 000 mises à pied ?

25 juin 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Selon l’agence Bloomberg, l’industrie américaine des services financiers et bancaires pourrait éliminer quelque 175000 emplois au cours des 12 prochains mois. Depuis juillet 2007, plus de 83000 postes ont déjà été abolis dans ce secteur, et d’autres vagues de mises à pied sont à prévoir.

La grande responsable de cette saignée demeure la crise financière. Jusqu’ici, les consommateurs américains incapables de payer leur hypothèque ont causé pour 400 milliards de dollars de pertes et de radiation d’actifs du côté des institutions financières américaines.

La banque Citigroup, la plus importante aux États-Unis, a annoncé à elle seule le licenciement de plus de 13000 employés, soit environ 4 % de son effectif total. D’autres suppressions d’emplois figurent à l’ordre du jour, puisque Citigroup a indiqué qu’elle réduirait de 10 % le personnel de ses divisions de négociation et d’investissement corporatif.

Après avoir été acheté par JP Morgan Chase, le courtier Bear Stearns a procédé à plus de 9000 mises à pied, soit les deux tiers de son effectif. Lehman Brothers a jeté à la porte 6300 personnes et le groupe suisse UBS AG a fait de même récemment avec 7000 employés.

En mai, l’Independant Budget Office, de Manhattan, a précisé que quelque 33000 emplois financiers seront perdus dans la Grosse Pomme. Dans la foulée de l’éclatement de la bulle technologique et des attentats terroristes du 11 septembre 2001, rappelle-t-il, l’industrie avait fermé 52500 postes à New York.

De 2000 à 2003, environ 17 % des emplois liés aux services bancaires et des valeurs mobilières ont été effacés à New York. Or, la situation actuelle serait plus grave. Gary Goldstein, président de la firme de recrutement Whitney Group, croit que ce pourcentage pourrait atteindre 40 %, tellement les conditions sont mauvaises ces jours-ci.

Le drame est double, dit-il. Non seulement pour les personnes qui se retrouvent à la rue, mais également pour les banques elles-mêmes. En effet, quand les affaires reprendront du tonus, les institutions financières seront à court de personnel qualifié pour répondre à la demande. «Wall Street a tendance à surembaucher lorsque les marchés sont en hausse, et à surlicencier lorsqu’ils sont à la baisse. C’est encore pareil cette fois», dit Gary Goldstein.

Les entreprises à la recherche de conseils en financement et d’expertise en fusions et acquisitionspourraient déserter Wall Street afin d’obtenir du service dans d’autres capitales financières. Mais la situation n’est guère plus reluisante sur les autres continents. ÀLondres, par exemple, les experts prévoient que le secteur de la finance sacrifiera 19225 emplois d’ici la fin de 2009.

«Ils ne font que couper des têtes. C’est beaucoup trop. Un jour, les banques vont se réveiller et elles s’apercevront qu’elles sont allées trop loin», conclut Gary Goldstein.