Thérapie de choc en Angleterre

7 novembre 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Dans un geste audacieux, la Banque d’Angleterre a abaissé de 150points de base son principal taux directeur qui s’établit aujourd’hui à 3%. Cette diminution historique, la plus importante depuis la récession du début des années1980, a pour but de requinquer le secteur financier britannique frappé par la crise.

Presque en même temps, la Banque centrale européenne a annoncé une réduction de 50points de base de sont taux directeur qui passe à 3,25%. La Banque nationale de Suisse a suivi avec une baisse de 50points de base.

En entrevue à Conseiller.ca, Markus Koebler, vice-président, actions internationales, à Banque Nationale Groupe Financier, a applaudi au leadership dont ont fait preuve les dirigeants de la Banque d’Angleterre. «Ils ont reconnu que le secteur financier était dans un triste état, le pire depuis plus de 100 ans. Couper les taux de 150points de base était la bonne décision à prendre.»

Du même souffle, il a souligné que cette «thérapie de choc» constituait plus un cadeau pour les banques qu’un geste favorable aux consommateurs britanniques. Comme les Américains, ceux-ci ont vécu à crédit au cours des dernières années. «Or, comme le crédit est en crise là-bas, il a bien fallu faire quelque chose. Cette baisse des taux devrait agir comme un lubrifiant pour la machine financière», dit Markus Koebler.

Il doute que les consommateurs en profiteront. S’ils sont chanceux, note-t-il, ils bénéficieront de la moitié de la baisse annoncée. Quant à l’économie britannique, elle devra patienter un certain temps avant que d’en voir les effets positifs. Entre-temps, elle devra composer avec ses secteurs immobilier et manufacturier en déroute et un nombre croissant de chômeurs.

«Une baisse des taux directeurs n’a jamais d’impact direct sur l’économie. Ce qui est direct dans le cas présent, c’est l’impact sur la psychologie, même si les résultats ne sont pas garantis. Au moins, le message est lancé: les autorités monétaires britanniques font ce qu’ils peuvent pour sortir de leur situation», dit Markus Koebler.

Même si l’écart entre les taux anglais et les taux nord-américains demeure important, Markus Koebler n’anticipe pas d’autres baisses dans l’immédiat au pays de l’Échiquier. «De son côté, la Banque centrale européenne devrait réduire son taux directeur d’un autre 50points de base. Cela reste à voir», a-t-il conclu.

En Angleterre et dans la zone euro, les investisseurs ont fait peu de cas de la baisse des taux. Tous les indices boursiers ont reculé jeudi. À Londres, le FTSE100 a reculé de 5,7%. À Paris, le CAC40 a plongé de plus de 6%. À Francfort, le DAX a cédé près de 7%.