Renforcer la concurrence bancaire sans compromettre la sécurité

Par James Langton | 29 mai 2024 | Dernière mise à jour le 28 mai 2024
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Photo : ammentorp / 123RF

L’avènement du système bancaire ouvert (open banking), l’utilisation croissante des fintechs et la modernisation du système de paiement pourraient accroître la concurrence dans l’industrie bancaire canadienne, fortement concentrée — et cela ne se fera pas nécessairement au détriment de la stabilité financière, assure Morningstar DBRS dans un rapport récent.

Selon celui-ci, le degré élevé de concentration dans le système bancaire canadien — les six grandes banques représentent actuellement environ 95 % des actifs bancaires totaux — contribue à la stabilité du système financier.

Cela sous-tend la volonté « du gouvernement fédéral canadien de fournir un soutien extraordinaire […] en raison de l’importance systémique de ces banques pour l’économie canadienne », indique le rapport.

La concentration du secteur facilite toutefois la supervision par un seul organisme de réglementation bancaire fédéral, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), note-t-il.

En même temps, la concentration bancaire « crée également dans une certaine mesure des barrières à l’entrée et entrave la concurrence, ce qui peut entraîner une certaine lenteur dans le rythme d’innovation », souligne le rapport.

Bien qu’un manque de concurrence contribue à la stabilité en ne poussant pas les banques à prendre des risques excessifs pour générer des profits, cela se traduit également par des frais plus élevés et un choix moins large pour les consommateurs, déplore Morningstar DBRS.

« Par exemple, il semble que les clients canadiens ont tendance à payer des frais de compte bancaire légèrement plus élevés, ainsi que des taux d’intérêt plus élevés sur les prêts, tout en recevant des intérêts plus faibles sur leurs dépôts. En conséquence, les six grandes banques bénéficient de coûts de financement plus bas, de prêts plus rentables et de revenus de frais renforcés, ce qui soutient leur rentabilité plus forte par rapport à la plupart de leurs pairs dans le monde. »

Le rapport soutient que la concurrence pourrait être renforcée grâce à des initiatives telles que le système bancaire ouvert, la pénétration accrue des fintechs dans le marché et la modernisation du système de paiement, sans que cela affaiblisse la réglementation et la stabilité.

Par exemple, le système bancaire ouvert — qui permet aux consommateurs de partager leurs données bancaires avec d’autres entreprises — pourrait favoriser l’innovation et faciliter le transfert de consommateurs vers d’autres institutions financières, estime le rapport.

De même, le développement des fintechs pourrait permettre la création d’une gamme plus large de produits et services plus adaptés, suggère-t-il.

« La modernisation du système de paiement, qui soutient des paiements en temps réel et plus riches en données, est l’une des autres initiatives qui pourraient contribuer à promouvoir la concurrence en créant plus d’options pour les transferts d’argent instantanés et en rendant cette infrastructure financière librement accessible aux plus petites entreprises de services financiers et aux fintechs », indique le rapport.

Ces développements s’accompagneraient probablement de risques accrus, y compris en matière de confidentialité des données, de cybersécurité et de fraude, reconnaît-il cependant.

« À notre avis, des normes d’encadrement complets de gestion des risques et techniques, soutenus par une supervision réglementaire et prudentielle, seront essentiels pour atténuer de tels risques », recommande-t-il.

En particulier, un certain nombre de fintechs demandent des licences bancaires, ce qui les soumettrait à une « surveillance rigoureuse avec des exigences réglementaires et de conformité accrues », conclut-il.

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James Langton

James Langton est journaliste pour Advisor.ca et Investment Executive. Depuis 1994, il fait des reportages sur la réglementation, le droit des valeurs mobilières, l’actualité de l’industrie et plus encore.