« La politique monétaire est trop restrictive »

Par La rédaction | 2 mai 2024 | Dernière mise à jour le 1 mai 2024
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Un dessin d'un panneau attention avec des bras et des jambes tenant un haut-parleur dans une main.
zhuweiyi49 / iStock

Si l’on se fie à la décélération des indicateurs sous-jacents de l’inflation, la politique monétaire est trop restrictive, affirme David Rosenberg, fondateur et président du cabinet de recherche indépendant Rosenberg Research & Associates dans un article du Financial Post. Selon lui, la Banque du Canada (BdC) a donc tout intérêt à agir rapidement pour éviter une récession.

Si la Réserve fédérale peut encore attendre un peu avant d’adopter une politique monétaire plus accommodante, il n’en est pas de même pour la BdC, car l’économie canadienne est « beaucoup plus faible » et la politique budgétaire est « beaucoup moins stimulante » qu’aux États-Unis, souligne l’expert.

La BdC a déjà admis dans un communiqué de presse récent que l’économie canadienne avait basculé dans une « offre excédentaire ». Pourtant elle continue de se comporter comme si l’économie fonctionnait dans un environnement de « demande excédentaire », constate David Rosenberg, ce qui selon lui ne fait pas de sens.

DÉCÉLÉRATION DES INDICATEURS SOUS-JACENTS DE L’INFLATION

Si l’on se fie aux indicateurs sous-jacents de l’inflation, on peut constater une baisse visible.

En effet, l’indice des prix à la consommation (IPC) au Canada s’est établi à 0,25 % d’un mois sur l’autre. La tendance sur trois mois n’est plus que de 1 % en rythme annuel et de 1,65 % sur six mois. On constate une baisse de taux de 2,9 % d’une année sur l’autre.

L’IPC de base (hors alimentation et énergie) était au-dessous de 0,3 % pour le quatrième mois consécutif. La tendance en glissement annuel est de 2,9 %, l’inflation globale se situe donc dans la fourchette cible de la Banque du Canada, qui est de 1 % à 3 %.

Le taux d’inflation médian de l’IPC s’est ralenti à 2,8 % en mars, contre 3 % en février et 3,2 % en janvier, soit bien loin des 4,7 % de l’an passé. La « moyenne ajustée », qui exclut les mouvements les plus extrêmes parmi les différentes composantes, s’est également modérée, passant de 3,2 % en février, 3,4 % en janvier.

L’indice IPCX, qui exclut les huit segments les plus volatils et les taxes indirectes — indice que la BdC regarde de près — est ressorti à moins de 0,2 % en séquentiel après trois lectures mensuelles à peu près stables. La tendance annuelle a été plus que divisée par deux au cours de l’année écoulée, passant de 4,3 % à 2,1 %.

En excluant finalement les coûts hypothécaires, l’inflation au Canada est également conforme à l’objectif de 2 %.

David Rosenberg se demande donc pourquoi le taux directeur reste à 5 %.

LE TAUX DE CHÔMAGE REMONTE

Le marché de l’emploi a de plus ralenti, un autre facteur que la BdC disait vouloir attendre avant de procéder à une baisse de son taux directeur.

Si l’on se fie au taux de chômage global, celui-ci a augmenté d’un point de pourcentage au cours des 12 derniers mois. Il a dépassé les 6 %, une première depuis 2 ans.

En effet, le nombre de personnes qui sont entrées sur le marché du travail a presque doublé par rapport au nombre de personnes ayant trouvé un emploi, rapporte l’expert.

Tout comme le marché de l’emploi, le marché des produits est lui aussi confronté à un ralentissement. Le taux d’utilisation des capacités à l’échelle de l’industrie est à son niveau le plus bas depuis la fin de l’année 2020, moment où presque personne ne se plaignait de l’inflation.

David Rosenberg estime donc que nous ne sommes plus confrontés à un problème d’inflation et que le moment est venu d’agir.

« La politique monétaire est tout simplement trop restrictive, quelle que soit la manière dont on la découpe », commente-t-il. Selon lui, le moment est donc venu d’agir pour éviter une récession.

« À condition qu’il ne soit pas trop tard », ajoute-t-il.

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La rédaction