Une commission d’enquête pour faire la lumière sur Norbourg

Par Yves Bonneau | 9 novembre 2005 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
3 minutes de lecture

(09-11-2005) Le représentant de gestion de Patrimoine Tandem, FrancisRosso, qui est victime des fourberies de Norbourg comme des centaines d’autresconseillers a décidé de se jeter activement dans la mêléepour revendiquer auprès des instances politiques le droit, et surtoutcelui de ses clients, de savoir ce qui s’est réellement passédans ce dossier. Histoire aussi d’aider tous les investisseurs des fondsde Norbourg à récupérer le plus de billes possibles.

Il a donc exorté ses clients et les conseillers àse regrouper. Il compte sur les conseillers et les épargnants, qui sont victimesde Norbourg, pour faire pression auprès du gouvernement, du ministèredes Finances et de l’AMF. M. Rosso exige rien de moins qu’une commissiond’enquête.

«Je crois sincèrement que nous avons le poids nécessaireet qu’il est grand temps de s’en servir. Le seul moyen de fairebouger les choses en faveur de nos clients, c’est la voie politique. Jeme suis engagé dans cette voie parce que toutes les autres avenues sontcarrément désolantes. J’espère que notre mouvementbrisera l’apparente apathie des victimes qui sert trop bien tous ceux,haut placés dans cette affaire, qui décident du sort de milliersd’épargnants», a-t-il plaidé.

Devant une quarantaine d’épargnants et quelques conseillers convoquésà l’Auberge Bromont la semaine dernière, M. Rosso a exposésa lecture des faits sur l’affaire Norbourg depuis le fatidique 25 aoûtdernier. Lors d’une présentation de plus de deux heures, au coursde laquelle il rappelle les faits, appuyés par tout ce que la pressea écrit de substantiel sur le sujet, M. Rosso réussit àfaire des liens qui finissent par intriguer.

Par exemple, pourquoi le liquidateur demande-t-il à la firme comptablede Norbourg, KPMG, les relevés bancaires originaux de Norbourg? La Presserévélait le 21 octobre dernier que, Pierre Laporte de chez Ernst& Young a dû arguer devant le Bureau de décision et de révisionen valeurs mobilières (BDRVM) qu’il avait du mal à obtenir certainsdocuments sur les fonds et que cela l’empêchait d’obtenir un portraitclair de la situation. M. Laporte cherchait alors à mettre la main surles relevés bancaires de Norbourg afin d’en apprendre davantage sur lestransferts entre les fonds ainsi que sur les retraits effectués danscertaines de ces entités.M. Rosso relance alors la question à un de ses clients dans l’assistancequi est comptable: «Comment se fait-il que KPMG détiennent lesrelevés bancaires originaux de Norbourg, ne devraient-ils pas avoir quedes copies pour faire les conciliations d’usage?»Réponse laconique du comptable : «En effet, ils n’ont besoinque des copies…» Conclusion de M. Rosso sur la question : «KPMG,vérificateurs de leur état, ont-ils quelque chose à cacher?»

De même, il y a la filière Dianor où Lacroix a investienviron 10 millions de dollars entre janvier et juin derniers. Selon la thèseavancée par M. Rosso, en devenant actionnaire de Dianor à hauteurde 21,5 %, Vincent Lacroix aurait profité de tuyaux d’un conseillerde Norbourg à Val-d’Or et espérait ainsi que le titre décuplerait,lui permettant de renflouer tous les épargnants escroqués. Lecas classique du fraudeur qui ne s’est jamais fait prendre! Dianor a effectivementannoncé le 22 septembre dernier la découverte de diamants dansun carotte de forage mais les études d’échantillonnage de Dianor(apparemment trop optimistes) ont été signées par un technicienqui ne portait pas le titre de géologue et le titre n’a pas connule succès escompté.

M. Rosso croit que ces exemples, et une foule d’élémentsqui sont inconnus des médias et du public doivent être dévoilésde manière à faire la lumière sur ce scandale qui minel’industrie des services financiers, souligne-t-il.

Francis Rosso a 38 clients avec les fonds Évolution, pour environ 4millions de dollars sous gestion.

Yves Bonneau